Ce que nous sommes  Zep  BD  (qui sommes-nous aujourd’hui avec cette hyper technologie

 » Ce que nous sommes est une bande dessinée d’anticipation réussie qui propose un univers intéressant et des réflexions assez poussées sur l’acquis et l’appris, »

Grâce au projet DataBrain, les humains disposent à la naissance d’un second cerveau numérique où sont directement uploadées des connaissances et des expériences virtuelles plus vraies que nature. Avec de simples programmes à télécharger, apprendre de nouvelles langues ou même assimiler la totalité du savoir de l’humanité n’a jamais été aussi simple et rapide. Du moins si, comme Constant, on en a les moyens. Mais un jour, à la suite d’un piratage informatique, il s’évanouit et se réveille en forêt, loin de la ville protégée, en ayant perdu tout son savoir et ses souvenirs. Démuni, il est recueilli par Hazel, jeune femme vivant en marge de la société, qui va l’aider à se reconstruire et à retrouver son passé. Constant va donc partir sur les traces de son identité réelle et découvrir au passage les facultés extraordinaires de son cerveau… humain.

Quand il s’échappe de Titeuf, Zep voit loin. Il anticipe le monde de demain. Après « The End » et « La puissance des arbres », « Ce que nous sommes » explore le « nous » augmenté. Passionnant.

Quelle est la part de vraie dans ce que vous vivez ? Vos conversations intérieures ? Sur les réseaux sociaux, dans votre rapport à l’autre, à l’humanité ? Ce que nous sommes, rien que le titre est une question philosophique. Alors, imaginez que le monde de demain soit totalement virtuel. Les premières planches sont dessinées dans un dégradé de bleu. Constant nage à 30 mètres de profondeur, sans combinaison, ni bouteilles. Il est là, en maillot, minuscule aux côtés d’une baleine bleue.

La douleur est d’un réalisme incroyable. Je sentais ses dents découper mon estomac

Au milieu de cette mer immense, surgit un requin blanc qui plante ses crocs dans le jeune homme. Le dessin devient rouge. Ca sonne vrai. Et pourtant… Le monde que nous connaissons a changé. L’homme dans la BD de Zep est augmenté. Plus la peine d’être scolarisé. Constant a appris 15 ans d’école en 3 minutes. Il parle 12 langues. La nourriture, les boissons, tout cela a disparu, au profit de gélules. La sexualité ? Virtuelle. Vous pouvez être ce vous voulez quand vous voulez. Le Data Brain center stocke toutes les intelligences. Constant fait partie de la première génération à être née avec un second cerveau numérique. 30 ans qu’il existe. Mais s’il a le pouvoir d’augmenter l’homme, il n’a pas le pouvoir de réduire les inégalités. En résumé, plus on a les moyens, plus on est augmenté.

Je l’ai appelé Treize. C’est le nom d’un héros de bande-dessinée qui a perdu la mémoire. Je lisais ça chez ma grand-mère

Comment vivent ceux qui n’ont pas accès à cette technologie, à l’électricité que Data Brain monopolise ? Ils sont tout simplement restés dans le monde d’avant. L’électricité ? Ils jouent avec le soleil. La nature est leur coffre-fort pour la nourriture, l’hygiène et tout le reste. Constant va découvrir ce monde, malgré lui. Le piratage de Data Brain va lui faire perdre tous ses repères, mémoires, connaissances.

Constant qui ne se rappelle plus de son prénom, va être surnommé Treize (le héros de la BD de Vance et Van Hamme) par la première famille qui le recueille, puis Melville au contact de Ruben aux côtés de laquelle, il va redécouvrir le vrai monde. Ce que nous sommes n’est pas une histoire sortie de l’imaginaire de Zep. Il s’est inspiré d’un projet baptisé Blue Brain, sur la reproduction numérique du cerveau humain, et interrogé l’un des scientifiques engagé sur ces recherches. Il en résulte donc au-delà de l’histoire, une réflexion sur précisément ce que nous sommes, nous humains, sur cette planète.

Bibliographie Filmographie

Né le 15 décembre 1967 à Genève, Philippe Chappuis, plus connu sous son pseudonyme Zep, est un auteur de bande dessinée suisse.

Fils d’un policier et d’une couturière, il sort diplômé de l’école des Arts Décoratifs de la ville de Genève et commence par publier des petits récits pour le magazine Spirou. Il place quelques gags dans « Fluide Glacial », publie quatre albums, Victor n’en rate pas uneLéon Coquillard en 1990, Kradok en 1991 et Amanite Bunker. Ce qui le fait remarquer par les éditions Glénat, avec qui il lancera en 1992 le personnage de Titeuf, nouveau Gavroche.

Le père de Titeuf…

L’immense succès obtenu avec Titeuf (plus de dix millions d’albums vendus) a permis à Zep de tenter des paris plus audacieux, comme Le Guide du zizi sexuel écrit avec sa compagne Hélène Bruller (petite-fille de Jean Bruller), vendu à plus de trois millions d’exemplaires ; le magazine Tchô! (qui porte le nom de l’onomatopée favorite de Titeuf) ; ou en parrainant de jeunes auteurs dans la série de bandes dessinées jeunesse « Tchô! La collec’ ».

Zep est également amateur de musique (rock essentiellement et fan de Bob Dylan), d’où son pseudonyme hommage au groupe Led Zeppelin. Cette passion et la fréquentation des concerts de musique lui ont inspiré L’enfer des concerts, publié en 1999. De plus, il a formé un premier groupe de musique appelé Zep’n’Greg, rappelant parfois le style du Beau Lac de Bâle , et sorti deux disques avec des chansons humoristiques telles que : « Dieu m’a changé en Suisse-Allemand », « Pôv’Type Song », ou « Les couilles à tonton ». Après s’être séparés comme tout bon groupe de rock, Zep et 4 de ses amis ont reformé un nouveau groupe nommé Blük Blük ! Ils chantaient des chansons à messages forts comme « Légalisez le Cenovis », «Où sont les groupies?» « Moi je suce des Sugus », « Le rebelle suisse », etc. L’aventure de Blük Blük s’est arrêtée officiellement le 8 septembre 2007, suite au départ du chanteur du goupe, Ernest Blük. En 2008, il scénarise deux nouvelles séries : Captain Biceps et Les Chronokids, toujours chez Glénat

…Et des récit plus intimistes

A partir de 2009, ses récits se font plus personnels et autobiographique, notamment Happy Sex, aux éditions Delcourt, pour un public adulte, où il raconte toutes les sexualités, dans le quotidien des vrais gens. Citons également, Le portrait dessiné (Glénat) ou Carnet Intime (Gallimard). Il poursuit en parallèle les albums de Titeuf, avec un tome 15 en 2017.

Le trait de Zep alterne entre la ligne claire des albums de Titeuf et des dessins plus relâchés, notamment des aquarelles comme dans ses carnets de voyage où son travail de conception graphique et d’illustration du disque « Chansons pour les pieds » de Jean-Jacques Goldman (2001). Zep est également un admirateur des bandes dessinées de Carl Barks et a profité de présider le festival d’Angoulême 2005 pour y inviter Don Rosa, l’un des successeurs de Barks.

Zep habite la ville de Genève