Mabrouk Sonia (Auteur)-Reconquérir le sacré

Le sacré est-ce ce que les dictatures utilisent pour rallier/ regrouper/rassembler la foule, les citoyens, les fidèles,  qui se soucieraient plus du spirituel que de la raison. P B CISSOKO

Sonia Mabrouk : «Le sacré, c’est ce besoin de se raccrocher à ce qui nous dépasse»

Entre témoignage intime et pamphlet sur nos sociétés désenchantées, le nouveau livre de Sonia Mabrouk invite le lecteur à s’ouvrir pleinement au monde, et à ne plus refuser ce qu’il ne comprend pas.

« Ma conversion au sacré s’est faite en plusieurs étapes. Ce ne fut pas une révélation brutale et soudaine ; plutôt une succession de moments à la fois intimes et universels, un cheminement dans le temps vers des fragments de sacré, une compréhension de quelque chose qui nous précède et qui nous suit, qui en tout cas nous dépasse.

Je dirais aussi que, dans mon cas, j’ai reçu le sacré comme on reçoit la foi. À un moment précis, le sacré a fini par s’imposer dans mon existence. Était-ce le fruit du hasard, ou était-ce un événement déjà inscrit en moi ? Impossible à dire.

Une chose est sûre : la vie s’en est mêlée, et depuis, tout a changé. »

In europe 1 ce 10/03/2023

« Littérature : «Le sacré c’est ce besoin de se raccrocher à ce qui nous dépasse», confie Sonia Mabrouk

EUROPE 1 09h00, le 10 mars 2023

Sonia Mabrouk répond aux questions de Dimitri Pavlenko au sujet de son dernier livre « Reconquérir le sacré »

Habituellement de l’autre côté du bureau, Sonia Mabrouk, présentatrice sur Europe 1, se livre cette fois-ci ce vendredi matin en tant qu’écrivaine pour son nouvel ouvrage, « Reconquérir le sacré ». Une notion difficile à appréhender selon Sonia Mabrouk, mais qui représente « un besoin irrépressible ».

Qu’est-ce que le sacré ? C’est à cette question que Sonia Mabrouk, présentatrice sur Europe 1 mais aussi écrivaine, s’est intéressée dans son nouveau livre, Reconquérir le sacré. Invitée de Dimitri Pavlenko ce vendredi matin, elle s’est confiée sur son approche de cette notion complexe et pourtant imbriquée dans toutes les couches des différentes civilisations humaines. « Le sacré, c’est ce besoin de se raccrocher à ce qui nous dépasse, c’est d’un accès à plus grand que soi. Il est mystique mais pas forcément surnaturel. Ce n’est pas de l’idolâtrie ni une sorte de grand trou noir mais une part irréductible de l’homme. », explique-t-elle.

La possibilité d’un sacré athée ?

Pour l’écrivaine, les sociétés modernes, confondant le sacré à un « résidu du passé », ont complètement tourné le dos à cette forme de spiritualité. « Mais le sacré n’a jamais cessé d’exister », répond-elle. La confusion provient d’un rapprochement inexact entre le sacré au sens général et le sacré religieux, qui lui est exclusif.

Loin des conflits qui opposent les grandes religions monothéistes, Sonia Mabrouk prône un retour du « sacré civil », « et même, oserais-je dire, à un sacré férocement athée, un sacré républicain qui peut nous unir. Mais encore faut-il le considérer et y réfléchir », précise-t-elle.

« Aussi dangereux qu’une arme »

La notion de sacré doit cependant être maniée avec prudence selon l’autrice. « Le mot valeur est devenu un mot-valise qui ne contient plus rien, il est devenu mou. À l’inverse du sacré, qui est dur. Il a un côté charnel, physique voire effrayant. Il peut être source de violence », détaille-t-elle.

Ne pas réfléchir aujourd’hui au sacré est une erreur, conclut Sonia Mabrouk, alors que celui-ci se développe dans d’autres contrées. Là-bas, « on le considère, on l’emploie même, et c’est aussi dangereux qu’une arme ».

Sonia Mabrouk

Née en Tunisie, Sonia Mabrouk est journaliste politique pour CNews et Europe 1. Elle est notamment l’auteure de plusieurs essais, dont Le Monde ne tourne pas rond, ma petite-fille (Flammarion), Douce France, où est (passé) ton bon sens ? (Plon) et d’un roman Dans son cœur sommeille la vengeance (Plon).