L’histoire de la philosophie africaine- t1 et t2-Grégoire Biyogo

«Cet article est une somme précise, qui donne des indications, pour toute personne qui veut s’appuyer sur des oeuvres de références portant sur la philosophie africaine »P B C

 Par Afrikhepri Fondation

« Parce que mal connue dans les universités occidentales et dans celles d’Afrique, la philosophie africaine gagne à être questionnée et examinée minutieusement. C’est ainsi que la nécessité de l’élaboration d’une histoire de la philosophie est devenue impérieuse. Ainsi le Livre I jette-t-il les bases d’une histoire de la philosophie ancienne, tandis que le Livre II s’est donné pour tâche la constitution d’une histoire de la philosophie africaine moderne et contemporaine (1945-1990). Le Livre III étudie les grands courants de pensée ainsi que les principaux ouvrages de cette philosophie. Le Livre IV, qui achève le programme, examinera pour sa part le travail le plus récent et sans doute le plus ambitieux de cette philosophie, qui s’est effectué de 1990 à nos jours. »t 1- t20

L’un des paradoxes ayant longtemps tétanisé la philosophie africaine (écrite en langues française, anglaise, lusophone, germanophone, arabe, ou même dans les langues endogènes depuis au moins la première moitié du 20e siècle), c’est de n’avoir point suffisamment été étudiée dans le monde, pas même au sein du continent africain, où l’on était en droit d’en attendre un travail de réception relativement consistant. D’autant que cette philosophie fait aujourd’hui l’objet de travaux de plus nombreux et importants (thèses, monographies, dictionnaires, évaluation des notions… Colloques, enseignements, Bibliographies). Pour la comptabilité et la statistique de ce travail, le lecteur pourra se reporter à notre Bibliographie classificatoire et sélective des œuvres de la philosophie et de l’égyptologie africaines (Harmattan, 2011). Pourtant, en dépit de l’ampleur de ces travaux, elle est longtemps demeurée dans une posture de confidentialité.

2-L‘autre difficulté, et non la moindre, c’était l’approximation et la faiblesse avec lesquelles on découpait tant bien que mal son objet et les articulations internes qui le ponctuaient, sans en définir fermement les termes, les méthodes, les concepts, et les grandes controverses, ni même s’attacher à déterminer avec rigueur la critériologie qui autoriserait le dénombrement exhaustif des périodes qui en scandent le mouvement.

3-Enfin, le principal obstacle qui laminait cette pensée, c’était de s’écrire sans s’accorder l’exigence préliminaire d’élaborer sa propre histoire, cette philosophie s’était exonérée le plus important : dérouler l’histoire des séquences de sa discipline. Elle a donc fonctionné de la sorte – au moins jusqu’à assez récemment -, sans pouvoir se regarder dans l’étendue de ses productions internes, sans se raconter, ni se penser dans la totalité de ses publications et de ses territoires heuristiques.

4-Sans doute trouvait-on ça et là quelques textes de synthèse de ses publications les plus récentes, mais le déficit flagrant de la définition de ses objets, la non formulation de ses interrogations cardinales, en l’occurrence son assignation à se prononcer sur les origines de la philosophie elle-même, en tant que cette question est la sienne en propre, son échec à définir ses enjeux, à se poser comme le discours unitaire de l’ensemble des activités de la philosophie dans le continent africain, voire dans un horizon idéel autrement plus vaste (puisque cette philosophie n’exclut pas de prendre en charge la pensée philosophique afro-américaine (Jeki Kinyongo, Epiphanies de la philosophie africaine et afro-américaine. Esquisse historique du débat sur leur existence et leur essence (1989)… autant de manques ont privé la philosophie africaine du récit de son histoire, au sens ricœurien où raconter et penser sont une seule et même chose. De fait, ce discours pouvait-il se constituer comme un champ autonome, unitaire et autoréflexif sans revenir sans cesse à sa propre histoire et à l’histoire générale de la philosophie ? La philosophie peut-elle vivre sans élaborer sa propre histoire et sans se référer à l’histoire générale de sa discipline ? Ainsi donc, l’enseignement de cette philosophie, la recherche universitaire et sa réception ont souffert de l’absence et de l’oubli dévastateur d’une écriture de l’histoire de la philosophie, précepte que, au demeurant recommandait Cheikh Anta Diop dans Philosophie, science et religion…

  1. LA NAISSANCE D’UNE HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE… 

1-Lorsque cette philosophie parvient à sa maturité, et devient particulièrement attentive à l’exigence d’une géographie philosophique ferme (géo-philosophie), et à l’impératif d’évaluation de la multiplicité de ses productions internes ou de ses réceptions, lorsqu’en elle a augmenté le souci légitime de décrire avec précision ses objets, sa périodicité, ses avancées et de les quantifier, puis de les qualifier, ainsi que le besoin de prononcer un jugement critique sur ses différentes activités dans le temps même qu’elle se faisaient, alors se sont ouvertes à nous les conditions objectives de l’élaboration d’une histoire de la philosophie, elle-même inséparable de l’histoire des sciences.

2- Certes trouvait-on avant cette œuvre le travail important de Smet, qui a posé les prémisses patientes et courageuses d’une histoire de la philosophie africaine, mais dont l’objet en est resté à l’état d’émiettement, les méthodes imprécises, la périodicité générale discutables, et les définitions internes pour le moins essentialistes. Le péché de ce programme est d’avoir choisi d’écrire une histoire de la philosophie sans au préalable en exposer les définitions et les conditions de possibilité… sans donc la rattacher à la longue chaîne des travaux de la discipline elle-même…

3-Si en Occident le premier texte de la discipline s’énonce rigoureusement avec Vie doctrine et sentence des philosophes illustres, 2 Vol. pour la traduction française, la notice et les notes de Robert Genaille (Flammarion, 1965), où Diogène Laërce inaugure l’histoire de la philosophie, rend compte des philosophes illustres grecs, en présentant leur formation, leur vie, leurs doctrines particulières ainsi que les liens existant entre elles (bien qu’il y ait moins bien réussi), puis en racontant enfin leur fin, signalant parfois leur postérité, cette histoire de la philosophie ne surviendra en Afrique formellement qu’au début du XXIème siècle, en 2005-2006, avec la publication de nos Livres aux éditions L’Harmattan d’une Histoire de la philosophie africaine (Livre. 1. Le Berceau égyptien de la philosophie,Livre 2. Introduction à la philosophie moderne et contemporaine, Livre III : Les courants de pensée et les ouvrages de synthèse, Livre IV. Entre la postmodernité et le néopragmatisme.

4-On trouve aussi le travail du philosophe camerounais Hubert Mono Ndjana, posé comme le second projet d’une Histoire de la philosophie africaine, publiée chez l’Harmattan, en 2009. Encore que le défaut flagrant de ce travail soit d’avoir occulté la première histoire de la philosophie africaine publiée cinq années avant sa parution, de surcroît parue dans la même maison d’édition, et de part en part, avec des références à des textes redevables à cette œuvre pionnière de 2005 ! Si l’on ajoute à cela que ces livres sont enseignés Cameroun, l’on ne peut que s’étonner de la témérité du choix de scotomiser ce travail. En effet, l’auteur de ce second livre d’histoire de la philosophie africaine connaissait nécessairement l’existence de ce travail dont il reprend par ailleurs in extenso le titre, mais n’en a pas moins fait le choix téméraire et suspect de le taire. Était-ce pour s’octroyer le monopole de la création de la discipline ? Le revers d’une telle rature paresseuse et insoutenable est que l’historien de la philosophie camerounais ait reconduit l’ensemble des objections, des réfutations, des paralogismes et des critiques méthodologiques, logiques et politiques graves qui ont été formulées contre toute entreprise d’élaboration hasardeuse et approximative d’une histoire de la philosophie, sans définition préliminaire du genre, sans débattre de la périodisation, de la formation des penseurs, des liens entre les différents courants de pensée, des problèmes relatifs aux histoires philosophiques écrite en Occident ou en Orient. Ce texte en est ainsi venu à endosser les critiques nombreuses incriminées, pour n’avoir pas cité la première histoire de la philosophie africaine stricto sensu, écrite en 4 volumes, n’en a pas moins comptable des objections. L’autre difficulté inéluctable et ruineuse qui en a découlé est d’avoir omis de faire l’examen des problèmes et des questions internes à ce discours, en l’occurrence la justification du choix du corpus, des périodes, des méthodes… A quoi s’ajoute le déficit permanent de la référence aux historiens de la discipline eux-mêmes, l’ignorance complète de la question des origines de la philosophie, la non qualification des connaissances produites par les auteurs, la méconnaissance stupéfiante d’un très grand nombre de travaux universitaires contemporains, qui précisément aient mis en œuvre les premières spéculations philosophiques académiques.

L’intérêt de cet ouvrage est cependant ailleurs, dans son ouverture aux aires culturelles anglo-saxonnes, maghrébines, lorsqu’il n’est pas remonté aux périodes les plus anciennes d’Egypte, en examinant non sans intérêt la période alexandrine, réappropriée comme un moment qui serait propre à la philosophie africaine elle-même, bien qu’aucune justification philosophique ferme ne vienne étayer une telle revendication. L’ouvrage tente aussi une synthèse des grands courants de cette histoire philosophique, sans toujours au demeurant se prononcer sur la valeur des œuvres étudiées, ou simplement évoquées. Ainsi donc, la taxinomie de cette histoire philosophique s’impose.

  1. TAXINOMIE

La taxinomie est l’étude du découpage et de la classification formelle et rationnelle des œuvres au sein d’un champ de recherche donné, ici l’histoire de la philosophie africaine. Il faut concéder que jusqu’ici, les découpages proposés au sujet de ce discours sont demeurés à la fois incomplets et lacunaires, ou simplement inexistants selon les règles de l’art. Or, ce que l’on attend d’une taxinomie, c’est qu’elle élabore les différentes périodes d’un discours de manière convaincante, car c’est le point de départ de toute recherche systématique. Voici donc comment on peut aujourd’hui périodiser cette histoire, autour de cinq grandes périodes qui, elles-mêmes s subdivisent en courants internes.

-LES 3 GRANDES PERIODES DE L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE. 

Dans le découpage actuel de cette aventure philosophique, l’on peut distinguer cinq grandes périodes, avec en leur sein, des découpages variées.

1-LA PHILOSOPHIE ANTIQUE (ET LE BERCEAU EGYPTO-NUBIEN DE LA PHILOSOPHIE ET DES SCIENCES (IIIème millénaire au 12e siècle avant notre ère).

-Ce qui frappe et qui est nouveau dans cette histoire philosophique, c’est l’hypothèse renversante de l’origine de la philosophie en Afrique. Notamment en Nubie (Claude Sumner, lequel a mis en lumière cette bravade de la présence des textes de philosophie dans le berceau éthiopien, Ethiopian philosophy, 2 volumes, 1974-1979). Sans doute n’en a-t-il pas tiré comme nous la déduction de la naissance de la philosophie stricto sensu en Nubie, mais les matériaux qu’il donne permettent cette déduction lourde de conséquences. Certes les égyptologues, les dépositions des auteurs Anciens, les historiens de la philosophie (de Diogène Laërce à au moins Emile Bréhier) avaient-ils déjà attiré l’attention sur l’idée que la philosophie grecque n’était pas une invention spontanée, mais qu’elle procédait de l’Orient. Mais les choses en étaient restées là, jusqu’à ce que l’Ecole allemande ait fait des investigations trouvant en Egypte même les sources lointaines de cette pensée grecque.

-Puis les philosophes africains ont pris le relais, ils ont poussé cette recherche, et établi les origines égyptiennes de la philosophie grecque. Ce fut d’abord le travail exégétique de Cheikh Anta Diop, qui le premier a démontré la dette philosophique et de la science grecque à l’égard de l’Egypte (Antériorité des civilisations nègres (1967) et Civilisation ou barbarie (1981). Deux autres ouvrages sont déterminants sur cette question (Stolen legacy, et le remarquable The african origin of greek philosophy (1993) de Innocent C. Onyewueny…

-Puis ce furent les premières investigations à la faveur de la redécouverte de cette pensée philosophique et scientifique, même si ici, elle fonctionne encore sur le mode faible de l’exhumation, et non de la mise en œuvre critique des acquis, qui plus est, en passant outre les problèmes méthodologiques de la critique des sources, et épistémologiques du lien entre les Ecoles de pensée, ou même celui de l’évaluation des résultats par rapport à la production philosophique étudiée, avec une mise en perspective dans son dialogue avec les autres sources (méthode de croisement des sources). Mais dans tous les cas, avec ce texte étonnant de Théophile Obenga, la philosophie africaine se met soudain à redécouvrir son héritage philosophique et scientifique égyptien millénaire, La Philosophie africaine de la période pharaonique 2780-330 avant notre ère (1990). 

-La philosophie antique développera ensuite la question ancienne de la naissance des mathématiques dans le foyer égypto-égyptien, dont la plus ancienne attestation  nous vient d’Aristote, Métaphysique I, puis de Diop, Antériorité des civilisations nègres (1967), Civilisation ou barbarie (1981), Théophile Obenga, La géométrie égyptienne, Contribution de l’Afrique antique à la mathématique mondiale (1995), Malolo Dissake, Mathématiques pharaoniques égyptiennes et théorie moderne des sciences, 2005)… Ces deux derniers auteurs citent à juste titre l’ouvrage de Sylvia Couchoud, Mathématiques égyptiennes, Recherches sur les connaissances mathématiques de l’Egypte pharaonique (1993). Mais les dépositions le plus formelles sont données par les Papyrus eux-mêmes…

-Ensuite l’exposition patiente des 5 grandes Ecoles philosophiques égyptiennes (Grégoire Biyogo, Origine égyptienne de la philosophie, 2000), et le dénombrement des penseurs grecs, élèves des philosophes égyptiens dans son Histoire de la philosophie africaine, 4 vol. vol. I, Le berceau égyptien de la philosophie, 2006).

-L’exégèse de la pensée philosophique memphite et amarnienne est envisagée par Mubabinge Bilolo, Les cosmo-philosophies théologiques de l’Egypte antique 3 vol.2000-2004).

-Il convient aussi de signaler le texte des Actes du colloque de Yaoundé dirigés par Gabriel Ndinga et Georges Ndoumba, Relecture critique des origines de la philosophie et ses enjeux pour l’Afrique (2004). La référence à M. De Paw et Masson Oursel est indispensable, qui ont contribué à l’évaluation de la pensée philosophique et de la science égyptiennes, en en soulignant la dette grecque Masson Oursel), successivement dans Recherches philosophiques  sur les Egyptiens et les Chinois (1774), et Histoire de la philosophie, Fascicule supplémentaire : la philosophie en Orient, préface de Emile Bréhier, dont il était le disciple (1969).

-Mais aussi l’archéologie philosophique du moment alexandrin (Théophile Obenga, L’Egypte, la Grèce et l’Ecole d’Alexandrie, 2006). Cette période qui vient d’être re-territorialisée par les historiens de la philosophie africaine comme un moment propre à l’histoire de la philosophie africaine, comprend des philosophes comme Philon d’Alexandrie, Florus, Tertullien, Origène, Plotin, Saint Augustin (ces deux derniers Penseurs ont été étudiés par Mubabinge Bilolo, Michel Kouam, Esthétique II ; Beauté et vie spirituelle. Essai philosophique de confrontation : Plotin, St Augustin et l’Afrique).

2-LA PHILOSOPHIE MEDIEVALE DES EMPIRES AFRICAINS (XIII ème siècle jusqu’au XIX ème siècle). 

-Après la philosophie antique, vient la philosophie médiévale, laquelle est demeurée longtemps assez mal connue. Pour autant, elle fait aujourd’hui l’objet de spéculations philosophiques et a donné lieu à des résultats surprenants, qui a émergé dans le contexte des Universités prestigieuses, où l’on a assisté à la relecture d’Aristote, de Maïmounide… et de  de la pensée arabe, avec la découverte de l’algèbre… Mais plus que tout cela, c’est la rencontre de figures de la philosophie médiévale d’Afrique qui la rend importante. Les grands noms de cette période sont ceux de Ibn Khaldun de Tunis (1332-1406), Ahmed Baba de Tombouctou (1556-1627), Zera Yacob de Nubie (1599-1692).

-Puis au soir de cette période, émerge une période intermédiaire, avec le grand philosophe ghanéen Antoine-Guillaume Amo dont l’œuvre novatrice a été révélée dans la philosophie africaine par le philosophe béninois Paulin Hountondji, Sur « la philosophie africaine »Critique de l’ethnophilosophie (1977). D’autres ont depuis entrepris d’en connaître la pensée, dont entre autres Simon Mougnol, Un Noir professeur d’Université en Allemagne au XVIIIème siècle (2010). Puis par les historiens de la philosophie eux-mêmes (Grégoire Biyogo, Histoire de la philosophie africaine, Vol. 3, 2006).

3-LA PHILOSOPHIE MODERNE ET CONTEMPORAINE (1945-1990)

-Après la philosophie antique et la philosophie médiévale, on arrive au moment de la philosophie moderne et contemporaine, la mieux connue, et la plus abondante.
-Le moment du tempelsianisme, avec la publication événementielle en 1945 à Elisabethville de la Philosophie bantoue du Révérend père Tempels, qui le pose comme celui de la naissance des Temps modernes. Cette oeuvre a donné droit à une immense littérature philosophique allant de Kagame, son disciple immédiat (avec ses essais décisifs,La philosophie bantu-rwandaise de l’être (1966), et plus tard, La philosophie bantu comparée (1976) à Maniragba Balibutsa, auteur de Les perspectives de la pensée philosophique bantu-rwandaise après Kagame (1985), jusqu’à Ngoma Bina et à Souleymane Bachir Diagne…). Le néo-tempelsianisme et le néo-kagamisme tentent de renouveler du paradigme de l’ethnophilosophie, avec l’exploration des textes endogènes, en se dégageant des incohérences logiques du texte de Tempels, tout en en tirant les grandes intuitions vitalistes, notamment la théorie de l’interaction universelle des forces.

A- La philosophie critique continentale (1977-2000)

-Tout commence avec la critique méthodologique et logique du discours de l’ethnophilosophie, et la naissance de la critique politique (Eboussi Boulaga et son livre vigoureux, La Crise du Muntu. Authenticité africaine et philosophie(1977), qui intensifie les analyses déjà pertinentes consignées dans « Le Bantu problématique. Une étrange Alliance de mots » (1966).

-Puis Marcien Towa qui en ponctue la critique politique avec ses textes denses, Essai sur la problématique philosophique camerounaise dans l’Afrique actuelle (1971), L’idée d’une philosophie négro-africaine (1979). Cette critique va devenir une déconstruction des dogmes, des paralogismes et de la mystification politique qui en découle.

-D’où la critique alors courageuse de l’Etat-parti et l’appel à l’avènement de l’Etat de droit chez Paulin Hountondji. Sur « la philosophie africaine » (1976), et Combats pour le sens (1997). Féconde, autocritique, ruinant les dernières idoles de l’ethnophilosophie, le courant criticiste va créer un nouveau style philosophique et rendre possible la modernité philosophique en Afrique, laquelle est d’abord récusation systématique des récits de légitimation philosophique de la violence de la rationalité unilatérale et de la servitude subséquente.

B-La naissance de la modernité et de la postmodernité africaine (1981-2011).

-C’est avec la figure inaugurale de Cheikh Anta Diop, que l’Afrique philosophique entre en modernité comme avec Descartes en Occident. Diop rompt avec le logos d’une science qui justifie la domination sur l’Afrique, et plus généralement sur les Autres. Relisant la science de son temps (biologie moléculaire, physique nucléaire, anthropologie physique, il balaie les préjugés, et invite à l’élaboration d’une épistémologie des sciences humaines. C’est dans le texte éponyme, Civilisation ou barbarie (1981) qui énonce avec l’autorité qu’on lui connaît ce précepte méthodologique et heuristique du « Retour à l’Egypte » en tant que site des sciences comme l’Occident a opéré au sujet de sa redécouverte de la Grèce comme terre du savoir.

CLes perspectives du courant herméneutique (Okanda Okolo, Appiah, Wiredu, Ngoma-Binda, Tsenay Serequeberhan, The Hermerneutics of African Philosophy: Horizon and Discourse, (1994)…)

DLe courant logique, méthodologique et épistémologique (Diop, physicien nucléaire et néo-bachelardien, Souleymane Bachir Diagne, spécialiste de l’algèbre de Bool, Malolo Diassake, spécialiste et traducteur de Popper et de Feyerabend, Charles Zacharie Bowao, logicien, spécialiste de Popper, Etienne Bebbe-Njoh, mathématicien et philosophe camerounais, Raphaë Ntambue Tsimbulu, logicien, La logique formelle en Afrique Noire. Problématique, enseignements et essais (1997), Mutunda Muendo, logicien. Grégoire Biyogo, méthodologue, poéticien logicien, spécialiste de Richard Rorty.

E-Le courant de la postmodernité (en l’occurrence avec la pensée de la traversée de Bidima, et la transversalité de Ouattara, la solidarité avec Kouassi, la postmodernité de Nkolo Foe… Ensuite la déconstruction de la méthode et du finalisme selon le prisme asymétrique du revenir et la critique de l’essentialisme dans l’écriture de l’histoire de la philosophie par Grégoire Biyogo).

F-Le courant de la Théorie critique (Bidima, Théorie critique et modernité africaine, de l’Ecole de Francfort à la « docta Spez africana », 1993. Bourahima Ouattara, Adorno et Heidegger. Une controverse philosophique (1999), lire du même auteur, Adorno : philosophie et éthique (1999).

F-Les grands courants de philosophie politique et du droit

G-Le courant des la critique politique (Eboussi Boulaga, Les Conférences Nationales en Afrique Noire. Une question à suivre (1993), Olabiyi B. Yaï, Philosophie africaine et politique en Afrique (1997), Nkolo Foe, Le Sexe de l’Etat (2002)… Mamahadé Savagado, La parole de la Cité. Essai de philosophie politique (2003), Ngoma- Binda, Philosophie et pouvoir politique en Afrique (2004).  

H-La critique du logos tyrannique de la Traite et la dédogmatisation de la Raison (Sala Molins, Le Code Noir ou le calvaire de Canaan (1986), Biyogo,  « Misère des Lumières », Histoire de la philosophie, Livre III.).

I-Le critique du courant de la Négritude (Sartre et la critique de la Négritude, Towa, Adotévi, Pathe diagne, Abanda, la philosophie critique et orphique de la négritude de Biyogo)…

J-La critique d’inspiration marxiste (Georges Padmore, Kwame Nkrumah, A. Cabral, L’Arme de la théorie (1973), Amady Aly Dieng, Majhemout Diop, Thierno Diop, Abdou Touré, G. A Kouassigan, Léon Mbou Yembi, Ch. Dimi,L’Afrique noire aux oubliettes du marxisme (1989).)…

K-La critique machiavélienne de l’Etat (André-Marie Yinda Yinda)

L-Le panafricanisme (E. W. Blyden, Marcus Garvey, WEB H. Campbell,
Du Bois, Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Mamadou Abdoulaye Ndiaye, Alpha Amadou Sy, Africanisme et théorie du projet social, préface d’Amady Aly Dieng, 2000.

M-La Renaissance africaine et l’édification de l’Etat fédéral (Diop, Obenga, Biyogo, Bilolo)…

N-L’Afrocentricité (Molefi Kete Ashante, L’Afrocentricité (2003), Ama Mazama, L’impératif afrocentrique (2003)…

O-Le courant politique de la Renaissance et de la libération de l’Afrique avec Mandela, Stève Biko, Thabo Mbéki…

P-La philosophie de l’économie et controverses autour de la mondialisation.

Ebénézer Njoh Mouelle, La philosophie et les interprétations de la mondialisation en Afrique (2010), Puis Ondoua, La Raison unique du village planétaire », Mythes et réalités de la Mondialisation (2010), Charles Bowao, Yves Kounougos, Les approches philosophiques de la mondialisation : Présentation-évolution (Europe-Afrique Noire), thèse, 2008, Gilbert Nzué Nguema, Modernité hégélienne et mondialisation, thèse, 2003, Eyene Mba, Le réalisme de Hayek au prisme de la philosophie sociale de Hegel.

Les ouvrages de synthèse et les dictionnaires

-Paulin HountondjiSur la « philosophie africaine ». Critique de l’ethnophilosophie (1976, 1980).
Pathé Diagne, L’Europhilosophie face à la pensée du Négro-africain, sur des thèses sur épistémologie du réel, et problématique néopharaonique (1979)
-Amady Aly Dieng, Contribution à l’étude des problèmes philosophiques en Afrique Noire (1981).
-Alassane N’daw, La pensée africaine. Recherches sur les fondements de la pensée africaine (1983)
-Elungu PEA, Tradition africaine et rationalité moderne (1987).
-Jeki Kinyongo, Epiphanies de la philosophie africaine et afro-américaine. Esquisse historique du débat sur leur existence et leur essence (1989).
-J.-G. Bidima, La philosophie négro-africaine (1995)
-Monu M. Uwodi, La philosophie africaine et l’africanité. Critique d’un intellectualisme fermé (2003).
-Stève Gaston Bobongaud, Les enjeux d’une philosophie africaine nouvelle. Propositions pragmatologiques (2009).
-L’élaboration des ouvrages réfléchissant sur les notions et le vocabulaire (Avec le texte décisif de Djibril SambLe Vocabulaire des philosophes africains, 2010.)
– Grégoire Biyogo, Bibliographie classificatoire et sélective des œuvres générales de la philosophie et de l’égyptologie africaines (2011).
-Michel Kouam et Christian MoforPhilosophie et cultures africaines à l’heure de l’interculturalité, préface de Fabien Eboussi Boulaga, 2vol. 2011.

R-Les Exégèses philosophiques sur les philosophes africains

1-Amo (Simon Mougnol, Jacob Emmanuel Mabe)
2-Du Bois (Chales F. Paterson, Du bois et Cabral, Yves Kounougous)
3-Cheikh Anta Diop (Grégoire Biyogo, Théophile Obenga, Léonard Andjembe, Djibril Samb, Pathé Diagne, Ramsès L. Boa Thiémélé, Yves Kounougous, F-X. Fauvelle, H.I. Keita, Mbargane Guissé, Léopold Mfouakouet, Fabien Eboussi Boulaga, Fari Taharka).
4-Senghor (Stanislas Adotevi, Pathé Diagne, Marcien Towa, Souleymane Bachir Diagne, Relire Senghor, l’art africain comme philosophie  (2008), L’élan vital dans la pensée de Léopold Sédar Senghor et de Mohammed Iqbal (2011).
5-Hebga (Robert Ndebi Biya, Emile Kenmogne)
6- Towa (B. J. Fouda, L. Soundjoun-Pokam, Njoh-Mouelle)
7-Eboussi Boulaga (Ambroise Kom, Fabien Eboussi Boulaga, la philosophie du Muntu (2009)
8-Biyogo (Auguste Eyéné, Auguste Makaya, Koumba, Lexique de Grégoire Biyogo (2011)
9-Fouda (Jacques Chatue).
10-Tempels (Fabien Eboussi Boulaga, Johannes Fabien, Balibutsa)

S-Problèmes de méthode

-Misenga NkogoloApport de la méthodologie cartésienne dans le Dicours et dans les Règles, au problème de l’existance d’une philosophie africaine traditionnelle, thèse, (1981).
-Charles BoawoAutour de la méthode (de Descartes à Feyerabend), (1997).
-Mbo BassongLa méthode de la philosophie africaine : de l’expression à la pensée complexe en Afrique Noire(2007).

T-Réception européenne de la philosophie africaine

1-En France
-J. Ladrière, « Perspectives sur la philosophie africaine », 1981.
-H. Maurier, La philosophie de l’Afrique Noire, 1976, 1985.
-V.P. Tort et P. Désalmand, Sciences humaines et philosophie en Afrique Noire. La différence culturelle (1978).
-J.-M. Van Parys, Aspects de la philosophie africaine en Afrique Noire, 1979.
Une approche simple de la philosophie africaine, 1993.

2-En Italie
-Adalberto Da Postioma, Filosofia Africana (1967)
-Barbara Cannelli, Un pensiero Africana. Filosofi africani del Novecento a confronto con l’Occidente (1934-1982), Prix Paola Blanchi (2009).

3-Espagne 
-Fernando Susaeta Montoya, Introduccion a la filosofia africana. Un pensamiento desde el Cogito de la supervivencia, 2010.

 4-Allemagne
 Jacob Emmanuel Mabe, Réception de la philosophie africaine en Allemagne. 

U-Histoire de la Philosophie 

Claude Sumner
-Ethiopian philosophy (2 vol), 1976.
The source of African philosophy: The Ethiopian philosophy of Man (1986).

A.-J. Smet 
Histoire de la philosophie africaine contemporaine, 1980.

Mutuza Kabe
Apports des philosophes zaïrois à la philosophie africaine, 1987.

  1. H. Ngoma Binda
    -La philosophie africaine contemporaine. Analyse historico-critique(1994).

Grégoire Biyogo,
Origine égyptienne de la philosophie, 2000.
-Histoire de la philosophie africaine, 3 volumes, 2005.
Histoire de la philosophie, 4 volumes, 2006.
Bibliographie classificatoire et sélective des œuvres générales de la philosophie et de l’égyptologie africaines (2011).

Hubert Mono Ndjana,
-Histoire de la philosophie africaine, 2009.

-Colloques, ouverture de la philosophie africaine à des rationalités plurielles.

-Paulin Hountondji (sous la dir), La rationalité, une ou plurielle ? Actes du colloque qui s’est tenu à Porto Novo au Bénin entre le 19 et le 21 septembre 2002, sous le thème « La rencontre des rationalités », et qui a vu la participation d’une soixantaine de participants, avec la présence entre autres de la figure prestigieuse de Richard Rorty…

-Grégoire Biyogo, Manifeste pour lire autrement l’œuvre du professeur Cheikh Anta Diop (1923-1986). Le titre du colloque était « Lectures épistémologiques de Cheikh Anta Diop », qui s’est tenu en France, dans les locaux des Editions L’Harmattan, en 2007.

W.Archives, renouvellement de l’archéologie philosophique foucaldienne

V.-Y Mudimbe, The Idea of Africa
V-Y Mudimbe, he Invention of Africa, 

X-Philosophes africains spécialistes des philosophes occidentaux 

1-Le courant d’inspiration cartésienne
-Ernest Menyomo, Descartes et les Africains, 2010
2-Le courant d’inspiration hégélienne
-Marie-Louise Diouf, Individus et système chez Hegel, thèse IIIème Cycle (1979). 
-Pierre Franklin Tavarès, Hegel critique de l’Afrique.Introduction aux études critiques de Hegel sur l’Afrique, thèse d’Etat, 1990.
Rachel Bidja, Hegel et le monde africain, thèse publiée, (2005)
Amady Aly Dieng, Hegel, Marx, Engels et les problème de l’Afrique Noire (1978) et Hegel et l’Afrique Noire. Hegel était-il raciste ? 2006.
-Gilbert Nzué Nguéma, Hegel et l’esclavage, thèse III ème Cycle, 1979.
-Modernité hégélienne et mondialisation, thèse d’Etat, 2003.
Africanités hégéliennes. Alerte à une nouvelle marginalisation de l’Afrique, préface de Jean-François (2006).
-Jean Rodrigue Eyene Mba, Le libéralisme de Ayek au prisme de la philosophie sociale de Hegel (2007).
Benoît Okolo OkandaHegel et l’Afrique, thèses, critiques et dépassement (2010).
M. K.-J. Agossou, Hegel et la philosophie africaine, Une lecture interprétative de la dialectique hégélienne, Préface de Pierre-Jean Labarrière, 2011.

3-Le courant d’inspiration heidegérienne
A. D. Osongo-Lukadi, Martin Heidegger et le mouvement philosophique africain. Recherche des incidences philosophico-politiques à partir d’une analyse thématique et praxéalogique de la « Lettre sur l’humanisme », Master II, 1990. 
Antoine-Dover Osango-LukadiHeidegger et l’Afrique, Réception et paradoxes d’un « dialogue » monologique, 2001.
Bourahima Ouattara, Adorno et Heidegger. Une controverse philosophique (1999).
-Grégoire Biyogo, Relecture heideggérienne de l’échec du tempelsianisme : Tempels revisité, in Histoire de la philosophie africaine, Livre IV (2006).

4-Courant d’inspiration poppérienne et feyerabendienne.
– La théorie quantique et le schisme en physique, traduction et présentation par  Emmanuel Malolo Dissake (1996).
-Feyerabend, épistémologie, anarchie et société libre (2001)
-Emmanuel Malolo Dissake, Grammaire de l’objectivité. Au cœur de l’épistémologie de Karl Popper (2005).
-Charles Zacharie Boawo, L’argumentation logique, dédales et pistes, thèse de logique (1996). 

  1. Le Discours féminin

-Tonella Boni (C. I.)
-Albertine Tshibilondi Ngohi 
-Awa Thiam
A .M. Mpundu, Droits et promotion de la femme (1996)
Pauline Eboh (Nigeria)
-Irma Angue Mendou.

  1. Le courant métaphysique et ontologique : la quête d’un autre philosopher. 

-Alexis Kagame, La philosophie bantu-rwandaise de l’être (1956). 
-Jean Calvin BahokenClairières métaphysiques (1967). 
-Basile Judéat Fouléat, La philosophie négro-africaine de l’existencethèse IIIème Cycle, 1967.
– Pene Elungu, Elungu, Du culte de la vie à la vie de la Raison. De la crise de conscience africaine (thèse d’Etat, 1979).
-Alassane N’daw, La pensée africaine. Recherche sur les fondements de la pensée négro-africaine, préface de Léopold Sédar Senghor (1983).
-Bonaventure Mvé-Ondo, Quête du sujet, univers de signification et transcendance (thèse d’Etat), 1989.
-Auguy Makey, L’Homme le sublime zéro (1998, 2008)
Ernest MenyomoLes bases métaphysiques de la pensée négro-africaine (2010).

Z’-Le courant de la philosophie égyptienne (par ordre d’ancienneté des publications)

1-Cheikh Anta Diop, égyptologue, épistémologue, historien ancien, et physicien sénégalais.
Antériorité des civilisations nègres (1967)
-Civilisation ou barbarie ? (1981). 
-Philosophie, science et religion (1992, 2007).

2-Théophile Obenga, égyptologue, linguiste, historien ancien.
-La Philosophie africaine de la période pharaonique 2780-330 avant notre ère (1990).
L’Egypte, la Grèce et l’Ecole d’Alexandrie (2006).

3-Mubabinge Bilolo, égyptologue, philologue et philosophe du Congo Démocratique.
Les Cosmo-philosophies théologiques de l’Egypte antique (3 volumes, 1986, 1987, 1988 (Rééd. 2004).
Métaphysique pharaonique III ème Millénaire avant J.-C., Prolégomènes et postulats majeurs, 1995, Rééd. 2005.
Méta-ontologie pharaonique au III ème Millénaire avant J.-C (2005). 
-Philosophie de la création et ses implications écologiques en Egypte au III ème Millénaire avant J.-C. (2005).

4-Oscar Pfouma, égyptologue, linguiste et philosophe camerounais.
-Histoire culturelle de l’Afrique Noire, Avant-propos de Théophile Obenga, Introduction d’Alain Anselin, 1993.
L’Harmonie du monde, Anthropologie des couleurs et des sons en Afrique depuis l’Egypte ancienne (2000).
Les Larmes du soleil, texte des sarcophages traduit de l’ancien égyptien par l’auteur (2005).

5-Grégoire Biyogoégyptologue, philosophe et politologue gabonais.
-Aux sources égyptiennes du savoir (volume I : Généalogie et enjeux de la pensée de Cheikh Anta Diop, volume II : Système et anti-système. Cheikh Anta Diop et la destruction du Logos classique), 1998, 2000.
Encyclopédie du Mvett. Du Haut Nil en Afrique Centrale, 2 volumes (2000, 2002).
Origine égyptienne de la philosophie. Au-delà d’une amnésie millénaire : le Nil comme berceau universel de la philosophie (2002).
-Kémit antidémocrate ? Essai d’élucidation de l’énigme de la souveraineté dans le « monde noir ».
Traité de méthodologie et d’épistémologie de la recherche. Introduction à la modélisation quinaire (2006).
Histoire de la philosophie africaine, 4 Livres : Livre I. Le berceau égyptien de la philosophie (2006).
 Manifeste pour lire autrement l’œuvre du professeur Cheikh Anta Diop (1923-1986). 
-Dictionnaire comparé de l’ancien égyptien et du fang-beti. De la coappartenance de Kémit et de Ekang (sous presse).

6-Molefi Kete Ashante
-From Imhotep to Akhenaten : An Introduction to Egyptian Philosophers (2004)

7-Yopereka Somet, égyptologue et philosophe du Faso.
L’Afrique dans la philosophie, Introduction à la philosophie africaine pharaonique, préface de Théophile Obenga(2005) 
-Cours d’initiation à la langue égyptienne pharaonique (2007).

8-Fari Taharka, égyptologue et philosophe du RDC.
Le Viatique de la sortie.
-L’opuscule révélé.

En somme, l’écriture de l’histoire de la philosophie, en tant que discours savant, rigoureux et classificatoire des courants de pensée, des œuvres et des auteurs, en Afrique est un événement philosophique, certes inachevé mais qui précisément invite à cette entreprise fondamentale.

L’histoire de la philosophie africaine

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Par Afrikhepri Fondation

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L’un des paradoxes ayant longtemps tétanisé la philosophie africaine (écrite en langues française, anglaise, lusophone, germanophone, arabe, ou même dans les langues endogènes depuis au moins la première moitié du 20e siècle), c’est de n’avoir point suffisamment été étudiée dans le monde, pas même au sein du continent africain, où l’on était en droit d’en attendre un travail de réception relativement consistant. D’autant que cette philosophie fait aujourd’hui l’objet de travaux de plus nombreux et importants (thèses, monographies, dictionnaires, évaluation des notions… Colloques, enseignements, Bibliographies). Pour la comptabilité et la statistique de ce travail, le lecteur pourra se reporter à notre Bibliographie classificatoire et sélective des œuvres de la philosophie et de l’égyptologie africaines (Harmattan, 2011). Pourtant, en dépit de l’ampleur de ces travaux, elle est longtemps demeurée dans une posture de confidentialité.

2-L‘autre difficulté, et non la moindre, c’était l’approximation et la faiblesse avec lesquelles on découpait tant bien que mal son objet et les articulations internes qui le ponctuaient, sans en définir fermement les termes, les méthodes, les concepts, et les grandes controverses, ni même s’attacher à déterminer avec rigueur la critériologie qui autoriserait le dénombrement exhaustif des périodes qui en scandent le mouvement.

3-Enfin, le principal obstacle qui laminait cette pensée, c’était de s’écrire sans s’accorder l’exigence préliminaire d’élaborer sa propre histoire, cette philosophie s’était exonérée le plus important : dérouler l’histoire des séquences de sa discipline. Elle a donc fonctionné de la sorte – au moins jusqu’à assez récemment -, sans pouvoir se regarder dans l’étendue de ses productions internes, sans se raconter, ni se penser dans la totalité de ses publications et de ses territoires heuristiques.

4-Sans doute trouvait-on ça et là quelques textes de synthèse de ses publications les plus récentes, mais le déficit flagrant de la définition de ses objets, la non formulation de ses interrogations cardinales, en l’occurrence son assignation à se prononcer sur les origines de la philosophie elle-même, en tant que cette question est la sienne en propre, son échec à définir ses enjeux, à se poser comme le discours unitaire de l’ensemble des activités de la philosophie dans le continent africain, voire dans un horizon idéel autrement plus vaste (puisque cette philosophie n’exclut pas de prendre en charge la pensée philosophique afro-américaine (Jeki Kinyongo, Epiphanies de la philosophie africaine et afro-américaine. Esquisse historique du débat sur leur existence et leur essence (1989)… autant de manques ont privé la philosophie africaine du récit de son histoire, au sens ricœurien où raconter et penser sont une seule et même chose. De fait, ce discours pouvait-il se constituer comme un champ autonome, unitaire et autoréflexif sans revenir sans cesse à sa propre histoire et à l’histoire générale de la philosophie ? La philosophie peut-elle vivre sans élaborer sa propre histoire et sans se référer à l’histoire générale de sa discipline ? Ainsi donc, l’enseignement de cette philosophie, la recherche universitaire et sa réception ont souffert de l’absence et de l’oubli dévastateur d’une écriture de l’histoire de la philosophie, précepte que, au demeurant recommandait Cheikh Anta Diop dans Philosophie, science et religion…

  1. LA NAISSANCE D’UNE HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE… 

1-Lorsque cette philosophie parvient à sa maturité, et devient particulièrement attentive à l’exigence d’une géographie philosophique ferme (géo-philosophie), et à l’impératif d’évaluation de la multiplicité de ses productions internes ou de ses réceptions, lorsqu’en elle a augmenté le souci légitime de décrire avec précision ses objets, sa périodicité, ses avancées et de les quantifier, puis de les qualifier, ainsi que le besoin de prononcer un jugement critique sur ses différentes activités dans le temps même qu’elle se faisaient, alors se sont ouvertes à nous les conditions objectives de l’élaboration d’une histoire de la philosophie, elle-même inséparable de l’histoire des sciences.

2- Certes trouvait-on avant cette œuvre le travail important de Smet, qui a posé les prémisses patientes et courageuses d’une histoire de la philosophie africaine, mais dont l’objet en est resté à l’état d’émiettement, les méthodes imprécises, la périodicité générale discutables, et les définitions internes pour le moins essentialistes. Le péché de ce programme est d’avoir choisi d’écrire une histoire de la philosophie sans au préalable en exposer les définitions et les conditions de possibilité… sans donc la rattacher à la longue chaîne des travaux de la discipline elle-même…

3-Si en Occident le premier texte de la discipline s’énonce rigoureusement avec Vie doctrine et sentence des philosophes illustres, 2 Vol. pour la traduction française, la notice et les notes de Robert Genaille (Flammarion, 1965), où Diogène Laërce inaugure l’histoire de la philosophie, rend compte des philosophes illustres grecs, en présentant leur formation, leur vie, leurs doctrines particulières ainsi que les liens existant entre elles (bien qu’il y ait moins bien réussi), puis en racontant enfin leur fin, signalant parfois leur postérité, cette histoire de la philosophie ne surviendra en Afrique formellement qu’au début du XXIème siècle, en 2005-2006, avec la publication de nos Livres aux éditions L’Harmattan d’une Histoire de la philosophie africaine (Livre. 1. Le Berceau égyptien de la philosophie,Livre 2. Introduction à la philosophie moderne et contemporaine, Livre III : Les courants de pensée et les ouvrages de synthèse, Livre IV. Entre la postmodernité et le néopragmatisme.

4-On trouve aussi le travail du philosophe camerounais Hubert Mono Ndjana, posé comme le second projet d’une Histoire de la philosophie africaine, publiée chez l’Harmattan, en 2009. Encore que le défaut flagrant de ce travail soit d’avoir occulté la première histoire de la philosophie africaine publiée cinq années avant sa parution, de surcroît parue dans la même maison d’édition, et de part en part, avec des références à des textes redevables à cette œuvre pionnière de 2005 ! Si l’on ajoute à cela que ces livres sont enseignés Cameroun, l’on ne peut que s’étonner de la témérité du choix de scotomiser ce travail. En effet, l’auteur de ce second livre d’histoire de la philosophie africaine connaissait nécessairement l’existence de ce travail dont il reprend par ailleurs in extenso le titre, mais n’en a pas moins fait le choix téméraire et suspect de le taire. Était-ce pour s’octroyer le monopole de la création de la discipline ? Le revers d’une telle rature paresseuse et insoutenable est que l’historien de la philosophie camerounais ait reconduit l’ensemble des objections, des réfutations, des paralogismes et des critiques méthodologiques, logiques et politiques graves qui ont été formulées contre toute entreprise d’élaboration hasardeuse et approximative d’une histoire de la philosophie, sans définition préliminaire du genre, sans débattre de la périodisation, de la formation des penseurs, des liens entre les différents courants de pensée, des problèmes relatifs aux histoires philosophiques écrite en Occident ou en Orient. Ce texte en est ainsi venu à endosser les critiques nombreuses incriminées, pour n’avoir pas cité la première histoire de la philosophie africaine stricto sensu, écrite en 4 volumes, n’en a pas moins comptable des objections. L’autre difficulté inéluctable et ruineuse qui en a découlé est d’avoir omis de faire l’examen des problèmes et des questions internes à ce discours, en l’occurrence la justification du choix du corpus, des périodes, des méthodes… A quoi s’ajoute le déficit permanent de la référence aux historiens de la discipline eux-mêmes, l’ignorance complète de la question des origines de la philosophie, la non qualification des connaissances produites par les auteurs, la méconnaissance stupéfiante d’un très grand nombre de travaux universitaires contemporains, qui précisément aient mis en œuvre les premières spéculations philosophiques académiques.

L’intérêt de cet ouvrage est cependant ailleurs, dans son ouverture aux aires culturelles anglo-saxonnes, maghrébines, lorsqu’il n’est pas remonté aux périodes les plus anciennes d’Egypte, en examinant non sans intérêt la période alexandrine, réappropriée comme un moment qui serait propre à la philosophie africaine elle-même, bien qu’aucune justification philosophique ferme ne vienne étayer une telle revendication. L’ouvrage tente aussi une synthèse des grands courants de cette histoire philosophique, sans toujours au demeurant se prononcer sur la valeur des œuvres étudiées, ou simplement évoquées. Ainsi donc, la taxinomie de cette histoire philosophique s’impose.

  1. TAXINOMIE

La taxinomie est l’étude du découpage et de la classification formelle et rationnelle des œuvres au sein d’un champ de recherche donné, ici l’histoire de la philosophie africaine. Il faut concéder que jusqu’ici, les découpages proposés au sujet de ce discours sont demeurés à la fois incomplets et lacunaires, ou simplement inexistants selon les règles de l’art. Or, ce que l’on attend d’une taxinomie, c’est qu’elle élabore les différentes périodes d’un discours de manière convaincante, car c’est le point de départ de toute recherche systématique. Voici donc comment on peut aujourd’hui périodiser cette histoire, autour de cinq grandes périodes qui, elles-mêmes s subdivisent en courants internes.

-LES 3 GRANDES PERIODES DE L’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE. 

Dans le découpage actuel de cette aventure philosophique, l’on peut distinguer cinq grandes périodes, avec en leur sein, des découpages variées.

1-LA PHILOSOPHIE ANTIQUE (ET LE BERCEAU EGYPTO-NUBIEN DE LA PHILOSOPHIE ET DES SCIENCES (IIIème millénaire au 12e siècle avant notre ère).

-Ce qui frappe et qui est nouveau dans cette histoire philosophique, c’est l’hypothèse renversante de l’origine de la philosophie en Afrique. Notamment en Nubie (Claude Sumner, lequel a mis en lumière cette bravade de la présence des textes de philosophie dans le berceau éthiopien, Ethiopian philosophy, 2 volumes, 1974-1979). Sans doute n’en a-t-il pas tiré comme nous la déduction de la naissance de la philosophie stricto sensu en Nubie, mais les matériaux qu’il donne permettent cette déduction lourde de conséquences. Certes les égyptologues, les dépositions des auteurs Anciens, les historiens de la philosophie (de Diogène Laërce à au moins Emile Bréhier) avaient-ils déjà attiré l’attention sur l’idée que la philosophie grecque n’était pas une invention spontanée, mais qu’elle procédait de l’Orient. Mais les choses en étaient restées là, jusqu’à ce que l’Ecole allemande ait fait des investigations trouvant en Egypte même les sources lointaines de cette pensée grecque.

-Puis les philosophes africains ont pris le relais, ils ont poussé cette recherche, et établi les origines égyptiennes de la philosophie grecque. Ce fut d’abord le travail exégétique de Cheikh Anta Diop, qui le premier a démontré la dette philosophique et de la science grecque à l’égard de l’Egypte (Antériorité des civilisations nègres (1967) et Civilisation ou barbarie (1981). Deux autres ouvrages sont déterminants sur cette question (Stolen legacy, et le remarquable The african origin of greek philosophy (1993) de Innocent C. Onyewueny…

-Puis ce furent les premières investigations à la faveur de la redécouverte de cette pensée philosophique et scientifique, même si ici, elle fonctionne encore sur le mode faible de l’exhumation, et non de la mise en œuvre critique des acquis, qui plus est, en passant outre les problèmes méthodologiques de la critique des sources, et épistémologiques du lien entre les Ecoles de pensée, ou même celui de l’évaluation des résultats par rapport à la production philosophique étudiée, avec une mise en perspective dans son dialogue avec les autres sources (méthode de croisement des sources). Mais dans tous les cas, avec ce texte étonnant de Théophile Obenga, la philosophie africaine se met soudain à redécouvrir son héritage philosophique et scientifique égyptien millénaire, La Philosophie africaine de la période pharaonique 2780-330 avant notre ère (1990). 

-La philosophie antique développera ensuite la question ancienne de la naissance des mathématiques dans le foyer égypto-égyptien, dont la plus ancienne attestation  nous vient d’Aristote, Métaphysique I, puis de Diop, Antériorité des civilisations nègres (1967), Civilisation ou barbarie (1981), Théophile Obenga, La géométrie égyptienne, Contribution de l’Afrique antique à la mathématique mondiale (1995), Malolo Dissake, Mathématiques pharaoniques égyptiennes et théorie moderne des sciences, 2005)… Ces deux derniers auteurs citent à juste titre l’ouvrage de Sylvia Couchoud, Mathématiques égyptiennes, Recherches sur les connaissances mathématiques de l’Egypte pharaonique (1993). Mais les dépositions le plus formelles sont données par les Papyrus eux-mêmes…

-Ensuite l’exposition patiente des 5 grandes Ecoles philosophiques égyptiennes (Grégoire Biyogo, Origine égyptienne de la philosophie, 2000), et le dénombrement des penseurs grecs, élèves des philosophes égyptiens dans son Histoire de la philosophie africaine, 4 vol. vol. I, Le berceau égyptien de la philosophie, 2006).

-L’exégèse de la pensée philosophique memphite et amarnienne est envisagée par Mubabinge Bilolo, Les cosmo-philosophies théologiques de l’Egypte antique 3 vol.2000-2004).

-Il convient aussi de signaler le texte des Actes du colloque de Yaoundé dirigés par Gabriel Ndinga et Georges Ndoumba, Relecture critique des origines de la philosophie et ses enjeux pour l’Afrique (2004). La référence à M. De Paw et Masson Oursel est indispensable, qui ont contribué à l’évaluation de la pensée philosophique et de la science égyptiennes, en en soulignant la dette grecque Masson Oursel), successivement dans Recherches philosophiques  sur les Egyptiens et les Chinois (1774), et Histoire de la philosophie, Fascicule supplémentaire : la philosophie en Orient, préface de Emile Bréhier, dont il était le disciple (1969).

-Mais aussi l’archéologie philosophique du moment alexandrin (Théophile Obenga, L’Egypte, la Grèce et l’Ecole d’Alexandrie, 2006). Cette période qui vient d’être re-territorialisée par les historiens de la philosophie africaine comme un moment propre à l’histoire de la philosophie africaine, comprend des philosophes comme Philon d’Alexandrie, Florus, Tertullien, Origène, Plotin, Saint Augustin (ces deux derniers Penseurs ont été étudiés par Mubabinge Bilolo, Michel Kouam, Esthétique II ; Beauté et vie spirituelle. Essai philosophique de confrontation : Plotin, St Augustin et l’Afrique).

2-LA PHILOSOPHIE MEDIEVALE DES EMPIRES AFRICAINS (XIII ème siècle jusqu’au XIX ème siècle). 

-Après la philosophie antique, vient la philosophie médiévale, laquelle est demeurée longtemps assez mal connue. Pour autant, elle fait aujourd’hui l’objet de spéculations philosophiques et a donné lieu à des résultats surprenants, qui a émergé dans le contexte des Universités prestigieuses, où l’on a assisté à la relecture d’Aristote, de Maïmounide… et de  de la pensée arabe, avec la découverte de l’algèbre… Mais plus que tout cela, c’est la rencontre de figures de la philosophie médiévale d’Afrique qui la rend importante. Les grands noms de cette période sont ceux de Ibn Khaldun de Tunis (1332-1406), Ahmed Baba de Tombouctou (1556-1627), Zera Yacob de Nubie (1599-1692).

-Puis au soir de cette période, émerge une période intermédiaire, avec le grand philosophe ghanéen Antoine-Guillaume Amo dont l’œuvre novatrice a été révélée dans la philosophie africaine par le philosophe béninois Paulin Hountondji, Sur « la philosophie africaine »Critique de l’ethnophilosophie (1977). D’autres ont depuis entrepris d’en connaître la pensée, dont entre autres Simon Mougnol, Un Noir professeur d’Université en Allemagne au XVIIIème siècle (2010). Puis par les historiens de la philosophie eux-mêmes (Grégoire Biyogo, Histoire de la philosophie africaine, Vol. 3, 2006).

3-LA PHILOSOPHIE MODERNE ET CONTEMPORAINE (1945-1990)

-Après la philosophie antique et la philosophie médiévale, on arrive au moment de la philosophie moderne et contemporaine, la mieux connue, et la plus abondante.
-Le moment du tempelsianisme, avec la publication événementielle en 1945 à Elisabethville de la Philosophie bantoue du Révérend père Tempels, qui le pose comme celui de la naissance des Temps modernes. Cette oeuvre a donné droit à une immense littérature philosophique allant de Kagame, son disciple immédiat (avec ses essais décisifs,La philosophie bantu-rwandaise de l’être (1966), et plus tard, La philosophie bantu comparée (1976) à Maniragba Balibutsa, auteur de Les perspectives de la pensée philosophique bantu-rwandaise après Kagame (1985), jusqu’à Ngoma Bina et à Souleymane Bachir Diagne…). Le néo-tempelsianisme et le néo-kagamisme tentent de renouveler du paradigme de l’ethnophilosophie, avec l’exploration des textes endogènes, en se dégageant des incohérences logiques du texte de Tempels, tout en en tirant les grandes intuitions vitalistes, notamment la théorie de l’interaction universelle des forces.

A- La philosophie critique continentale (1977-2000)

-Tout commence avec la critique méthodologique et logique du discours de l’ethnophilosophie, et la naissance de la critique politique (Eboussi Boulaga et son livre vigoureux, La Crise du Muntu. Authenticité africaine et philosophie(1977), qui intensifie les analyses déjà pertinentes consignées dans « Le Bantu problématique. Une étrange Alliance de mots » (1966).

-Puis Marcien Towa qui en ponctue la critique politique avec ses textes denses, Essai sur la problématique philosophique camerounaise dans l’Afrique actuelle (1971), L’idée d’une philosophie négro-africaine (1979). Cette critique va devenir une déconstruction des dogmes, des paralogismes et de la mystification politique qui en découle.

-D’où la critique alors courageuse de l’Etat-parti et l’appel à l’avènement de l’Etat de droit chez Paulin Hountondji. Sur « la philosophie africaine » (1976), et Combats pour le sens (1997). Féconde, autocritique, ruinant les dernières idoles de l’ethnophilosophie, le courant criticiste va créer un nouveau style philosophique et rendre possible la modernité philosophique en Afrique, laquelle est d’abord récusation systématique des récits de légitimation philosophique de la violence de la rationalité unilatérale et de la servitude subséquente.

B-La naissance de la modernité et de la postmodernité africaine (1981-2011).

-C’est avec la figure inaugurale de Cheikh Anta Diop, que l’Afrique philosophique entre en modernité comme avec Descartes en Occident. Diop rompt avec le logos d’une science qui justifie la domination sur l’Afrique, et plus généralement sur les Autres. Relisant la science de son temps (biologie moléculaire, physique nucléaire, anthropologie physique, il balaie les préjugés, et invite à l’élaboration d’une épistémologie des sciences humaines. C’est dans le texte éponyme, Civilisation ou barbarie (1981) qui énonce avec l’autorité qu’on lui connaît ce précepte méthodologique et heuristique du « Retour à l’Egypte » en tant que site des sciences comme l’Occident a opéré au sujet de sa redécouverte de la Grèce comme terre du savoir.

CLes perspectives du courant herméneutique (Okanda Okolo, Appiah, Wiredu, Ngoma-Binda, Tsenay Serequeberhan, The Hermerneutics of African Philosophy: Horizon and Discourse, (1994)…)

DLe courant logique, méthodologique et épistémologique (Diop, physicien nucléaire et néo-bachelardien, Souleymane Bachir Diagne, spécialiste de l’algèbre de Bool, Malolo Diassake, spécialiste et traducteur de Popper et de Feyerabend, Charles Zacharie Bowao, logicien, spécialiste de Popper, Etienne Bebbe-Njoh, mathématicien et philosophe camerounais, Raphaë Ntambue Tsimbulu, logicien, La logique formelle en Afrique Noire. Problématique, enseignements et essais (1997), Mutunda Muendo, logicien. Grégoire Biyogo, méthodologue, poéticien logicien, spécialiste de Richard Rorty.

E-Le courant de la postmodernité (en l’occurrence avec la pensée de la traversée de Bidima, et la transversalité de Ouattara, la solidarité avec Kouassi, la postmodernité de Nkolo Foe… Ensuite la déconstruction de la méthode et du finalisme selon le prisme asymétrique du revenir et la critique de l’essentialisme dans l’écriture de l’histoire de la philosophie par Grégoire Biyogo).

F-Le courant de la Théorie critique (Bidima, Théorie critique et modernité africaine, de l’Ecole de Francfort à la « docta Spez africana », 1993. Bourahima Ouattara, Adorno et Heidegger. Une controverse philosophique (1999), lire du même auteur, Adorno : philosophie et éthique (1999).

F-Les grands courants de philosophie politique et du droit

G-Le courant des la critique politique (Eboussi Boulaga, Les Conférences Nationales en Afrique Noire. Une question à suivre (1993), Olabiyi B. Yaï, Philosophie africaine et politique en Afrique (1997), Nkolo Foe, Le Sexe de l’Etat (2002)… Mamahadé Savagado, La parole de la Cité. Essai de philosophie politique (2003), Ngoma- Binda, Philosophie et pouvoir politique en Afrique (2004).  

H-La critique du logos tyrannique de la Traite et la dédogmatisation de la Raison (Sala Molins, Le Code Noir ou le calvaire de Canaan (1986), Biyogo,  « Misère des Lumières », Histoire de la philosophie, Livre III.).

I-Le critique du courant de la Négritude (Sartre et la critique de la Négritude, Towa, Adotévi, Pathe diagne, Abanda, la philosophie critique et orphique de la négritude de Biyogo)…

J-La critique d’inspiration marxiste (Georges Padmore, Kwame Nkrumah, A. Cabral, L’Arme de la théorie (1973), Amady Aly Dieng, Majhemout Diop, Thierno Diop, Abdou Touré, G. A Kouassigan, Léon Mbou Yembi, Ch. Dimi,L’Afrique noire aux oubliettes du marxisme (1989).)…

K-La critique machiavélienne de l’Etat (André-Marie Yinda Yinda)

L-Le panafricanisme (E. W. Blyden, Marcus Garvey, WEB H. Campbell,
Du Bois, Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Mamadou Abdoulaye Ndiaye, Alpha Amadou Sy, Africanisme et théorie du projet social, préface d’Amady Aly Dieng, 2000.

M-La Renaissance africaine et l’édification de l’Etat fédéral (Diop, Obenga, Biyogo, Bilolo)…

N-L’Afrocentricité (Molefi Kete Ashante, L’Afrocentricité (2003), Ama Mazama, L’impératif afrocentrique (2003)…

O-Le courant politique de la Renaissance et de la libération de l’Afrique avec Mandela, Stève Biko, Thabo Mbéki…

P-La philosophie de l’économie et controverses autour de la mondialisation.

Ebénézer Njoh Mouelle, La philosophie et les interprétations de la mondialisation en Afrique (2010), Puis Ondoua, La Raison unique du village planétaire », Mythes et réalités de la Mondialisation (2010), Charles Bowao, Yves Kounougos, Les approches philosophiques de la mondialisation : Présentation-évolution (Europe-Afrique Noire), thèse, 2008, Gilbert Nzué Nguema, Modernité hégélienne et mondialisation, thèse, 2003, Eyene Mba, Le réalisme de Hayek au prisme de la philosophie sociale de Hegel.

Les ouvrages de synthèse et les dictionnaires

-Paulin HountondjiSur la « philosophie africaine ». Critique de l’ethnophilosophie (1976, 1980).
Pathé Diagne, L’Europhilosophie face à la pensée du Négro-africain, sur des thèses sur épistémologie du réel, et problématique néopharaonique (1979)
-Amady Aly Dieng, Contribution à l’étude des problèmes philosophiques en Afrique Noire (1981).
-Alassane N’daw, La pensée africaine. Recherches sur les fondements de la pensée africaine (1983)
-Elungu PEA, Tradition africaine et rationalité moderne (1987).
-Jeki Kinyongo, Epiphanies de la philosophie africaine et afro-américaine. Esquisse historique du débat sur leur existence et leur essence (1989).
-J.-G. Bidima, La philosophie négro-africaine (1995)
-Monu M. Uwodi, La philosophie africaine et l’africanité. Critique d’un intellectualisme fermé (2003).
-Stève Gaston Bobongaud, Les enjeux d’une philosophie africaine nouvelle. Propositions pragmatologiques (2009).
-L’élaboration des ouvrages réfléchissant sur les notions et le vocabulaire (Avec le texte décisif de Djibril SambLe Vocabulaire des philosophes africains, 2010.)
– Grégoire Biyogo, Bibliographie classificatoire et sélective des œuvres générales de la philosophie et de l’égyptologie africaines (2011).
-Michel Kouam et Christian MoforPhilosophie et cultures africaines à l’heure de l’interculturalité, préface de Fabien Eboussi Boulaga, 2vol. 2011.

R-Les Exégèses philosophiques sur les philosophes africains

1-Amo (Simon Mougnol, Jacob Emmanuel Mabe)
2-Du Bois (Chales F. Paterson, Du bois et Cabral, Yves Kounougous)
3-Cheikh Anta Diop (Grégoire Biyogo, Théophile Obenga, Léonard Andjembe, Djibril Samb, Pathé Diagne, Ramsès L. Boa Thiémélé, Yves Kounougous, F-X. Fauvelle, H.I. Keita, Mbargane Guissé, Léopold Mfouakouet, Fabien Eboussi Boulaga, Fari Taharka).
4-Senghor (Stanislas Adotevi, Pathé Diagne, Marcien Towa, Souleymane Bachir Diagne, Relire Senghor, l’art africain comme philosophie  (2008), L’élan vital dans la pensée de Léopold Sédar Senghor et de Mohammed Iqbal (2011).
5-Hebga (Robert Ndebi Biya, Emile Kenmogne)
6- Towa (B. J. Fouda, L. Soundjoun-Pokam, Njoh-Mouelle)
7-Eboussi Boulaga (Ambroise Kom, Fabien Eboussi Boulaga, la philosophie du Muntu (2009)
8-Biyogo (Auguste Eyéné, Auguste Makaya, Koumba, Lexique de Grégoire Biyogo (2011)
9-Fouda (Jacques Chatue).
10-Tempels (Fabien Eboussi Boulaga, Johannes Fabien, Balibutsa)

S-Problèmes de méthode

-Misenga NkogoloApport de la méthodologie cartésienne dans le Dicours et dans les Règles, au problème de l’existance d’une philosophie africaine traditionnelle, thèse, (1981).
-Charles BoawoAutour de la méthode (de Descartes à Feyerabend), (1997).
-Mbo BassongLa méthode de la philosophie africaine : de l’expression à la pensée complexe en Afrique Noire(2007).

T-Réception européenne de la philosophie africaine

1-En France
-J. Ladrière, « Perspectives sur la philosophie africaine », 1981.
-H. Maurier, La philosophie de l’Afrique Noire, 1976, 1985.
-V.P. Tort et P. Désalmand, Sciences humaines et philosophie en Afrique Noire. La différence culturelle (1978).
-J.-M. Van Parys, Aspects de la philosophie africaine en Afrique Noire, 1979.
Une approche simple de la philosophie africaine, 1993.

2-En Italie
-Adalberto Da Postioma, Filosofia Africana (1967)
-Barbara Cannelli, Un pensiero Africana. Filosofi africani del Novecento a confronto con l’Occidente (1934-1982), Prix Paola Blanchi (2009).

3-Espagne 
-Fernando Susaeta Montoya, Introduccion a la filosofia africana. Un pensamiento desde el Cogito de la supervivencia, 2010.

 4-Allemagne
 Jacob Emmanuel Mabe, Réception de la philosophie africaine en Allemagne. 

U-Histoire de la Philosophie 

Claude Sumner
-Ethiopian philosophy (2 vol), 1976.
The source of African philosophy: The Ethiopian philosophy of Man (1986).

A.-J. Smet 
Histoire de la philosophie africaine contemporaine, 1980.

Mutuza Kabe
Apports des philosophes zaïrois à la philosophie africaine, 1987.

  1. H. Ngoma Binda
    -La philosophie africaine contemporaine. Analyse historico-critique(1994).

Grégoire Biyogo,
Origine égyptienne de la philosophie, 2000.
-Histoire de la philosophie africaine, 3 volumes, 2005.
Histoire de la philosophie, 4 volumes, 2006.
Bibliographie classificatoire et sélective des œuvres générales de la philosophie et de l’égyptologie africaines (2011).

Hubert Mono Ndjana,
-Histoire de la philosophie africaine, 2009.

-Colloques, ouverture de la philosophie africaine à des rationalités plurielles.

-Paulin Hountondji (sous la dir), La rationalité, une ou plurielle ? Actes du colloque qui s’est tenu à Porto Novo au Bénin entre le 19 et le 21 septembre 2002, sous le thème « La rencontre des rationalités », et qui a vu la participation d’une soixantaine de participants, avec la présence entre autres de la figure prestigieuse de Richard Rorty…

-Grégoire Biyogo, Manifeste pour lire autrement l’œuvre du professeur Cheikh Anta Diop (1923-1986). Le titre du colloque était « Lectures épistémologiques de Cheikh Anta Diop », qui s’est tenu en France, dans les locaux des Editions L’Harmattan, en 2007.

W.Archives, renouvellement de l’archéologie philosophique foucaldienne

V.-Y Mudimbe, The Idea of Africa
V-Y Mudimbe, he Invention of Africa, 

X-Philosophes africains spécialistes des philosophes occidentaux 

1-Le courant d’inspiration cartésienne
-Ernest Menyomo, Descartes et les Africains, 2010
2-Le courant d’inspiration hégélienne
-Marie-Louise Diouf, Individus et système chez Hegel, thèse IIIème Cycle (1979). 
-Pierre Franklin Tavarès, Hegel critique de l’Afrique.Introduction aux études critiques de Hegel sur l’Afrique, thèse d’Etat, 1990.
Rachel Bidja, Hegel et le monde africain, thèse publiée, (2005)
Amady Aly Dieng, Hegel, Marx, Engels et les problème de l’Afrique Noire (1978) et Hegel et l’Afrique Noire. Hegel était-il raciste ? 2006.
-Gilbert Nzué Nguéma, Hegel et l’esclavage, thèse III ème Cycle, 1979.
-Modernité hégélienne et mondialisation, thèse d’Etat, 2003.
Africanités hégéliennes. Alerte à une nouvelle marginalisation de l’Afrique, préface de Jean-François (2006).
-Jean Rodrigue Eyene Mba, Le libéralisme de Ayek au prisme de la philosophie sociale de Hegel (2007).
Benoît Okolo OkandaHegel et l’Afrique, thèses, critiques et dépassement (2010).
M. K.-J. Agossou, Hegel et la philosophie africaine, Une lecture interprétative de la dialectique hégélienne, Préface de Pierre-Jean Labarrière, 2011.

3-Le courant d’inspiration heidegérienne
A. D. Osongo-Lukadi, Martin Heidegger et le mouvement philosophique africain. Recherche des incidences philosophico-politiques à partir d’une analyse thématique et praxéalogique de la « Lettre sur l’humanisme », Master II, 1990. 
Antoine-Dover Osango-LukadiHeidegger et l’Afrique, Réception et paradoxes d’un « dialogue » monologique, 2001.
Bourahima Ouattara, Adorno et Heidegger. Une controverse philosophique (1999).
-Grégoire Biyogo, Relecture heideggérienne de l’échec du tempelsianisme : Tempels revisité, in Histoire de la philosophie africaine, Livre IV (2006).

4-Courant d’inspiration poppérienne et feyerabendienne.
– La théorie quantique et le schisme en physique, traduction et présentation par  Emmanuel Malolo Dissake (1996).
-Feyerabend, épistémologie, anarchie et société libre (2001)
-Emmanuel Malolo Dissake, Grammaire de l’objectivité. Au cœur de l’épistémologie de Karl Popper (2005).
-Charles Zacharie Boawo, L’argumentation logique, dédales et pistes, thèse de logique (1996). 

  1. Le Discours féminin

-Tonella Boni (C. I.)
-Albertine Tshibilondi Ngohi 
-Awa Thiam
A .M. Mpundu, Droits et promotion de la femme (1996)
Pauline Eboh (Nigeria)
-Irma Angue Mendou.

  1. Le courant métaphysique et ontologique : la quête d’un autre philosopher. 

-Alexis Kagame, La philosophie bantu-rwandaise de l’être (1956). 
-Jean Calvin BahokenClairières métaphysiques (1967). 
-Basile Judéat Fouléat, La philosophie négro-africaine de l’existencethèse IIIème Cycle, 1967.
– Pene Elungu, Elungu, Du culte de la vie à la vie de la Raison. De la crise de conscience africaine (thèse d’Etat, 1979).
-Alassane N’daw, La pensée africaine. Recherche sur les fondements de la pensée négro-africaine, préface de Léopold Sédar Senghor (1983).
-Bonaventure Mvé-Ondo, Quête du sujet, univers de signification et transcendance (thèse d’Etat), 1989.
-Auguy Makey, L’Homme le sublime zéro (1998, 2008)
Ernest MenyomoLes bases métaphysiques de la pensée négro-africaine (2010).

Z’-Le courant de la philosophie égyptienne (par ordre d’ancienneté des publications)

1-Cheikh Anta Diop, égyptologue, épistémologue, historien ancien, et physicien sénégalais.
Antériorité des civilisations nègres (1967)
-Civilisation ou barbarie ? (1981). 
-Philosophie, science et religion (1992, 2007).

2-Théophile Obenga, égyptologue, linguiste, historien ancien.
-La Philosophie africaine de la période pharaonique 2780-330 avant notre ère (1990).
L’Egypte, la Grèce et l’Ecole d’Alexandrie (2006).

3-Mubabinge Bilolo, égyptologue, philologue et philosophe du Congo Démocratique.
Les Cosmo-philosophies théologiques de l’Egypte antique (3 volumes, 1986, 1987, 1988 (Rééd. 2004).
Métaphysique pharaonique III ème Millénaire avant J.-C., Prolégomènes et postulats majeurs, 1995, Rééd. 2005.
Méta-ontologie pharaonique au III ème Millénaire avant J.-C (2005). 
-Philosophie de la création et ses implications écologiques en Egypte au III ème Millénaire avant J.-C. (2005).

4-Oscar Pfouma, égyptologue, linguiste et philosophe camerounais.
-Histoire culturelle de l’Afrique Noire, Avant-propos de Théophile Obenga, Introduction d’Alain Anselin, 1993.
L’Harmonie du monde, Anthropologie des couleurs et des sons en Afrique depuis l’Egypte ancienne (2000).
Les Larmes du soleil, texte des sarcophages traduit de l’ancien égyptien par l’auteur (2005).

5-Grégoire Biyogoégyptologue, philosophe et politologue gabonais.
-Aux sources égyptiennes du savoir (volume I : Généalogie et enjeux de la pensée de Cheikh Anta Diop, volume II : Système et anti-système. Cheikh Anta Diop et la destruction du Logos classique), 1998, 2000.
Encyclopédie du Mvett. Du Haut Nil en Afrique Centrale, 2 volumes (2000, 2002).
Origine égyptienne de la philosophie. Au-delà d’une amnésie millénaire : le Nil comme berceau universel de la philosophie (2002).
-Kémit antidémocrate ? Essai d’élucidation de l’énigme de la souveraineté dans le « monde noir ».
Traité de méthodologie et d’épistémologie de la recherche. Introduction à la modélisation quinaire (2006).
Histoire de la philosophie africaine, 4 Livres : Livre I. Le berceau égyptien de la philosophie (2006).
 Manifeste pour lire autrement l’œuvre du professeur Cheikh Anta Diop (1923-1986). 
-Dictionnaire comparé de l’ancien égyptien et du fang-beti. De la coappartenance de Kémit et de Ekang (sous presse).

6-Molefi Kete Ashante
-From Imhotep to Akhenaten : An Introduction to Egyptian Philosophers (2004)

7-Yopereka Somet, égyptologue et philosophe du Faso.
L’Afrique dans la philosophie, Introduction à la philosophie africaine pharaonique, préface de Théophile Obenga(2005) 
-Cours d’initiation à la langue égyptienne pharaonique (2007).

8-Fari Taharka, égyptologue et philosophe du RDC.
Le Viatique de la sortie.
-L’opuscule révélé.

En somme, l’écriture de l’histoire de la philosophie, en tant que discours savant, rigoureux et classificatoire des courants de pensée, des œuvres et des auteurs, en Afrique est un événement philosophique, certes inachevé mais qui précisément invite à cette entreprise fondamentale.

Par Grégoire Biyogo

Historien de la philosophie, spécialiste de Derrida et de Rorty, Grégoire Biyogo est professeur Habilité à Diriger des Recherches. Lauréat de la Sorbonne, il enseigne la poétique à l’Université Omar Bongo de Libreville et la méthodologie de la recherche au séminaire doctoral du CEE de Paris XII.
Il est aussi l’auteur de Adieu à Jacques Derrida (2005).