L’exil à domicile  Régis Debray (Auteur)

« des similitudes avec l’ouvrage de Khare Diouf- La Résilience des religions »

Régis Debray : «Il y a une résignation à vivre au jour le jour»

Se sentir chaque jour un peu moins de son temps, un peu plus anachronique, n’a pas que des inconvénients. Une personne déplacée peut revoir en souriant tout ce qu’elle avait cru devoir prendre au sérieux, et qui l’était si peu en fin de compte : déchirements intellectuels, bisbilles politiques, plans sur la comète, bref, tout ce qui se fane inexorablement avec les ans. Pas de quoi se griffer le visage tant il y a de bonheur, en contrepoint, à voir resurgir, en bout de course, plus vivaces, plus entraînants que jamais, les héros de roman dont il nous est arrivé d’usurper l’identité dans notre for intérieur, parce qu’en nous prêtant leur vie, le temps d’un éclair, ils nous ont rendu la nôtre presque digne d’avoir été vécue.R. D.

-Vient le temps de réviser avec ironie le sérieux les certitudes qui l’étaient bien peu. Pas de quoi se griffer le visage, pour autant prévient l’auteur.
Pour preuve, il y a de bonheur, en contrepoint, à voir resurgir, en bout de course […] les héros de roman dont il nous est arrivé d’usurper l’identité dans notre for intérieur, parce qu’en nous prêtant leur vie, ils nous ont rendu la nôtre presque digne d’avoir été vécue, précise notre nouveau Socrate qui offre ici un beau voyage autour de sa chambre.
Il en retient les grimoires de la nuit, l’aube révisée loin des cuivres des anciens phares d’une philosophie politique et d’une praxis. Sans la moindre amertume et comme offrandes profanées aux lagunes et marinas idéologiques toujours mal mariées.

« Son style est éblouissant. Un feu d’artifice culturel et littéraire, avec une pointe d’humour, ce qui est moins négligeable que jamais. »
Maurice Szafran, Challenges

Dans son dernier essai, en librairie ce 3 novembre, « l’Exil à domicile » (Gallimard), l’écrivain et philosophe Régis Debray vole haut, et loin de notre époque. Il y parle, comme toujours, beaucoup du XXe siècle et aussi, un peu, de lui.

Régis Debray connaît bien le mot de Blaise Pascal, qu’on fait apprendre par cœur aux jeunes hypokhâgneux, pour canaliser leur fougue de néoconvertis au souffle des lettres : « Le moi est haïssable ». Plus qu’un avertissement à de jeunes étudiants, cette ode à une littérature qui ne soit pas autocentrée et bavarde a guidé bien de vénérables écrivains. Lui, par exemple, « vieux con né en 1940 » a toujours fait sien ce credo. C’est que, avec la pudeur des vieux briscards – capables de parler de tout sauf d’eux – l’écrivain a toujours retardé ce moment où il allait être amené à parler de lui.

Philosophe, écrivain, médiologue, Régis Debray compte parmi les penseurs les plus éminents d’aujourd’hui. Son œuvre, vaste et féconde, saluée par la critique et le public, exerce une influence déterminante sur le débat intellectuel, politique et culturel.