L’Africain, la promiscuité jusque dans l’être … Pr de philosophie Alassane K. KITANE

 » je vous présente un auteur, un penseur, un citoyen dynamique et actif, le PR Kitane. J’ai connu ce concitoyen par les textes. Il écrit bien avec des incursions philosophiques. Je demande à des amis qui est ce sieur? C’est ainsi qu’on me parle de lui et c’est ainsi que je vais chercher à mieux le connaître. Je ne suis pas déçu de ses écrits, une hauteur de vue, une pensée profonde qui interpelle la sagacité de ceux qui veulent savoir pour comprendre. Ichrono.info  veut parler de ces concitoyens pour les médiatiser plus ou contribuer à les faire connaître à travers ses lecteurs ». P B CISSOKO

Qui sommes-nous ? Que sommes-nous ? Comment sommes-nous ? Bref, avons-nous finalement un ÊTRE à nous ?

Nous prions dans des langues étrangères et ânonnons très souvent des versets dont nous ne connaissons pas le sens ! Mais ça je peux l’accepter, car c’est Dieu qui l’a voulu ainsi : son infinie transcendance est la balance de sa justice infailliblement au-dessus de notre raison.

Nous parlons une langue étrangère qui nous est imposée par d’autres hommes…

Nous avons des institutions n’ayant guère d’ancrage dans nos cultures…

Nous avons une monnaie venue d’ailleurs…

Nous nous habillons comme des blancs ou comme des arabes, mais presque jamais comme Africains…

Ça je ne peux pas l’accepter ! Car l’accepter, c’est avouer implicitement une transcendance des autres sur nous. Soit, nous sommes des êtres humains, soit nous n’en sommes pas : or l’homme, c’est d’abord la créativité, comme le certifie la culture. Créons notre être, créons nos valeurs, et nous créerons notre monde au lieu de le subir.

Nous ne pouvons pas toujours imiter les autres et en même temps prétendre les égaler. Réformons notre être, réformons nos pensées si nous voulons vraiment ETRE.

Nos rues nous ressemblent, nos demeures également. La saleté et nous, communions, parce que notre être n’est pas clair ! Nos comportements reflètent la nature confuse de nos pensées. Nos gouvernants sont les portraits crachés de notre être décousu. L’incohérence est notre être, or l’incohérence n’est pas du goût de la raison.

La raison, c’est l’ordre, la mesure, la tempérance et l’équilibre. Chez nous tout est démesure parce que les vents venus d’horizons divers se bousculent dans nos têtes et créent un tourbillon d’être. Nous sommes tourbillonnés. Nous sommes finalement le fruit du tourbillon de l’existence humaine. Feuilles mortes, déchets plastiques, brindilles d’herbes sont les symboles de notre façon d’exister et de notre façon d’être. Emportés par les vents, nous nous laissons allègrement incruster dans des abîmes dont nous ne pouvons nous sauver.

Si j’étais un poète, je pleurerais la destinée de mon peuple par des vers écrits en sang sur le fémur de nos ancêtres. J’irais exhumer leurs restes et y imprimerais ma fierté d’avoir des ancêtres comme eux et ma lâcheté de ne pas être digne d’eux. Mais je ne suis point poète. (à suivre)

 

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

SG du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal