La banalisation du fait divers (crimes-assassinats) signe la décadence de l’Etat censé protéger contre le crime ; Le Sénégal dans la spirale de la violence

Ouvrez les journaux et dites-moi ce que vous voyez ?

Si vous ne voyez rien, c’est que vous devez consulter.

Moi je vois des couteaux des coupes coupes du sang beaucoup de sang  des crimes des violences de différentes sortes et on vit avec comme si c’était normal

Notre société est-elle malade, et que faire ?

Si la visibilité du fait divers traduit l’invisibilité de l’ETAT et du pouvoir politique alors il y a un manquement intolérable qui au final installe la barbarie, la loi du plus fort, des bandits et des gangs.

Oui cela installe la terreur et la crainte et au final provoque l’inactivité.

Oui quand on a peur et quand sa sécurité est menacée, on craint de sortir et comment alors travailler ?

 

Pourquoi cette permanence de ce fait social si banalisé ?

L’Etat selon Hobbes fait de la scène du monde un théâtre civil qui donne à voir pour réagir.

Oui voir c’est pour comprendre, analyser, scruter, critiquer et proposer des solutions.

Hobbes est le 1er théoricien du la philosophie politique et c’est en cela qu’il est important pour comprendre le monde actuel si violent et si aveugle et si incapable.

Si l’Etat est incapable de protéger les citoyens de la mort violente alors il a failli et ne mérite pas de rester en place.

Pour mieux comprendre voici quelques idées de Thomas HOBBES

. L’État assure la sécurité, l’ordre. Il est la source unique de la loi. Conclusion : Hobbes établit une théorie rationnelle du pouvoir politique fondée sur la nature humaine.

Hobbes sur sécurité et liberté

 » (…) pendant le temps où les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les maintienne tous dans la peur, ils sont dans cette condition qu’on appelle guerre, et cette guerre est telle qu’elle est celle de tout homme contre tout homme. »

Quel équilibre entre sécurité et liberté individuelle ? Question de grande acuité par les temps qui courent. D’après le philosophe anglais du XVIIè siècle Thomas Hobbes, l’insécurité vient de expression libre, sans empêchements, de la nature humaine elle-même. Pour en sortir les hommes doivent donc volontairement renoncer à la liberté de se gouverner eux-mêmes au profit d’un Etat aux pouvoirs absolus -le Léviathan- qui, en échange, leur garantirait sécurité, protection et paix.

Thomas Hobbes a publié Le Léviathan dans un contexte d’affrontements politiques et religieux en Angleterre. Dans son effroi, il avait choisi de s’exiler à Paris, où il est resté pendant onze ans, ne rentrant en Angleterre qu’après la fin de la guerre civile de 1648-49 et la décapitation du roi Charles Ier.

Les extraits ci-après reproduisent le raisonnement de Hobbes, qui va de l’égalité naturelle des hommes et de leur égoïsme, à la guerre de chacun contre chacun qui résulterait de leur liberté d’action dans la poursuite de leurs intérêts particuliers, et à la nécessité du Léviathan pour garantir l’état de paix.

Voir aussi, Freud sur liberté, sécurité et culture,  Freud sur la guerreRosset sur religion et violenceNietzsche sur jeunesse et explosivité.

« La Nature a fait les hommes si égaux pour ce qui est des facultés du corps et de l’esprit que, quoiqu’on puisse trouver parfois un homme manifestement plus fort corporellement, ou d’un esprit plus vif, cependant, tout compte fait, globalement, la différence entre un homme et un homme n’est pas si considérable qu’un homme particulier puisse de là revendiquer pour lui-même un avantage auquel un autre ne puisse prétendre aussi bien que lui. Car, pour ce qui est de la force du corps, le plus faible a assez de force pour tuer le plus fort, soit par une machination secrète, soit en s’unissant à d’autres qui sont menacés du même danger que lui-même. (Première partie, p.105)

« De cette égalité de capacité résulte une égalité d’espoir d’atteindre nos fins. Et c’est pourquoi si deux hommes désirent la même chose, dont ils ne peuvent cependant jouir tous les deux, ils deviennent ennemis ; et, pour atteindre leur but (principalement leur propre conservation, et quelquefois le seul plaisir qu’ils savourent), ils s’efforcent de se détruire ou de subjuguer l’un l’autre. » (Première partie, p.106)

« Le DROIT DE NATURE, (…), est la liberté que chaque homme a d’user de son propre pouvoir pour la préservation de sa propre nature, c’est-à-dire de sa propre vie ; et, par conséquent, de faire tout ce qu’il concevra, selon son jugement et sa raison propres, être le meilleur moyen pour cela. » (Première partiep.111)

« Par là, il est manifeste que pendant le temps où les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les maintienne tous dans la peur, ils sont dans cette condition qu’on appelle guerre, et cette guerre est telle qu’elle est celle de tout homme contre tout homme. Car la GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille, ou dans l’acte de se battre, mais dans un espace de temps où la volonté de combattre est suffisamment connue; » (Première partiep.108)

« Et parce que la condition de l’homme (…) est d’être dans un état de guerre de chacun contre chacun, situation où chacun est gouverné par sa propre raison, et qu’il n’y a rien dont il ne puisse faire usage dans ce qui peut l’aider à préserver sa vie contre ses ennemis, il s’ensuit que, dans un tel état, tout homme a un droit sur toute chose, même sur le corps d’un autre homme. Et c’est pourquoi, aussi longtemps que ce droit naturel de tout homme sur toute chose perdure, aucun homme, si fort et si sage soit-il, ne peut être assuré de vivre le temps que la nature alloue ordinairement aux hommes. Et par conséquent, c’est un précepte, une règle générale de la raison, que tout homme doit s’efforcer à la paix, aussi longtemps qu’il a l’espoir de l’obtenir (…) » (Première partiep.112)

« Car les lois de nature, comme la justice, l’équité, la modestie, la pitié, et, en résumé, faire aux autres comme nous voudrions qu’on nous fît, d’elles-mêmes, sans la terreur de quelque pouvoir qui les fasse observer, sont contraires à nos passions naturelles, qui nous portent à la partialité, à l’orgueil, à la vengeance, et à des comportements du même type. Et les conventions, sans l’épée, ne sont que des mots, et n’ont pas du tout de force pour mettre en sécurité un homme. C’est pourquoi, malgré les lois de nature (…), si aucun pouvoir n’est érigé, ou s’il n’est pas assez fort pour assurer notre sécurité, chacun se fiera – et pourra légitimement le faire – à sa propre force, à sa propre habileté, pour se garantir contre les autres hommes ». (Deuxième partiep.6-7)

« La seule façon d’ériger un tel pouvoir commun, qui puisse être capable de défendre les hommes de l’invasion des étrangers, et des torts qu’ils peuvent se faire les uns aux autres, et par là assurer leur sécurité de telle sorte que, par leur propre industrie et par les fruits de la terre, ils puissent se nourrir et vivre satisfaits, est de rassembler tout leur pouvoir et toute leur force sur un seul homme, ou sur une seule assemblée d’hommes, qui puisse réduire toutes leurs volontés, à la majorité des voix, à une seule volonté; autant dire, désigner un homme, ou une assemblée d’hommes, pour tenir le rôle de leur personne; et que chacun reconnaisse comme sien (qu’il reconnaisse être l’auteur de) tout ce que celui qui ainsi tient le rôle de sa personne fera, ou fera faire, dans ces choses qui concernent la paix et la sécurité communes; que tous, en cela, soumettent leurs volontés d’individu à sa volonté, et leurs jugements à son jugement. C’est plus que consentir ou s’accorder : c’est une unité réelle de tous en une seule et même personne, réalisée par une convention de chacun avec chacun, de telle manière que c’est comme si chacun devait dire à chacun : J’autorise cet homme, ou cette assemblée d’hommes, j’abandonne mon droit de me gouverner à cet homme, ou à cette assemblée, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit, et autorise toutes ses actions de la même manière. Cela fait, la multitude ainsi unie en une seule personne est appelée une RÉPUBLIQUE, en latin CIVITAS. C’est là la génération de ce grand LÉVIATHAN, ou plutôt, pour parler avec plus de déférence, de ce dieu mortel à qui nous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection. » (Deuxième partiep.10)

Source : Thomas Hobbes, Léviathan. Traité de la matière, de la forme et du pouvoir de la république ecclésiastique et civile, Édition Electronique, Université du Québec à Chicoutimi, 2003. Traduit de l’anglais par Philippe Folliot

L’état de nature

Hobbes est un des premiers à imaginer un état de nature pré-existant à la société humaine, afin d’y déceler comment les hommes y agiraient sans puissance commune qui les maintienne en respect. C’est là une idée déjà ancienne et reprise et instrumentalisée dès le XIIIe siècle par les adversaires qu’étaient alors le roi Frédéric II et plusieurs papes successifs, pour justifier leur propre pouvoir. Toutefois, cet état de nature est un état mythique et non réel. Hobbes se démarque nettement de la tradition politique qui reposait à la fois sur Aristote, pour qui l’homme est un être naturellement politique, et sur Thomas d’Aquin ou Cicéron pour lesquels il existerait une « loi naturelle » immuable. Il considère l’homme comme sociable, non par nature, mais par accident : c’est par crainte de la mort violente qu’il fait société avec ses semblables. L’état de nature est un état de la « guerre de tous contre tous » (Bellum omnium contra omnes). Il ne faut cependant pas attribuer à Hobbes l’idée qu’on lui attribue communément : jamais Hobbes n’a écrit que « l’homme est un loup pour l’homme » à l’état de nature (homo homini lupus), selon la formule de Plauten. Il écrit bien en revanche que, dans l’état civil, l’homme est à la fois un dieu et un loup pour l’homme. Par le contrat, l’homme garantit ce qui ne l’est pas dans l’état de nature : liberté, sécurité et l’espoir de bien vivre. En effet :« Et certainement il est également vrai, et qu’un homme est un dieu à un autre homme, et qu’un homme est aussi un loup à un autre homme. L’un dans la comparaison des Citoyens les uns avec les autres ; et l’autre dans la considération des Républiques ; là, par le moyen de la Justice et de la Charité, qui sont les vertus de la paix, on s’approche de la ressemblance de Dieu ; et ici, les désordres des méchants contraignent ceux mêmes qui sont les meilleurs de recourir, par le droit d’une légitime défense, à la force et à la tromperie, qui sont les vertus de la guerre, c’est-à-dire à la rapacité des bêtes farouches»

REPORT THIS ADCONFIDENTIALITÉ

Comme le montre cette citation, c’est bien dans le rapport entre les Républiques que l’homme est un loup pour l’homme : pour être un dieu pour son concitoyen, l’homme doit être un loup pour ses ennemis. Hobbes a bien compris toute l’ambivalence de cette invention humaine qu’est l’État.

L’état de nature ne doit pas être compris comme la description d’une réalité historique, mais comme une fiction théorique. Il n’a jamais existé (imaginer les hommes nés sans famille, par exemple), mais il est une hypothèse philosophique féconde, une construction de l’esprit qui vise à comprendre ce que nous apporte l’existence sociale et à fonder le droit naturel de chacun aux moyens d’une vie satisfaisante. Il représente ce que serait l’homme, abstraction faite de tout pouvoir politique et par conséquent de toute loi. Dans cet état, les hommes sont gouvernés par le seul souci de leur conservation. Et cependant, même dans une telle fiction, la légitime défense se distingue de l’agression pure et simple : le droit naturel est irréductible. En outre, à l’état de nature, les hommes sont égaux, ce qui veut dire qu’ils ont les mêmes passions, les mêmes droits sur toutes choses, et les mêmes moyens (par ruse ou par alliance) d’y parvenir. Chacun désire légitimement ce qui est bon pour lui, tente de se faire du bien et est seul juge des moyens nécessaires pour y parvenir. Comme les hommes ont également tendance à chercher la gloire et à nuire à autrui sans souci, ils ne peuvent qu’entrer en conflit les uns avec les autres pour obtenir ce qu’ils jugent bon pour eux.

La puissance anarchique de la multitude domine à l’état de nature. Doué de raison, c’est-à-dire de la faculté de calculer et d’anticiper, l’homme prévoit le danger, et attaque avant d’être attaqué. Chacun est donc persuadé d’être capable de l’emporter sur autrui et n’hésite pas à l’attaquer pour lui prendre ses biens. Des alliances éphémères se nouent pour l’emporter sur un individu. Mais à peine la victoire est-elle acquise que les vainqueurs se liguent les uns contre les autres pour bénéficier seuls du butin.

Cette guerre est si atroce que l’humanité risque même de disparaître. C’est une situation proprement humaine et qui n’est pas dépourvue de relations sociales, mais qui aboutirait à une vie « solitaire, besogneuse, bestiale et brève ». À ceux qui penseraient que cette vision de l’humanité est pessimiste, Hobbes rétorque que même à l’état social où pourtant existent des lois, une police et des juges, néanmoins nous fermons à clef nos coffres et nos maisons de peur d’être détroussés. Or l’état de nature est sans loi, sans juge et sans police… C’est l’angoisse de la mort (la mort violente) qui, résultant de l’égalité naturelle, est responsable de l’état de guerre et fait peser sur la vie de tous une menace permanente. Cet état, fondamentalement mauvais, ne permet pas la prospérité, le commerce, la science, les arts, la société. Si ce n’est pas là une conception de la situation humaine comme telle, c’est précisément qu’elle est une fiction : elle fait abstraction des rapports politiques qui ont toujours accompagné les sociétés humaines, pour mieux mettre en lumière une tendance de la vie sociale humaine, comme Galilée fait abstraction de l’air et de tout milieu ambiant pour dégager la tendance propre de la pesanteur, dans la chute des corps. L’état de nature ne fonde pas l’anthropologie et la théorie hobbesienne de la société, et c’est pour cela que dans tous les ouvrages qui exposent la pensée anthropologique et politique de Hobbes, le chapitre sur l’état de nature est toujours précédé des chapitres d’anthropologie, qu’il ne fonde nullement.