Créer du commun-Histoire comparée des sources des droits de l’Homme- Eddy Caekelberghs

« Un ouvrage bien pensé qui distille des subtilités de la pensée au sujet des droits de l’homme»P B C

Qu’y a-t-il de commun entre un rouleau en écriture cunéiforme attribué à Cyrus, figure majeure dans le monde antique, il y a des centaines d’années avant J.-C., le code d’Hammurabi et un conte légendaire africain? Que partagent-ils avec l’Habeas corpus, le Bill of Rights, une déclaration d’indépendance et des textes fondateurs français? Leur objectif majeur est de codifier des droits fondateurs, fondamentaux et universalisables en ce qu’ils parlent à l’humanité de l’Homme.

Le propos de cet ouvrage est de faire ressortir les invariants et les spécificités des droits de l’Homme et les sources multiples et variées de ce que nous pensons à tort être de l’ordre de l’histoire récente. Le temps long et l’espace large jusque et y compris les sources plus intimistes comme celles liées à l’esprit maçonnique. Le livre dégage aussi les grandes questions qui devraient, aujourd’hui, faire l’objet d’ajouts au corpus des textes actuellement approuvés (intelligence artificielle, environnement, etc.).

Le livre n’est en aucun cas un précis juridique – même s’il reprend des extraits et des citations d’écrits fondateurs – ni un codex des droits humains. Il est une enquête, de journaliste et de politologue, sur l’émergence d’un esprit des droits de l’Homme.

L’ auteur

Eddy Caekelberghs

Eddy Caekelberghs est journaliste, secrétaire de rédaction à la Radio – Télévision Belge Francophone depuis 1989. Il est diplômé en sciences politiques de l’Université libre de Bruxelles. Il est titulaire d’une maîtrise spéciale en études européennes, titulaire du prix Ex-Libris 2000, vice-président du Centre d’Action Laïque et de la Fondation Henri La Fontaine. Il est franc-maçon depuis 35 ans au sein du Grand Orient de Belgique où il a été 1er Grand Maître adjoint.

L’édition

Éditions de la Fondation Henri La Fontaine, en mémoire à Henri La Fontaine, humaniste belge, qui reçoit en 1913, le Prix Nobel de la Paix, contribue à la création de la Société des Nations, prémisse de l’Organisation des Nations Unies. Avec Paul Otlet (présenté comme l’inventeur, dès 1890, de l’internet sur papier), il cofonde l’Institut international de biographie qui deviendra le Mundaneum, lieu où tous les savoirs du monde sont réunis afin que de la connaissance naissent la paix et la compréhension universelle. Sensible à la cause féminine, il œuvre au sein de mouvements défendant l’émancipation des femmes. Il publie de nombreux ouvrages tant sur des questions juridiques, littéraires que politiques dont plusieurs sont publiés aux Éditions de la Fondation Henri La Fontaine.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/04/creer-du-commun-plongee-aux-origines-des-droits-de-l-homme_6225945_3232.html

« Créer du commun » : plongée aux origines des droits de l’homme

Le journaliste belge Eddy Caekelberghs retrace dans son livre l’aventure des droits humains, de la Perse antique de Cyrus II aux bouleversements contemporains, telle l’émergence de l’intelligence artificielle.

Par Jean-Pierre Stroobants

Livre. Instaurer une société respectueuse, solidaire, pacifique et « créer du commun » pour y parvenir : c’est l’idée de la philosophie des droits de l’homme, cette notion tellement galvaudée, objet de multiples déclarations qui n’arrivent pas à masquer le contraste entre l’idéal affirmé et la réalité vécue par beaucoup de nos contemporains.

Henri La Fontaine, un avocat belge spécialiste du droit international, obtint un prix Nobel en 1913 pour son combat constant en faveur du pacifisme. Il fut notamment à la tête du Bureau international de la paix, à Genève. A Mons, en Wallonie, une fondation prolonge son œuvre et soutient aujourd’hui l’ambitieux essai Créer du commun. Histoire comparée des sources des droits de l’homme (Edition de la Fondation Henri La Fontaine, 336 pages, 24 euros), d’Eddy Caekelberghs, spécialiste des sciences politiques, journaliste à la RTBF et vice-président du Centre belge d’action laïque.

L’enquête approfondie qu’il a menée sur tous les types de sources des droits de l’homme démarre très loin dans le temps pour aboutir aux débats les plus contemporains. Un cylindre du roi de Perse Cyrus II, rédigé en 539 avant notre ère, fut le premier à parler de paix universelle, de liberté de culte et de dispenses de corvées injustes. Aujourd’hui, le « statut des personnes électroniques » (ou « droit des robots ») est débattu au Parlement européen et la justice argentine reconnaît aux animaux la personnalité juridique.

Lire aussi (2015) | Article réservé à nos abonnés La Magna Carta, texte à tout faire

Ajouter à vos sélections

Bien sûr, le périple de l’auteur passe par quelques étapes obligées : la Magna Carta et l’Habeas corpus de l’ancienne Angleterre, la Révolution française, la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par les Nations unies en 1948. Est également exhumée la charte du Manden, proclamée au XIIIe siècle par un empereur du Mali et qui pourrait bien être la toute première déclaration des droits humains.

Savant mais « vivant »

Quatre « générations » de droits sont aujourd’hui recensées, explique l’auteur. La première est celle des droits civils et politiques, qui protègent l’exercice de la citoyenneté, les personnes et les biens. La deuxième concerne les droits économiques et sociaux, la troisième les droits collectifs, qui nécessitent une solidarité entre tous les membres du corps social (le droit au développement, par exemple). La quatrième génération est celle des droits émergents, ou « nouveaux ».

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/04/creer-du-commun-plongee-aux-origines