La Raison est née chez les noirs : tel est le » scandalt » qui est au centre de l’oeuvre de Ch. A. Diop. Si cette oeuvre fascine les uns, elle perturbe et dérange les autres. Pour en saisir l’enjeu, il faut revenir au long débat ouvert sur l’Afrique à partir du regard de l’Occident depuis la Renaissance.
Avec une puissance de travail rare et une vaste culture, le célèbre auteur de Nations nègres et Culture affronte une génération de potentats de la science. Il en vient à semer l’épouvante chez les gardiens du temple et à remettre en question quelques mythes imposés par le pouvoir colonial. Un seul problème habite ce chercheur aux savoirs multiples : faire la lumière sur le rôle civilisateur des Africains dans l’histoire.
Car, montrer que le continent noir est le berceau de l’humanité et que l’Egypte nègre est celle qui a inventé les sciences et les techniques, les mathématiques et la philosophie, l’écriture et la religion, c’est rétablir la vérité trop longtemps masquée par le » mythe du Nègre « . Pour Ch. A. Diop, Ie » miracle grec » à proprement parler n’existe pas.
Tout Ie problème est là. L’égyptologue indigène est un hérétique du savoir institué. S’il rend à l’homme noir sa mémoire, il annonce la fin des certitudes et ouvre des voies nouvelles à la recherche sur l’Afrique, au-delà des apports de l’Africanisme. Pour gérer l’héritage de cet homme de science, il faut retrouver cette capacité de créer qu’il a voulu faire naître en chaque Africain.
Les maîtres de vérité sont tentés d’occulter l’apport de Ch. A. Diop à l’histoire des sciences. C’est pourquoi Jean-Marc Ela invite les jeunes Africains à relire sans passion une oeuvre incontournable qui démeure un défi à l’intelligence de notre temps.
Jean-Marc Ela, né Jean Etoa le 27 septembre 1936 à Ebolowa, chef-lieu de la région du Sud Cameroun et mort le 26 décembre 2008 à Vancouver, est un prêtre catholique du diocèse d’Ebolowa, universitaire, sociologue, anthropologue et théologien camerounais