PAR MARJORIE CESSAC
« Nos compatriotes ont du talent , je signale cet autre chercheur sénégalais de Thies- « Les mathématiques discrètes (en particulier la théorie des graphes) avec un spécialiste sénégalais Pr à l’université d’état de l’Illinois aux USA, voici le Pr Papa Amar SISSOKHO »
Le savoir n’a pas de sexe. Notre ami de Casamance Le PR Lamine SAGNA a aussi ebnseigné à Princeton et helas jamais le Sénégal ne lui a donné un poste. P B CISSOKO
L’actuariel // Technologies / Entretien – Magazine N°45
Chercheuse en intelligence artificielle chez Google et enseignante à Princeton, Adji Bousso Dieng a fondé l’ONG The Africa I know pour redonner le goût des sciences et de l’ingénierie à la jeunesse africaine, et promouvoir l’excellence du continent dans ce domaine.
Vous êtes experte en intelligence artificielle (IA) et en application de la modélisation probabiliste à la santé ou au climat. Vous êtes par ailleurs la première enseignante noire de l’université américaine de Princeton. Quels ont été les moments décisifs de votre parcours ?
Adji Bousso Dieng : Enfant, j’ai grandi au Sénégal, à Kaolack, une ville au centre du pays à trois heures environ de Dakar. À l’école, j’étais bonne en maths et dans les matières scientifiques, puis en première scientifique, j’ai été sélectionnée pour participer au camp d’été de la Fondation Pathfinder pour l’Éducation et le Développement. À cette occasion, j’ai rencontré son fondateur, le Malien Cheick Modibo Diarra, astrophysicien à la Nasa et ancien président de Microsoft Afrique Moyen-Orient. Pour moi, cela a été un déclic. C’était la première fois que je rencontrais un Africain qui faisait carrière dans le milieu des sciences, techniques, ingénierie et mathématiques (STIM). Grâce à lui, j’ai compris qu’il m’était possible, en tant qu’Africaine, de réussir dans ce domaine. C’était une chance, cela n’allait vraiment pas de soi. Mon père n’avait pas fait d’études et il est décédé quand j’avais 4 ans. Ma mère, elle, n’a pas fini le collège, mais comprenait ce que représentait l’école. C’est elle qui m’a permis, comme à tous ses enfants, d’y aller. Cela a été déterminant pour moi.
Adji Bousso Dieng déniche les réussites du continent et inspire la jeunesse africaine
Chercheuse spécialisée en intelligence artificielle chez Google, Adji Bousso Dieng est selon le magazine Forbes la première femme noire en 2020 à rejoindre l’université de Princeton en tant qu’enseignante à l’Ecole d’ingénieur.
Née à Kaolack au Sénégal, Adji Bousso Dieng est également la fondatrice de « The Africa I Know » ( TAIK ), une plateforme qui présente les Africains qui ont eu des carrières réussies. La semaine dernière cette chercheuse a remporté le “Prix de l’innovation Annie Mae Turner Taylor Randall 2022” grâce à sa plateforme TIAK.
Propulsé par le Covid-19, TIAK montre la manière dont les Africains tirent parti de la technologie pour résoudre les problèmes de développement liés à l’agriculture, la santé et l’éducation. Adji Bousso a en effet, « fondé TAIK pour dénicher les réussites de l’Afrique et de ses habitants et, pour favoriser une conscience économique et sociale en Afrique » car « la majorité des gens ne savent pas grand-chose de l’Afrique et ont une vision négative du continent étant donné la façon dont il est dépeint dans les médias. » Avec sa plateforme, Adji souhaite changer la donne et inspirer la jeunesse africaine car avoir une représentation féminine noire dans le monde universitaire est l’une des priorités de cette sénégalaise.
Après avoir remporté un concours organisé par la Fondation Pathfinder pour l’éducation et le développement, Adji Bousso Dieng a reçu une bourse pour étudier à l’étranger. Dieng a donc décidé de poursuivre ses études en France où elle obtenu un diplôme d’ingénieur de Telecom ParisTech avant de décrocher un Master en statistique à l’Université Cornell aux États-Unis.
Tout au long de ses études, Dieng a été en effet, en quête d’un modèle de réussite noir. Depuis qu’elle a quitté le Sénégalais, Adji a constaté qu’elle n’avait jamais eu de conférencier noir et cela l’a beaucoup tourmenté. Malgré cela, « j’ai appris à ne pas laisser cela me démotiver dans ma quête de connaissances, mais c’est beaucoup demander à tout le monde de faire cela. »
Pour elle, « il est important d’avoir des modèles, des modèles qui vous ressemblent et la représentation compte, car cela donne l’espoir et le courage de poursuivre ses efforts. » C’est donc l’une des raisons qui a poussé cette chercheuse à créer la plateforme TIAK.
Chez Google, cette jeune femme sénégalaise exerce des travaux de recherche sur l’intelligence artificielle, plus particulièrement sur les modèles génératifs et sur les algorithmes. « Ce sont des modèles qui sont à la base de beaucoup d’applications ainsi qu’en ce qui concerne le langage des images ». En mai 2020, elle soutient une thèse intitulée « Deep Probabilistic Granphical Modeling ». Les travaux qu’elle a mené sur les modèles génératifs et algorithmes dans le cadre de cette thèse lui ont permis de recevoir plusieurs distinctions comme le «Dean Fellowiship of Columbia University», ainsi que le «Google PhD Fellowship in Machine learning».
Elle détient également le titre d’«Etoile montante de l’apprentissage automatique de l’Université de Maryland».
Femmes de sciences à la une 2/3] Adji Bousso Dieng : Une Saloum-Saloum à la conquête de Princeton prestiguieuse Université où a enseigné notre compatriote Lamine SAGNA
Par: Arame NDIAYE – Seneweb.com
Adji Bousso Dieng : Une Saloum-Saloum à la conquête de Princeton
Du Pays de la Teranga à Princeton, le chemin de la réussite n’est jamais très loin. Ces mots reflètent bien le parcours d’Adji Bousso Dieng. La chercheure a rejoint cette prestigieuse université en septembre 2021, devenant la première femme noire professeure dans l’école d’ingénierie et des sciences appliquées.
Il n’y a pas de réussite sans labeur ni écueils. La native de Kaolack a très tôt pris son destin en main grâce au soutien de sa mère. Après le décès de son père à l’âge de 4 ans, elle rejoint l’école primaire avec beaucoup d’ambitions en bandoulière. De la motivation et de la soif de réussite à revendre, elle avance sans embûches. Entre l’école primaire El Hadj Ibrahima Niasse de Kaolack, collège à l’école de Dialègne de Kaolack et le lycée Valdiodio Ndiaye, la jouvencelle poursuit son cursus. Ces efforts commencent à payer à l’été avant la terminale.
« J’avais été sélectionnée avec deux autres filles pour représenter le Sénégal au camp d’excellence organisé par la fondation Pathfinder du Dr. Cheick Modibo Diarra », fait savoir Adji Bousso Dieng. Les participantes du camp, ayant par la suite la mention Bien ou plus au Bac, sont invitées à participer à un concours organisé conjointement par la fondation Pathfinder et la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. La gagnante du concours reçoit alors 15.000 euros par an pendant 4 ans soit 60000 euros au total pour poursuivre ses études à l’extérieur. « J’ai gagné ce concours et décidé d’aller en France », déclare-t-elle. La même année, en 2006, la bachelière est lauréate du Concours Général en Philosophie en 2006.
Entre France et Etats-Unis, début du ‘rêve américain’
Les voix de la réussite sont impénétrables. Après ce cursus couronné de succès, Adji Bousso Dieng fait cap vers les Grandes Écoles de France. « J’ai fait un an au Lycée Jacques Decour de Paris avant de continuer mon cursus au Lycée Henri IV et mon école d’ingénieur à Télécom ParisTech », informe-t-elle. Dans la foulée, l’ingénieure en formation a l’opportunité de poursuivre sa troisième année d’école d’ingénieur aux Etats-Unis. Elle saisit cette chance et s’envole pour le pays de l’oncle Sam. « C’est comme ça que j’ai passé une année à l’université de Cornell aux Etats-Unis, à l’issue de laquelle j’ai reçu mon Diplôme d’Ingénieur de Télécom ParisTech mais aussi un Master de l’université de Cornell », narre-t-elle.
Après Cornell, Adji Bousso Dieng travaille à la Banque Mondiale à Washington DC pendant un peu plus d’un an avant de commencer un doctorat à Columbia University aux Etats-Unis.
Ses travaux de recherche à Columbia portent sur l’intelligence artificielle, plus particulièrement sur les modèles dits génératifs. Ces modèles sont à la base de beaucoup d’applications de l’IA dans l’étude du langage, des images, mais aussi en science. « J’ai reçu des félicitations pour mes travaux de recherche en tant qu’étudiante à Columbia, une nomination en tant qu’étoile montante de l’apprentissage automatique par l’Université de Maryland et le prix Savage Award pour ma thèse doctorale », dit-elle fièrement.
«J’ai reçu une offre de Princeton et de Google un peu avant d’avoir fini ma thèse. J’ai accepté les deux offres. J’ai fait un an à Google avant de rejoindre Princeton. Je suis toujours à Google en tant que chercheure et dirige mon laboratoire de recherche à Princeton », a expliqué la chercheure.
L’Afrique au cœur
Malgré ces distinctions et succès qui couronnent des années de labeur, la kaolackoise n’oublie pas ses racines. Adji Bousso Dieng est également la présidente et fondatrice de l’organisation à but non lucratif ‘The Africa I Know’, ou TAIK. « Elle œuvre à changer positivement le récit sur l’Afrique et promouvoir l’éducation dans le domaine des sciences, technologie, ingénierie, mathématiques, et intelligence artificielle », renseigne la chercheure. TAIK veut inspirer, informer, et instruire la jeunesse africaine afin qu’elle prenne en main le développement du continent.
Les aspirations de l’organisation TAIK est en phase avec celles de son laboratoire de recherche, Vertaix. Il travaille à l’intersection de l’intelligence artificielle (IA) et les sciences comme la chimie, la science des matériaux, la physique, la biologie, etc. La mission du labo est d’accélérer la découverte scientifique à travers l’IA. Les méthodes développées peuvent trouver des applications dans des domaines comme la santé, le climat, l’environnement, l’énergie, et la purification de l’eau. « Le fait que ces domaines d’application soient très importants pour le développement de l’Afrique motive la thématique de ma recherche », affirme-t-elle. Une chercheuse à la croisée des seneweb