Selon Lula, l’ancien président brésilien, Volodymyr Zelensky est « aussi responsable » de la guerre que Vladimir Poutin

Dès le début de la guerre en Ukraine, la gauche brésilienne a eu une position ambiguë, condamnant l’invasion russe tout en tenant l’OTAN pour responsable.

Le Monde

Lula participait à un événement organisé par les organisations syndicales lors de la Journée internationale des travailleurs, à Sao Paulo, au Brésil, le 1er mai 2022. AMANDA PEROBELLI / REUTERS

L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dit « Lula », a affirmé que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, était « aussi responsable » du conflit dans son pays que son homologue russe, Vladimir Poutine, dans un entretien au magazine américain Time publié mercredi 4 mai.

« Je vois le président ukrainien être applaudi par tous les parlementaires [européens]. Ce type est aussi responsable de la guerre que Poutine. Une guerre n’a jamais un seul coupable », a déclaré le favori de la présidentielle d’octobre au Brésil. « Il voulait la guerre. S’il n’en voulait pas, il aurait négocié un peu plus », a-t-il ajouté.

Lula a également jugé le comportement de M. Zelensky « bizarre » : « On dirait qu’il fait partie d’un spectacle. Il est à la télé matin, midi et soir. Il est au Parlement britannique, au Parlement français, au Parlement allemand, au Parlement italien, comme s’il menait une campagne politique. Il devrait être à la table des négociations. » L’icône de la gauche brésilienne a accusé par ailleurs les puissances occidentales d’« inciter à la haine contre Poutine ».

« Si on encourage Zelensky, lui-même pense qu’il est le meilleur. En fait, nous devrions lui dire sérieusement : “Tu es un bon humoriste, mais on ne va pas faire une guerre pour que tu puisses te donner en spectacle.” Et nous devrions dire à Poutine. “Tu as plein d’armes, mais tu n’as pas besoin de les utiliser contre l’Ukraine. Allons discuter !”  », a-t-il insisté.

Antiaméricanisme radical

Lula, 76 ans, qui a présidé le Brésil durant deux mandats, de 2003 à 2010, montre du doigt le président américain, Joe Biden, qui, selon lui, n’a « pas pris la décision correcte » au sujet du conflit en Ukraine.

« Les Etats-Unis ont un poids politique très important et auraient pu éviter le conflit (…). Biden aurait pu participer davantage, il aurait pu prendre l’avion pour Moscou et parler à Poutine. C’est ce genre d’attitude qu’on attend d’un leader », a lancé le Brésilien. L’Organisation des Nations unies (ONU) en a également pris pour son grade. « Il est urgent de créer une nouvelle gouvernance mondiale. L’ONU ne représente plus rien, elle n’est plus prise au sérieux par les dirigeants. Poutine a envahi l’Ukraine de façon unilatérale, sans consulter l’ONU », a-t-il déploré.

Dès le début de la guerre en Ukraine, la gauche brésilienne a eu une position ambiguë, condamnant l’invasion russe tout en tenant l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour responsable. De la part de leaders politiques eux-mêmes aux prises avec un pouvoir d’extrême droite menaçant la démocratie, ces positions frileuses, sinon hostiles, sur la crise ukrainienne peuvent surprendre. Mais l’une des clés de voûte de la gauche brésilienne demeure l’anti-impérialisme, mélange d’antiaméricanisme radical et de tiers-mondisme assumé. Un cocktail ancien, hérité de la guerre froide, qui pousse souvent à se ranger instinctivement dans le camp opposé aux Etats-Unis.

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