On a les Politiques qu’on mérite-Chloé Morin (Auteur)

Des égoïstes. Des arrivistes. Des narcisses. Des incompétents. Des traîtres.
Le théâtre politique regorge de ces créatures qui nous révulsent.

Nous les critiquons, nous les jugeons et déjugeons. Nous adorons détester ce monde, mais nous nous garderions bien d’y mettre ne serait-ce qu’un orteil. Et jamais nous ne nous posons la vraie question  : comment en sommes-nous arrivés là  ?
Y aurait-il eu – comme les complotistes et les désabusés l’affirment – une confiscation du pouvoir, à tous les niveaux, jusqu’au sommet de l’État  ?

La réponse est à la fois banale et dérangeante  : au-delà de travers institutionnels, de gaspillages publics et autres labyrinthes administratifs qu’il est urgent de corriger, nous avons peut-être tout simplement…

les Politiques que nous méritons.
Quand l’air politique devient irrespirable, ne peuvent subsister que les héros et les dingos. Nous les rejetons, certes, nous déplorons de ne plus avoir le choix, mais ce non-choix, nous l’avons créé en rendant la vie impossible aux engagés et aux dévoués.
À la veille d’une bataille présidentielle décisive, au sortir d’un quinquennat marqué par de longues crises (Gilets jaunes, Covid-19…) et dans un contexte toujours plus dégagiste, le temps est peut-être enfin venu de balayer devant notre porte.
Et qui sait  ? de se réconcilier avec nos Politiques.
Chloé Morin

Chloé Morin est spécialiste de l’analyse d’opinion, Experte associée à la Fondation Jean Jaurès et co-fondatrice de Societing. Diplômée de SciencesPo et de la London School of Economics, Chloé Morin a été conseillère opinion du Premier ministre entre 2012 et 2016. Et elle a occupé différentes fonctions en agence de communication et instituts de sondage.

LECTURES DIVERSES

« On a les politiques qu’on mérite » : la grosse fatigue des professionnels de la démocratie représentative

La politologue Chloé Morin tente d’humaniser les politiques pour les disculper des exigences intenables auxquelles ils seraient désormais soumis. Un exercice limite.

Par Julie Carriat

Livre. C’est un exercice périlleux auquel s’attelle Chloé Morin, politologue associée à la Fondation Jean Jaurès et spécialiste de l’opinion publique : nous faire toucher l’humanité d’hommes et de femmes politiques pour démontrer le danger qu’il y a à trop exiger d’eux. On a les politiques qu’on mérite est à mi-chemin entre le recueil d’entretiens et l’analyse. A l’occasion, il ne néglige pas la provocation.

 « Il est impopulaire, voire sans doute un peu indécent, d’affirmer que la vie des élus et de leurs collaborateurs est une vie professionnelle qui peut s’avérer difficile. Psychologiquement, c’est incontestable, mais parfois aussi physiquement et financièrement », soutient l’autrice, en convoquant deux des figures les plus décriées de la vie politique française : Isabelle Balkany d’un côté, Manuel Valls de l’autre, auprès duquel elle a travaillé à Matignon pendant plusieurs années. « La confiance est le carburant des hommes et des femmes politiques. (…) Comment réagir lorsqu’elle est supplantée par l’indifférence, par la détestation ? » La politologue tente moins de formuler des solutions que de faire ressentir l’épuisement d’un système et de ses incarnations.

Le supplice du mandat

Ne pas voir ses enfants, vivre dans la peur des agressions, de la petite phrase sortie de son contexte… Chloé Morin fait la liste des nombreux désavantages de la vie d’élu. La parole politique est accueillie sans filtre. Ce qui amène des aveux intéressants, par exemple de la part de Myriam El Khomri : « J’ai été vue comme une incapable, une marionnette. C’est terrible. Ça me collait à la peau. » Mais permet aussi à certains de ses interlocuteurs de dérouler sans ambages un discours de campagne. Emmanuel Macron lui répond ainsi par écrit : « Si j’avais choisi la facilité, je n’aurais pas quitté mon métier, je n’aurais pas démissionné de la fonction publique et (…) créé mon propre mouvement pour rompre avec un système politique à bout de souffle. »

A gauche, si Yannick Jadot et Anne Hidalgo sont décrits comme étant aux prises avec une opinion publique toujours plus défiante, Jean-Luc Mélenchon, qui a décliné l’invitation à témoigner, se retrouve cantonné, avec Eric Zemmour et Marine

https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/23/on-a-les-politiques-qu-on-merite-la-grosse-fatigue-des-professionnels-de-la-democratie-

« On a les hommes politiques que l’on mérite », dit le philosophe André Comte-Sponville

INVITÉ RTL – Le philosophe estime que les Français devraient essayer de soutenir leurs politiques plutôt que de les critiquer en permanence.

André Comte-Sponville

Fanny Bonjean  publié le 29/03/2014

L’une des inconnues des élections municipales de dimanche 30 mars est l’abstention. Le taux record atteint au premier tour (36,45%), pour un scrutin normalement très mobilisateur, laisse craindre une faible participation pour le second tour.

Cette abstention est surtout vue comme un signe de défiance, de mécontentement contre les politiques voire la politique en général. Mais pour le philosophe André Comte-Sponville, invité du Journal inattendu ce samedi 29 mars, on a trop tendance à taper sur les dirigeants et à être compréhensif avec les abstentionnistes.

Je crois que les Français ont leur responsabilité dans la situation qui est la leur

André Comte-Sponville, philosophe

« Il faut rappeler que le vote est un droit mais aussi un devoir. Et aussi que dans une démocratie on a les hommes politiques que l’on mérite », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Arrêtons de laisser croire qu’il y a 60 millions de Français formidables qui sont dirigés par un quarteron d’imbéciles. Je crois que les Français ont leur responsabilité dans la situation qui est la leur. »

Le philosophe souligne que les Français ont élu ceux qui les gouvernent et estime aussi que le métier de ces derniers est tellement difficile que les citoyens « devraient peut-être arrêter de leur cracher systématiquement dessus et essayer plutôt de les soutenir« .

« La France est un des pays les plus difficiles à gouverner en général et à réformer en particulier », ajoute-t-il parce que les Français « voudraient que tout s’améliore dans le pays à condition qu’on ne change rien pour eux, en tout cas rien qui ne représente un sacrifice ».

https://www.rtl.fr/actu/politique/on-a-les-hommes-politiques-que-l-on-merite-dit-le-philosophe-andre-comte-sponville-7770825652