La vocation de servir : guelwaar ou la transformation de la politique-Babacar Diop

  • ed Hermann kala-28 Février 2023  Babacar sera à Paris pour nous parler de son ouvrage puissant et de sa vision du monde. On dira Un sauveur de l’Afrique , allez savoir ….
  • RV dédicace le Samedi 20 Mai 2023 MIE Paris 50 Rue des Tournelles, 75003 Paris  5 mn Métro Bastille. à 18h précises-21h- Entrée gratuite

C’est en 2020 que le Pr Djibril SAMB m’incite à connaître ce jeune universitaire. «Le feu sacré de La Liberté-Mon combat pour la jeunesse africaine- Babacar Diop (homme politique et philosophe -Préface du Pr Djibril SAMB.

Je dis haut et fort que c’est d’abord l’intellectuel et l’universitaire qui m’intéressent et le reste est un bonus. Quand le Pr SAMB me demande de suivre quelqu’un, c’est qu’il est puissant dans sa pensée et armé pour réfléchir le monde avec une Vision.

« J’ai appris à connaître ce garçon quand l’Etat du Sénégal a commencé à arrêter des acteurs politiques, des lanceurs d’alerte. Un universitaire qui réveille les consciences et qu’on arrête pour étouffer sa parole, j’ai dit non et depuis  Paris, j’ai contribué à faire parler de sa situation, son arrestation arbitraire dans un pays dit démocratique. J’ai été sensible aux divers mouvements debout pour réclamer sa libération ; ses collègues, ses étudiants, ses partisans et les citoyens  de tous les bords mais épris de Liberté et de Droit. Une chose , c’est le Pr Djibril SAMB qui m’avait parlé  de lui et me demande de le suivre pour mieux le connaître.

Hier  8 mai 2020 Babacar m’appelle et nous échangeons pendant 25 mn en 2020.

Nous avons parlé de lui, de son arrestation, de philosophie RAWLS  John, de Descartes, du Pr Djibril SAMB, du Pr Babacar Mbaye DIOP, et de Senghor mais aussi de Sémou Pathé Gueye et Kane. Nous avons appris à nous connaître et à Paris nous le recevrons avec tous ceux qui aiment la pensée productive pour le Bien de l’Afrique et des citoyens , comme nous le faisons à chaque fois qu’un intellectuel, artiste, acteur de la cité, pour parler de ses travaux et son engagement politique et citoyen. Pape Bakary CISSOKO »

« Il existe un service de Dieu et un service militaire. De même, il existe un service du peuple. Le religieux se consacre à Dieu et le militaire dédie sa vie à l’armée. L’homme politique consciencieux consacre sa vie à son peuple. C’est un appel intérieur qui guide son engagement et non la quête effrénée de privilèges. La politique n’est pas une profession. Elle est une vocation de servir la communauté. Elle peut conduire jusqu’à donner sa vie pour permettre à d’autres de vivre. C’est cette conviction profonde que je veux partager avec la jeunesse africaine engagée dans la lutte pour une Seconde Émancipation des peuples africains. »

Babacar Diop (Auteur) Pr à l »Université de Dakar UCAD-Philosophie Maire de THIES

Ancien dirigeant du Mouvement étudiant, leader du parti Forces démocratiques du Sénégal (Fds-Les Guelwaars), Babacar Diop est actuellement maire de la ville de Thiès, la deuxième ville du Sénégal. Il est enseignant-chercheur au département de philosophie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Ses recherches portent sur la philosophie morale et politique et la philosophie africaine. Il est candidat à la Présidence de la République sénégalaise en 2024.

Lu dans la presse lequotidien.sn  excellent article 

Ce week-end j’ai répondu avec plaisir à l’invitation de mon ami Babacar Diop, leader des Fds, qui présentait au Musée des civilisations son nouveau livre La vocation de servir (Hermann/Kala). Fidèle à son choix d’articuler une pensée politique avant toute action sur le terrain, Babacar Diop partage avec cet ouvrage quelques-unes de ses réflexions sur la politique, la conquête du pouvoir, l’exercice de l’Etat, le rôle d’un parti, la fonction militante… Il ouvre aussi sa bibliothèque des références et met en exergue des personnages historiques qui ont marqué son itinéraire de militant, d’intellectuel et de responsable public.
Dans La vocation de servir, Babacar Diop rappelle dès les premières pages sa volonté de bâtir des utopies qui éclairent une action publique. La politique n’est pas qu’une donnée matérielle, elle n’est pas non plus uniquement stratégie, tactique et manœuvres, elle a une fonction spirituelle forte qui est de charrier un imaginaire de rupture et de transformation ainsi qu’une espérance. Que sont les gens, notamment les plus précaires, à un moment donné de l’histoire d’une Nation et que veulent-ils devenir ? A quoi aspirent-ils ? Quel est leur rêve d’ascension sociale et de quête de la dignité ? Proposer un horizon, un chemin d’accès et une méthode, c’est aussi le rôle du leader politique dans son exigence de construire une utopie transformatrice.

Le chemin pour être un secours et un espoir pour les gens, ne peut être un assortiment de mesurettes, une expression d’ego ou une combinaison d’outrances. Il faut armer moralement et spirituellement les masses vulnérabilisées pour préparer l’irruption du moment transformateur. Babacar Diop écrit à ce propos : «En vérité, il n’y a pas de processus révolutionnaire sans conscience critique.» C’est donc par le savoir, la quête effrénée et sans relâche de la connaissance et sa sanctification de qu’on aspire à changer radicalement une société, surtout lorsque celle-ci est gangrénée par les inégalités et diverses impasses morales.

Dans le texte, somme de récits dont beaucoup ont été écrits en prison -on voit le parallèle avec les célèbres Cahiers de prison de Gramsci-, l’auteur nous invite à prendre au sérieux son mouvement en martelant que celui-ci sera majoritaire dans le pays et sera apte à gouverner. Ce point est très intéressant dans la mesure où l’auteur récuse l’étiquette d’activiste et d’agitateur de causes, il est un homme politique soucieux d’arriver au pouvoir et de décliner son programme. Il cite certains grands moments de ferveur populaire appelés «mouvements des places», notamment à la Place Tahrir, à Place Bardo, à Puerta del Sol. Il s’en inspire certes, mais rappelle tout de suite que les Fds reprennent toutes ces luttes dans leur mémoire mais pensent que la transformation de l’action de la rue se fera à l’intérieur des institutions, au cœur du pouvoir.

La vocation de servir reprend les thèmes phare du maire de Thiès depuis son irruption dans le champ politique, d’abord au Parti socialiste puis à la tête d’une nouvelle formation politique. A ce sujet, l’auteur prévient le lecteur dès le début du livre. Il insiste sur le fait que Fds-Les Guelewars est un parti de combat et de gouvernement. Un mouvement radical dans l’approche mais jamais promoteur de désordre et un mouvement responsable dans la prise en compte des exigences de la gestion publique. Les thèmes qu’il reprend, en lien avec la volonté de bâtir un socialisme sénégalais de type nouveau et en cohérence avec les nouvelles réalités du siècle, vont d’un nouveau printemps démocratique à l’écologie, en passant par la démarchandisation du monde et l’unité des progressistes africains autour de nouveaux enjeux de lutte politique et sociale.

Le livre de Babacar Diop est aussi rempli de références politiques et intellectuelles dont l’éclectisme renseigne sur la culture de l’homme et son érudition. C’est le livre d’un lecteur dont les emprunts sourcés traversent la matière. Tour à tour on croise les écrits de Senghor, Mamadou Dia, Djibril Samb, les attitudes en des moments historiques de Abraham Lincoln, de Oumar Ibn Abdel-Aziz, les positions morales radicales de Sembène ou l’itinéraire de Thierno Souleymane Baal. Ces personnages ont inspiré un texte ambitieux et exigeant sur la République, l’Etat, la politique, la gauche et les valeurs que la politique devrait élever au premier rang : la droiture, l’intégrité, la complexité et le sens de l’histoire et du destin. C’est enfin un livre qui appelle au changement de la nature profonde du politique au Sénégal ; sur la nécessité de passer du Nguur qui peut signifier puissance et jouissance au Denkane qui peut être traduit comme acte de confiance. En somme, la politique, comme vocation de servir.
Par Hamidou ANNE
hamidou.anne@lequotidien.sn