Kaboul : la capitulation, mais aussi la honte, la gabegie, le chaos !

Vingt ans, vingt ans pour cela ! Pour assister au retour au Moyen-Age de l’Afghanistan, pour voir les femmes tomber à nouveau sous la férule de barbares illettrés, pour voir s’appliquer la charia, à l’encontre de la dignité humaine et de toutes les libertés, publiques et individuelles.
Vingt d’une occupation américaine inutile. Vingt ans de régimes successifs, tous corrompus. Vingt ans où l’Amérique a voulu exporter sa démocratie à coup de dollars et de hot-dogs. Le meilleur exemple a été la fuite, honteuse, du dernier président d’un régime pourri porté à bout de bras par l’occident, lâche parmi les lâches, avec 160 millions de dollars en poche, détournés du trésor public.
Vingt ans durant lesquels 4 000 soldats sont morts dont 90 français, sans compter les civils afghans, … pour rien, autant de sacrifices inutiles ! Aujourd’hui nous pensons aussi à eux, entraînés dans une aventure sans lendemain, à laquelle les dirigeants politiques leur ont demandé de croire.
Vingt ans au cours desquels l’Amérique a dépensé, en pure perte, 2000 milliards de dollars pour des programmes de développement fantômes, des régiments afghans n’existant que sur le papier. La catastrophe humaine, économique et sociale est à la mesure de la déroute, dantesque !
Vingt ans, où après avoir redonné espoir à un peuple brisé par les guerres incessantes, y compris entre tribus, elle laisse derrière elle le chaos, des rêves et des vies brisées.
Au Vietnam, elle a cru régler le problème au Napalm, cela a été un échec, en Iran pour avoir soutenu un Shah détesté, honni, elle a permis l’installation d’ayatollahs et de mollahs après avoir été humiliée par une prise d’otages de ses diplomates à Téhéran, en Irak elle a, pour s’assurer de ses approvisionnements en pétrole, (il n’y avait pas d’armes de destruction massive) généré l’anarchie dans le pays.
Elle a envahi l’Afghanistan au prétexte de l’attentât du 11 septembre 2001 à New-York, aujourd’hui, 20 ans après, les talibans ont repris le pouvoir à Kaboul, Al Qaida existe toujours, en plus de l’Etat islamique, Boko Haram, etc.
La plus grande armée du monde libre, la plus grande puissance économique du monde (jusqu’à quand ?) est un colosse aux pieds d’argile qui est victime, à l’intérieure même des USA, de ses propres mouvements extrémistes comme on l’a vu lors de l’assaut du Capitole, de ses racistes, survivalistes, etc.
Le départ de Kaboul a été aussi humiliant que celui de Saigon, Téhéran, et Bagdad. l’Amérique laisse derrière elle des champs de mines et un champ de ruines. Quel pays, quelle population pourra demain lui faire confiance ? Sûrement pas les femmes afghanes qui vont retourner à l’âge de pierre, après avoir connu les séries américaines à la télé. Qui acceptera demain de combattre et de mourir pour défendre les libertés, qui ?
L’Amérique m’a profondément déçu, elle n’aura réussi durant tout ce temps qu’à faire tourner ses industries de l’armement et enrichir des fabriquant de mort.
Aujourd’hui la statue de la Liberté est revêtue d’un Niqab, et à travers sa fenêtre grillagée l’Amérique peut voir le monde qu’elle laisse dans son sillage, un monde de désolation. Son rayonnement s’est éteint. Elle n’est plus ce phare qui éclairait l’humanité.
Oui je suis très triste, et aussi très en colère contre ce renoncement, cet abandon des valeurs humanistes au profit de la barbarie. Assurément l’Amérique des Nixon, des Bush et des Trump, n’a plus grand chose en commun avec cette Amérique qui, le 6 juin 1944, débarqua ses boys sur les côtes de Normandie pour libérer l’Europe du joug nazi. Aujourd’hui les pères fondateurs de la bannière étoilée doivent se poser la question : Amérique qu’as-tu fait de ta grandeur passée ?
Jean-Yves Duval, Directeur d’Ichrono
PS : les dessin sont de mon ami Paul Baringou, avec qui je partage une pensée attristée et douloureuse pour les femmes afghanes.