Jean-Pierre Obin (Auteur) Les profs ont peur

Et pourquoi alors, dans les autres pays, on peut parler de tout, les élèves savent que l’ignorance est mère de tous les vices. Un professeur enseigne et donne à connaître et invite à la critique argumentée… »Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leur parole, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là en toute beauté et toute jeunesse le début de la tyrannie« . Platon-La République    P B C

Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur de l’Éducation nationale.

Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, où en est l’école et sa grande ambition laïque ? Les professeurs peuvent-ils encore tout enseigner ? Les élèves osent-ils toujours prendre la parole ? Une enquête inédite, par l’auteur du fameux « rapport Obin ». Donner un cours sur la Seconde Guerre mondiale sans évoquer le sort des Juifs, ne plus sanctionner les propos antisémites ou homophobes, devoir fermer les yeux devant des tenues manifestant une appartenance religieuse : c’est désormais le quotidien, en France, de nombreux professeurs. Quatre enseignants sur cinq reconnaissent craindre les conflits avec des élèves influencés par une idéologie politico-religieuse ; un sur deux admet s’être déjà censuré ; la peur contamine même les deux tiers de ceux qui enseignent l’histoire et l’éducation morale et civique… Jean-Pierre Obin a recueilli les témoignages de tous ces professeurs qui baissent la tête par crainte des réactions d’élèves et de parents. Pendant que ces petits et grands renoncements se multiplient dans les classes, c’est l’école républicaine qui souffre et la laïcité qui se réduit comme peau de chagrin… Ce livre appelle les responsables politiques et institutionnels à regarder ces réalités en face et à faire preuve de courage pour sauver l’école de la République – une école qui ne se couche pas devant l’obscurantisme et le fanatisme. Pour l’auteur, l’urgence est de former, soutenir et protéger les enseignants, et favoriser la mixité scolaire, afin de sortir les élèves et les établissements d’un entre-soi social, ethnique et religieux mortifère.

Quand les profs ont peur, ils se taisent

Dans son nouveau livre, « Les profs ont peur », l’ancien inspecteur de l’Éducation nationale Jean-Pierre Obin alerte sur la poussée de l’autocensure chez les enseignants.

Par Alice Pairo-Vasseur

Renoncer à enseigner la laïcité, fermer les yeux sur un certificat de complaisance exonérant de sport, s’abstenir de sanctionner par peur de stigmatiser… C’est, aujourd’hui, le quotidien de nombreux professeurs. Plus d’un enseignant sur deux déclare s’être déjà censuré par peur d’incidents, révélait l’Ifop dans l’enquête « Les enseignants face à l’expression du fait religieux à l’école et aux atteintes à la laïcité », en décembre 2022 et février 2023. Ces chiffres, « particulièrement préoccupants », ont poussé l’ancien inspecteur général de l’Éducation nationale Jean-Pierre Obin à investiguer et à publier Les profs ont peur. École & laïcité : enquête sur le grand renoncement (Éditions de l’Observatoire).

Autre livre

RÉSUMÉ

« J’ai écrit ce livre pour briser le silence qui règne sur la montée de l’islamisme, sur ses ravages parmi les jeunes et sur les dégâts qu’il provoque dans notre école publique. Pendant longtemps, le silence a été la seule réaction  : la célèbre formule “Surtout pas de vagues !” a permis pendant vingt  ans de mener une confortable politique de l’autruche.
J’ai écrit ce livre parce que je suis attaché à la laïcité  : ce principe républicain nous protège et protège nos libertés, celle de croire ou de ne pas croire, celle de pratiquer librement un culte, celle de changer de conviction, celle de critiquer les religions ou l’absence de religion et, pour les parents, celle de confier leurs enfants à l’école publique sans crainte qu’ils y soient harcelés ou endoctrinés.
J’ai écrit ce livre parce que le temps presse et qu’il y a maintenant urgence à  agir. » (J.-P.  Obin)

 

Les professeurs ont peur. Trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, où en est l’école et sa grande ambition laïque ? Les professeurs peuvent-ils encore tout enseigner ? Les élèves osent-ils toujours prendre la parole ? Une enquête inédite, par l’auteur du fameux « rapport Obin »1.

Plus d’un enseignant sur deux déclare s’être déjà censuré par peur d’incidents, révélait l’Ifop dans l’enquête « Les enseignants face à l’expression du fait religieux à l’école et aux atteintes à la laïcité », en décembre 2022 et février 2023. Ces chiffres, « particulièrement préoccupants », ont poussé l’ancien inspecteur général de l’Éducation nationale Jean-Pierre Obin à investiguer et à publier « Les profs ont peur

Départ du proviseur : au lycée Maurice-Ravel, «les profs n’en parlent pas parce qu’ils ont peur des élèves et de leur réaction»

Au lendemain du départ du chef de l’établissement menacé de mort après une altercation avec une élève sur son voile, une chape de plomb s’est abattue sur la cité scolaire du XXe arrondissement de Paris, entre lycéens laissés dans le flou et professeurs inquiets.

Au lycée Maurice-Ravel de Paris, le 5 mars. (Raphael Lafargue/ABACA)

par Coppélia Piccolo

10h30 au lycée Maurice-Ravel, la récré arrive à son terme. Quelques retardataires se précipitent en ce mercredi 27 mars devant les grilles de l’établissement, dans le XXe arrondissement de Paris, qui accueille près de 300 collégiens, plus de 1 200 lycéens et 250 étudiants de BTS. Une femme à vélo s’engouffre dans le bâtiment et feint d’ignorer les caméras postées sur le trottoir. «La situation est assez compliquée comme ça en ce moment, pas besoin de remuer l’affaire», lâche un professeur qui accélère le pas. Il n’en dira pas plus.

«L’affaire» est pourtant sur toutes les lèvres : le proviseur du lycée a quitté ses fonctions mardi pour des «raisons de sécurité», a déclaré ce dernier dans un message adressé à l’équipe du collège, cité par le journal l’Humanité. Le proviseur a expliqué avoir «pris la décision» de quitter ses fonctions «par sécurité pour [lui], et pour l’établissement». «Je pars après sept ans, riches et intenses passés à vos côtés, mais aussi après quarante-cinq ans dans l’Education nationale», a-t-il ajouté. Il était menacé de mort sur les réseaux sociaux depuis fin février,