Institut Sainte-Jeanne-d’Arc : Une controverse inutile et dangereuse

 Une controverse est en train de naître au Sénégal qui à mon sens n’a pas lieu d’être et risque d’enflammer inutilement les esprits dans une période ou notre pays a besoin plus que jamais d’un climat de paix. Il s’agit de la polémique liée à l’Institution Sainte-Jeanne-d’Arc très connue à Dakar.

Dans cette école de confession catholique le règlement intérieur stipule qu’aucun signe distinctif religieux n’est possible par respect de la laïcité voulue par la République Sénégalaise. Cette décision, les parents en ont été informés plusieurs mois avant la rentrée scolaire et c’est donc au mépris de celle-ci que quelques-uns d’entre eux ont permis à leur fille de se présenter en classe vêtue d’un voile.

Faut-il rappeler que si 90 % de la population sénégalaise est de religion musulmane modérée, essentiellement soufie, notre pays n’a jamais connu durant toute son histoire de conflit inter-religieux, que les catholiques sont libres de pratiquer leur culte depuis le 15ème siècle et que plus de cinq cent mille d’entre eux sont aujourd’hui répartis dans plusieurs diocèses. Si donc des familles musulmanes décident de confier l’éducation de leurs enfants à une école chrétienne elles doivent en accepter les règles surtout lorsque celles-ci ne contreviennent pas aux dispositions d’ordre public.

J’insiste, au Sénégal musulmans et chrétiens ne font pratiquement, si j’ose dire qu’une seule communauté et il serait dommageable de vouloir les opposer. La plupart d’entre nous sont ainsi issus d’un père musulman et d’une mère catholique ou inversement et c’est ce qui fait de notre pays un cas unique, exemplaire dans sa cohésion.

Il ne faudrait surtout pas que le fanatisme et le dogmatisme fasse leur entrée dans nos cours de récréation et soient source de conflits voire d’agressions comme cela se passe dans des pays voisins du Sénégal pour des motifs confessionnels. Nos différences loin de nous diviser nous enrichissent

Nous avons cette grande chance au Sénégal de voir cohabiter différentes religions dans la concorde, c’est un bien précieux et un exemple de tolérance que nous montrons au monde entier. Le bien-vivre ensemble ne doit en aucun cas être remis en question et il appartient au Ministère de l’éducation nationale de veiller à la bonne application des règlements qui régissent tous les établissements scolaires, publics ou religieux.

Pour en revenir à l’Institution Sainte-Jeanne-d’Arc ne cherchons pas à en faire un problème religieux, il s’agit seulement de l’application normale d’un règlement intérieur, comme il en existe partout, dans les administrations et dans les entreprises.

Ne laissons pas certains individus aux noirs desseins jouer les pyromanes et enflammer les enceintes scolaires qui doivent rester des sanctuaires consacrés à l’enseignement de nos enfants dans le respect de chacun. Ne laissons personne, au nom de je ne sais quel motif fallacieux, briser la belle harmonie qui caractérise notre bien vivre ensemble. Je terminerai en rappelant ces mots d’Alphonse Kar qui illustrent parfaitement ce qui précède : « Le bonheur n’est pas un gros diamant, c’est une mosaïque de petites pierres différents harmonieusement rangées ». On ne peut mieux dire.

Ibrahima Thiam

Président du mouvement « Un Autre Avenir »