Habitant de nulle part, originaire de partout Poche – de Souleymane Diamanka  ( histoire peulh/cf A Hampathé BA)

« Le peulh se dit et se raconte comme un fleuve qui traverse les lieux sans rechigner-   confluences et traditions.  pour un monde métisse de rencontres-Cet auteur a été inspiré par Amadou Hampathé BA.. et d’autres – La langue maternelle a bercé son enfance, les sonorités ont aiguisé sa pensée  Pape B CISSOKO

La voix pleine de sourires et pleine de larmes
Sincère comme ce père noir qui repart en pleurs d’un parloir
J’ai eu la chance quelque part d’avoir été sauvé par l’art oratoire

Ce volume se compose des textes de l’album L’Hiver peul mais aussi de nombreux poèmes inédits de Souleymane Diamanka. L’auteur jongle avec les mots, les fait  » métisser « . Sa poésie prêche l’oralité, apparie avec finesse ses cultures peule et européenne, parce qu’il est fier d’être  » habitant de nulle part et originaire de partout « , dépositaire d’un chant intemporel, d’un appel à l’Amour, à la Tolérance et à la connaissance de l’Autre.

Bordelais d’origine peule, Souleymane Diamanka est l’auteur d’un premier album de slam, intitulé L’Hiver Peul (2007). Après J’écris en français dans une langue étrangère et Écrire à voix haute en co-écriture, Habitant de nulle part, originaire de partout est son troisième ouvrage.

Souleymane Diamanka est un poète-slameur et acteur franco-sénégalais

présenté par : François Busnel Grande librairie

Voici des histoires qui viennent de loin et qui s’arrêtent nulle part… Souleymane Diamanka est un véritable griot, un poète-slameur qui jongle avec les mots. Dans « Habitant de nulle part, citoyen de partout » publié aux éditions Points, il explore une poésie orale qui est un appel à l’amour, à la tolérance et à la connaissance de l’autre.

Mercredi 17 mars, François Busnel a reçu dans “La Grande Librairie” trois invités pour regarder le monde différemment, dont Souleymane Diamanka, slameur-poète du quartier des Aubiers à Bordeaux

Souleymane Diamanka est venu présenter aux téléspectateurs de France 5 son nouveau livre “Habitant de nulle part, citoyen de partout” (Éditions Points), où il explore une poésie orale qui est un appel à l’amour, à la tolérance et à la connaissance de l’autre. Originaire “du monde peul”, il raconte son éducation, en peul à la maison, en français en dehors.

« On a plusieurs façons de nommer les choses car le monde qui nous entoure nous dépasse et personne n’a la vérité. » 

Le poète explique comment il a vécu ce mélange de cultures : “Tous les adages, les aphorismes, les contes, je baignais dedans. J’avais beau être bordelais, on me racontait que ma famille que ma famille venait de la vallée du Nil, qu’elle avait traversé toute la ceinture du Sénégal (…) En fait je suis de partout, c’est la même langue qui voyage, le peul est une langue extrêmement riche qui m’a aidé dans ma manière de jouer avec le français.”

Souleymane y a évoqué l’évolution de la langue française, le rap, son quartier des Aubiers, son amour des langues, du rythme, entre le conteur Henri Gougaud et l’autrice Sophie Nauleau.

In le monde

Edition : Alain Mabanckou intronise le slameur Souleymane Diamanka

A la tête de la collection Points Poésie, l’écrivain congolais voit chez le natif de Dakar une manière de « raconter un monde en train de se métisser ».

Par Séverine Kodjo-Grandvaux

Publié le 28 mars 2021 à 09h00

Temps deLecture 3 min.

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Le slameur bordelais Souleymane Diamanka. ISABELLE DOHIN / CREATIVE COMMONS

C’est un diamant taillé par les mots et les vers peuls qu’a choisi d’éditer Alain Mabanckou pour sa prise de fonction à la direction de la collection Poésie des éditions Points. Un Diamanka « bercé par les vocalises silencieuses de [s]es ancêtres », « descendant de Bilaali Sadi Hol le bien nommé / Haal pulaar ». Souleymane Diamanka, donc, figure bordelaise du slam dont le « baobab généalogique a ses racines en Afrique / Et sa cime en Europe ».

Le recueil Habitant de nulle part, originaire de partout rassemble les textes de l’album L’Hiver peul (2007) et de nombreux inédits. Le natif de Dakar, qui a grandi en France dès son plus jeune âge, y rêve le continent « comme l’enfant adoptif rêve de ses vrais parents ». Une poésie imprégnée d’une culture africaine qui joue avec les langues et se réinvente depuis une vingtaine d’années grâce aux rappeurs.

« En Afriquela poésie est première, le roman second », analyse Romuald Fonkoua, professeur de littérature francophone à l’université Paris-Sorbonne. La littérature africaine a longtemps été influencée par les grandes figures de la négritude : Aimé Césaire, Léon-Gontran Damas et Léopold Sédar Senghor étaient tous poètes. Mais, avance Alain Mabanckou, « aujourd’hui ce sont les slameurs et les rappeurs qui renouvellent le genre, les chanteurs aussi ; je pense par exemple à Koffi Olomidé, dont les textes en lingala pourraient tout à fait être publiés dans une traduction française ».

En Afrique, « la poésie se fait rue »

« Il est vrai que sur le continent, la poésie ne se fait plus livre mais elle se fait rue, confirme Romuald Fonkoua. Elle passe presque essentiellement par le hip-hop et des slameurs qui s’expriment en langue locale : wolof, kinyarwanda, kikongo… et non plus nécessairement en français. » Selon lui, « en publiant Souleymane Diamanka, Alain Mabanckou saisit un moment de la poésie africaine avec un homme de scène qui a pu construire en vingt ans une œuvre aussi forte que celle de [l’écrivain congolais] Tchicaya U Tam’si ».

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C’est ce qui a séduit Alain Mabanckou, qui voit en Souleymane Diamanka cette même manière de « raconter un monde en train de se métisser, où il ne sert à rien de bêler son particularisme ». Des textes qui rappellent le poème Epitaphe de Tchicaya U Tam’si, dans le recueil Arc musical :

« Je prédis une babel
en acier inoxydable
ou de sang croisé
mêlé à la lie de toute crue !
Après l’homme rouge,
après l’homme jaune,
après l’homme noir,
après l’homme blanc,
il y a déjà l’homme de bronze
le seul alliage au feu doux
praticable déjà mais à gué. »

« Dire comment l’Afrique entre dans la mondialisation, va dans le Tout-Monde avec le bagage qui est le sien pour le partager avec tous, c’est ce que je recherche et veux publier. Souleymane Diamanka le fait en traversant les cultures et en travaillant les langues française et peule », revendique Alain Mabanckou.

« Les femmes sont peu publiées »

Pour Romuald Fonkoua, la nomination du Congolais à la direction de la collection Points Poésie est « une sorte d’aboutissement de la rénovation de la poésie africaine et une suite logique : des grands poètes de la négritude comme Césaire, Senghor, mais aussi des auteurs comme Daniel Maximin ou René Depestre y sont présents. Alain Mabanckou y avait réédité son recueil Tant que les arbres s’enracineront dans la terre et une anthologie de la poésie africaine regroupant des textes de Birago Diop, Jacques Rabemananjara, Bernard Dadié, Tchicaya U Tam’si, Léopold Sédar Senghor et Jean-Baptiste Tati Loutard ».

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Depuis février, parmi les six publications de la collection, cinq concernent les mondes africains et caribéens. Concomitamment au recueil de Souleymane Diamanka est paru Ces îles de plein sel, du Haïtien Louis-Philippe Dalembert, qui a été précédé par deux rééditions de Césaire et suivi de La Monnaie des songes, de Marie-Christine Gordien, originaire de la Guadeloupe et « première femme noire publiée par cette collection », note Romuald Fonkoua. Le spécialiste rappelle que jusqu’à présent, les poétesses noires ont surtout été éditées en France par Présence africaine. Et de préciser : « En Afrique, hormis quelques figures comme Tanella Boni ou Véronique Tadjo, les femmes sont peu publiées. Celles qui passent par le slam ne le sont pas du tout. »

Pour autant, Alain Mabanckou, qui a à cœur faire connaître davantage de voix féminines, prévient : « Je ne vais pas publier que de la poésie africaine ou du monde noir. Le prochain titre est celui de la Finlandaise Sofi Oksanen, Une jupe trop courte. Mais je ne vais pas non plus m’interdire de le faire, d’autant que l’espace francophone africain est de moins en moins le champ d’expression de la poésie, faute d’éditeurs. Or la poésie, parce qu’elle est un cri, est ce qui s’exprime le mieux sous les dictatures. »

Habitant de nulle part, originaire de partout, de Souleymane Diamanka, éd. Points, collection Points Poésie, 144 pages, 7,30 euros.

Morceaux choisi

sHabitant de nulle part, originaire de partout de Souleymane Diamanka

Le vœu exaucé de Dieneba

En rêve j’ai appris à chevaucher le vent
Tout devient possible
Je suis le fils d’une femme qui ne pouvait plus
avoir d’enfant
Et quand j’écoute mon âme c’est le chant des gitans
du Sahel que j’entends
Je m’appelle Dua Jaabi… Dua Jaabi Jeneba…
Le vœu exaucé de Dieneba

 

Habitant de nulle part, originaire de partout de Souleymane Diamanka

Bétail de béton

Pour ne pas que les bâtiments s’enfuient
La nuit nous les gardions
Nous êtions les bergers immobiles
D’un bétail de béton.

 

 

BRAEM   14 avril 2021

Souleymane Diamanka

Si quelqu’un te parle avec des flammes

Répond-lui avec de l’eau

Sache que le seul combat qui se gagne

C’est le duel qui devient duo

Je sais que les braves savent se battre
Et lutter pour leurs droits jusqu’à l’aube
Mais dis-leur que la paix guérit et la guerre périt
Quand la plus belle âme des deux ennemis pardonnent à l’autre
Si quelqu’un te parle avec des flammes
Répond-lui avec de l’eau demain il sera des nôtres
Dehors ce qui se nourrissent de l’éclat de l’or
Essaient de faire peur aux pauvres
Il fait sombre dans les songes que l’orateur peul colore
Mais il paraît que l’heure la plus noire de la nuit précède de peu l’aurore
Si quelqu’un te parle avec des flammes
Réponds-lui avec de l’eau.

récité dans l’émission « La grande librairie »