Il y a une semaine tout le monde s’attendait à ce que le pays soit « reconfiné » une troisième fois. Des signes avant-coureurs, des fuites, orchestrées ou non, des indiscrétions, etc. chacun sur les plateaux télé y allaient de son petit grain de sel pour expliquer que l’épidémie avait atteint un point de non retour et qu’il fallait, une nouvelle fois, que les français rentrent dans leur coquille dans un intérêt sanitaire.
Et puis patatras, le Premier ministre Jean Castex est apparu et a fait taire les rumeurs, La France n’allait pas revivre, pour l’instant du moins, les affres d’un enfermement. Son apparition au petit écran nous avait déjà éclairé avant même d’entendre ses propos car c’est à Emmanuel Macron qu’il était revenu jusque-là, en mars et en novembre, d’annoncer aux français la mauvaise nouvelle. Cette décision relève de sa seule autorité et il se doit de l’assumer.
Pourquoi ce changement de cap à 180° ? Pourquoi n’avoir pas cédé, contrairement aux fois précédentes, aux injonctions du docteur Diafoirus, ce médecin imaginé par Molière pour sa pièce « Le malade imaginaire » ? Pourquoi avoir rejeté les prescriptions et autres ordonnances de ces Docteurs Knock, en référence à la pièce de théâtre où Jules Romains dénonçait la manipulation de la médecine, qui ne cessent de palabrer sur les plateaux de BFM, Itélé, LCI à longueur de temps au point de se demander s’ils n’ont pas échangé leur stéthoscope pour un micro ? Pourquoi, ce faisant, avoir donné à penser que loin de sauver le malade les médications de tous ces beaux esprits scientifiques risquaient de le tuer ? Depuis quelques mois la France à découvert qu’au-delà de leur médecin généraliste il existait une ribambelle de spécialistes, tous plus qualifiés les uns que les autres pour nous débarrasser du virus : urgentistes, épidémiologistes, anesthésistes, infectiologues, immunologues, j’en passe et des meilleurs, parfois d’accord entre eux quant au diagnostic, le plus souvent en opposition. Sont alors apparus plus récemment, les psychologues et psychiatres devant éviter aux survivants de la pandémie … de mourir de solitude, de chagrin et d’isolement. Ceux qui ne décédaient pas du Covid 19 risquaient bien, en effet, de disparaître des suites de pathologies anxieuses. Finalement comme le dit un proverbe africain, « la mort est un vêtement que chacun portera un jour », la seule question est : sous quelle forme, costume ou complet veston ?
Il est vrai que les chiffres de dépressions nerveuses et des tentatives de suicides sont alarmants, de même que les violences conjugales consécutives au confinement, et qu’il fallait enrayer au plus vite cette montée vertigineuse des chocs post-traumatiques. Les seuls à être satisfait dans cette histoire sont les médecins qui interviennent pour les accidentés de la route, la France ayant connu en 2020 une baisse historique du nombre des morts … du fait précisément du confinement. Et cet hiver le même phénomène s’est reproduit avec une grippe en nette régression du fait du respect des gestes barrières.
Mais revenons à nos moutons, pourquoi notre président Bonapartiste n’a-t-il pas suivi les avis de la faculté (de médecine) ? Pourquoi ce soudain sursaut gaullien ? On se souvient en effet que le général, lui aussi, avait refusé de céder aux exigences des économistes qui réclamaient une dévaluation du franc. Il avait d’ailleurs eu ses mots restés célèbres « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille », (allusion à la Bourse) Et bien, précisément, Macron s’est souvenu que tous ces professionnels de la seringue et du tensiomètre n’avaient aucun pouvoir légitime pour dicter leur loi au pays,. Alors que lui a été investi par le suffrage universel. Il était temps de leur rappeler. La preuve, tiendra-t-on rigueur à ces professionnels de santé des 80 000 morts pour cause de coronavirus ? Que nenni et heureusement. En revanche, dans un an, les français ne manqueront peut-être pas de rappeler à l’actuel chef de l’Etat sa responsabilité, et le renverront peut-être à ses chères études. Ou pas.
Notre pays par le passé à cédé à de nombreuses dictatures, celle des profs, des syndicats, des magistrats, etc. et aujourd’hui il était à craindre qu’il ne plie devant celle des scientifiques. En s’y opposant, E. Macron leur a rappelé, ainsi qu’aux Français, qu’au-delà du facteur sanitaire, il y a aussi d’autres paramètres dont il faut tenir compte, l’économie, l’état psychologique de la population, l’éducation et l’avenir des jeunes, les faillites d’entreprises en cascade, le chômage etc. Or, tout de cela aucun épidémiologiste, ou autre urgentiste, n’est en mesure de le mesurer. Et en prenant cette décision, en renvoyant sine die un éventuel nouveau confinement E. Macron a tenu à remettre l’église au centre du village. C’est aussi ce qui s’appelle la solitude du pouvoir.
Jean-Yves Duval, Directeur d’Ichrono
P.S. Il va de soi que j’ai une profonde admiration pour tous les personnels de santé, du médecin à l’infirmière qui depuis un an se dévouent admirablement pour sauver de vie et que leur opinion est des plus respectable. La question posée par cet édito vise seulement à rappeler que des personnes ont été élues pour gouverner notre pays et que c’est à elles seules qu’il revient de prendre des décisions de nature politique.