L’opposant sénégalais Ousmane Sonko aurait-il été piégé par une prostituée ?

Quand on aime le Sénégal on ne peut que s’inquiéter de la situation de ces derniers jours à Dakar où des jeunes émeutiers se sont opposés, souvent violemment, aux forces de police. Cause de ce soulèvement populaire dans une période où l’Etat d’urgence sanitaire interdit les rassemblements sur la voie publique, Ousmane Sonko, figure de l’opposition sénégalaise que ses partisans soupçonnent d’être tombé dans un piège sexuel  assez semblable à celui de Dominique Strauss-Kahn.

Celui qui est arrivé en troisième position lors des dernières élections présidentielles est en effet accusé de viol et de menaces de mort à l’égard d’une jeune femme exploitant un des nombreux salons de massage de la capitale. Or, Sonko est non seulement député mais aussi président du parti Pastef , autrement dit ce n’est pas un quidam quelconque. Et on peut comprendre qu’il ait refusé de se rendre à la convocation de la gendarmerie tant que son mandat de parlementaire n’a pas été levé. La loi, en l’occurrence son immunité, doit s’appliquer de la même façon pour tous, même si cela déplaît au pouvoir en place. Les opposants ont des droits, comme tout citoyen, y compris dans un dossier délictuel ou criminel.

Voilà pour l’aspect légal des choses. Sur le fond de l’histoire, et en attendant que la justice se prononce, deux questions se posent, Sonko a-t-il, oui ou non exercé des violences à l’égard de la jeune femme d’une vingtaine d’années  afin d’obtenir des rapports sexuels et l’a-t-il violé ? La seconde est : celle-ci exerce-t-elle, comme c’est le cas dans de nombreux salons de ce genre à Dakar, au-delà d’une activité de massage « thérapeutique » (mal de dos par exemple) celle de masseuse d’agrément, pour le dire joliment, ou plus crument  de prostituée.

A l’heure ou Macky Sall, l’actuel chef de l’Etat maintient le flou sur l’éventualité d’une candidature à un troisième mandat (malgré la limite de deux instaurée après une révision constitutionnelle approuvée en 2016) les théoriciens complotistes ont vite fait de s’emparer de ce fait divers, car les mêmes se souviennent que par le passé Karim Wade (fils de l’ex-président Abdoulaye Wade)  et Khalifa Sall (ancien maire déchu de Dakar) ont été opportunément poursuivis et condamnés, et de ce fait empêchés de se présenter à la présidentielle de 2019.

Alors, Ousmane Sonko s’est-il mis, lui-même, en fâcheuse posture, si l’on peut dire, ou le pouvoir actuel tente-t-il de le compromettre en vue d’éliminer un candidat gênant ? Sans vouloir faire de mauvais jeu de mot, ce serait un coup bas.

Jean-Yves Duval, directeur d’Ichrono