Didier Raoult la coqueluche des réseaux sociaux, de M. Onfray et des gilets jaunes

Evidemment dit ainsi, cela ressemble à un assemblage de bric et de broc, du mariage de l’eau et du feu car qui y-a-t-il de commun entre Christophe Chalençon une des figures des gilets jaunes, qui appelait récemment au soulèvement populaire contre l’Elysée, et l’éminent professeur de médecine qui dirige un établissement prestigieux à Marseille ? Rien ! L’un est éminement sérieux et infiniment respectable et l’autre pas. Et entre ce même Chalençon et le distingué philosophe Michel Onfray, rien non plus, le second aveuglant le premier de sa culture et de ses humanités greco-latine. Alors comment expliquer cette recontre incertaine entre carpe et lapin ? Sans doute un goût marqué pour le populisme et le rejet des élites, qui est leur élément fédérateur, le ciment qui les relie entre eux. En sachant que si Chalençon n’est pas une élite, (ou alors de la sédition) on ne peut pas en dire autant des deux autres même s’ils s’en défendent vaillamment. 

Didier Raoult est donc la nouvelle coqueluche des réseaux sociaux et du » Front populaire » de Michel Onfray. Non pas la version 1936 mais celle, modernisée de 2020. Il aurait peut-être pu et du éviter ce copier/coller.  Et si le Front populaire d’hier affichait franchement ses convictions à gauche, ici on à plutôt à faire à une revue/mouvement attrape-tout, de l’extrême-gauche à l’extrême droite. C’est comme dans toutes les nichées il n’est pas toujours facile de s’y retrouver, mais on y arrive avec un peu de patience. D’ailleurs les « gilets jaunes AOC » comme appellations contrôlées, eux aussi, sont derrière cette blouse blanche. Raoult c’est aussi la revanche des marseillais contre les parisiens, des marseillais qui ne supportent pas  la prédominance du PSG sur l’OM et qui restent nostalgiques du vieux temps où avec les Versaillais ils firent la fête à Louis XVI et un peu plus tard à celle de Marie-Antoinette. Bis repetita : En 2020 les gilets jaunes veulent, eux aussi, mettre la tête de Macron en haut d’une pique et s’en prendre à l’Elysée à défaut des Tuileries. L’histoire est un éternel recommencement. Elle commence dans la fête et finit dans la tragédie.

Le pot de terre Pujadas contre le pot de fer Raoult

Les souverainistes et les populistes de tout poil ont donc trouvé avec le professeur marseillais leur étendard et un porte-voix. Et sur LCI, face au professeur Nimbus David Pujadas, le bon géant a donné de la voix. Avec brio, suffisance (son égo est proportionné à sa taille) en pourfendant (à juste titre) les élites parisiennes, ce microcosme politique et médiatique qui a table ouverte à St-Germain-des-prés ou à la brasserie LIP, oubliant que « lui » appartient à l’élite, « scientifique » BAC + 20. Et non pas hexagonale, mais mondiale ! Sur le coup Pujadas a encore perdu quelques centimètres ! La pâle copie de PPDA s’est d’ailleurs fait taper sur les doigts à plusieurs reprises, souvent à juste titre, car dans l’échelle algorithmique des connaissances il avait des difficultés à faire la différence entre un joueur de football de Nationale et un joueur de L1. ( on était loin de la Chloroquine …) Un peu piteux l’ancien présentateur « ablette » de TF1 face au gros poisson qui depuis quelques mois bouche le port de Marseille de son imposante stature et qui hier occupait intellectuellement et physiquement la petite lucarne de LCI. Qu’avait-il aussi à évoquer le nouveau look de Raoult à la JC, 2000 ans après JC ? Avec la chloroquine, Raout ne prétend pas accomplir de miracles, mais seulement guérir. Déjà ce médicament, est fort apprécié en Afrique où il soigne efficacement le paludisme depuis des décennies, alors si en plus il peut anéantir le méchant Covid-19 chinois, lutter contre la grippe et les rages de dent qui s’en plaindrait. L’essentiel est qu’il ne tue pas le malade fragile du cœur en terrassant le virus. Pourquoi également  lui reprocher ses « coups de gueule », signe d’une belle vitalité et d’une franchise qui a de moins en moins cours sous nos latitudes. Moi j’aime plutôt bien car s’il lui chante de dire « qu’un con est un con », tout le monde l’applaudit, on trouve ça très bien et moi le premier.

Du coup après l’interview sur LCI on se bousculait devant les étales des marchandes de poissons de la Cannebière qui n’avaient plus assez d’exemplaires de « La Marseillaise » ou de « La Provence » pour envelopper les sardines à leurs clients. Eh dis, peuchère ! qu’est-ce qui lui a mis le minot à ce couillon de la lune de Pujadas, oh putaing  ! Faut dire qu’avec sa tête de gobi le parigot lui a gavé la cagole, mais allons plutôt chez Fernand déguster un pastaga !

Eric Raoult est quelqu’un de respectable, je l’ai déjà dit et le répète, peut-être même d’admirable (ses travaux parlent pour lui) même si le personnage est controversé par beaucoup de ses collègues médecins et chercheurs et que l’Institut Pasteur et l’Inserm qui lui ont retiré leur agrément. On manque d’homme de sa trempe, d’ailleurs Trump lui même a baisé sa babouche et Macron s’est déplacé en personne à Marseille pour écouter l’oracle. Et depuis qu’il a reçu son onction je trouve qu’ « Emmanuel » n’est plus le même, il a été touché par la grâce phocéenne. Et voici quelques milliards pour Renault, puis pour l’Automobile, puis pour l’Industrie … il nous l’a envouté !  Encore un peu et la renommée du professeur sera interplanétaire. Allô, Pluton ici Raoult ! Le jour où il lancera un appel pour qu’on le rejoigne l’ Appel du 18 juin fera Pschitt ! Qui sait si demain on n’ira pas en pèlerinage à l’IHU de Marseille plutôt qu’à Lourdes. Là, du moins, on est sûr d’assister à des apparitions de l’icône en temps « réel ». Et plutôt que d’acheter de l’eau bénite les pèlerins se feront dépister du Covid. Ca demande réflexion !

Un nouveau Messie est apparu.

Les périodes comme celles que nous vivons ont toujours accouché de personnages un peu fantasques que l’intelligentsia déteste et le petit peuple encense. Le fumet de la revanche est tellement délicieux à nos narines viciées par un air pollué. Mais promis, juré, (du moins jusqu’en 2022) il n’entrera pas en politique comme on entre en religion car on a compris que pour lui, de droite comme de gauche, tous les responsables politiques sont des nains ignares à qui il veut bien accorder une audience mais pas plus. Ses amphithéâtres et ses étudiants, à qui il distribue la bonne parole, tel le sermon sur la montagne lui manquerait trop. J’ajoute qu’à mes yeux notre futur prix Nobel a encore deux qualités supplémentaires, et non des moindres, il déteste le capitulard Philippe Pétain et révère le résistant Charles de Gaulle. Cela appelle mon respect et ma gratitude.

Jean-Yves Duval, directeur d’Ichrono

P.S : Pour ceux à qui certaines subtilités de cette chronique auraient échappées je rappelle qu’il s’agit d’un « Billet d’humour », le genre « libelle » satyrique comme on l’entendait au XVIIIème siècle.