Oyez, Oyez braves gens … les populismes sont aux portes de Paris !

Qu’on se rassure aux présidentielles de 2022 il ne risque pas d’y avoir une pénurie mais au contraire une pléthore de candidats. Et parmi eux les tenants d’une thèse très à la mode ce printemps : le populisme ! Je me méfie un peu de ceux qui se réclament trop ouvertement du peuple, ça cache souvent quelque chose. Par exemple, il n’y a rien eu de moins républicains et démocrates que les « Répupliques Populaires », hier en RDA, Tchécoslovoquie, Hongrie, Bulgarie, Roumanie, Albanie, etc. et aujourd’hui encore au Vietnam, en Corée, en Chine ou a Cuba. En fait sous couvert de gouvernement du « prolétariat » il s’agit de la dictature d’un parti unique…en l’occurrence le parti communiste.

Mais puisque c’est aujourd’hui à la mode en France, sacrifions donc à la mode et essayons tel un couturier parmi ses modèles de nous y trouver parmi les courants populistes actuels où règne la plus grande confusion. Il y a d’abord le « populo facho » autrement dit le bon vieux populisme d’extrême-droite incarné par le Rassemblement nationale et sa leader Marine Le Pen. .. Tout pour le peuple, rien que pour le peuple ! Hitler ne disait pas autre chose lors de son accession au pouvoir, on sait ce qu’il en est advenu. Beaucoup de gilets jaunes s’y retrouvent, dixit Mao  » comme un poisson dans l’eau ». Il y a ensuite le « populo intello  » incarné aujourd’hui par le philosophe Michel Onfray avec sa revue attrape-tout  « Front Populaire ». Je dis attrape-tout car parmi les figures charismatiques on y trouve pêle-mêle Jean-Pierre Chevènement l’ancien ministre de l’intérieur de Jospin et le royaliste vendéen Philippe de Villiers. Ils ont pour même étendard le souverainisme  et pour héraut Michel Onfray, qui passe pour être libertaire et proudhonien, donc plutôt « populo gaucho ». Vous suivez ?

Ajoutons que dans la tendance « populo intello » on peut ajouter Eric Raoult, l’éminent professeur du CHU de Marseille, à la fois médecin et chercheur, qui abandonnerait peut-être volontiers ses éprouvettes et son scalpel pour les dorures de la République, car bien qu’il s’en défende, on sent que cela le titille « grave » comme disent les jeunes de la cité Phocéenne et d’ailleurs. Lui aussi attire autour de sa planète méditerranéenne, comme autant de papillons de nuit, des « gilets jaunes » qui ne se reconnaissent pas en Marine Le Pen.

Enfin, la plus récente forme de populisme est le « populo rigolo » avec l’entrée en scène de « l’humoriste » Bigard. Parodions un instant le cher et regretté Jacques Brel : « Vous avez voulu Bigeard et vous aurez Bigard ». Et là, c’est le pompon ! Alors que le pays touche le fond du fait de la crise historique du Coronavirus (crise sanitaire, endettement colossal, chômage de masse en perspective, risque de faillites en série, sans oublier les risques terroristes) voilà qu’un baladin grossier ose prétendre à la magistrature suprême ! Ce serait à se tordre de rire si ce n’était aussi grave.  Depuis que Nicolas Sarkozy a fait l’énorme bêtise, pour ne pas dire autre chose, de l’emmener à Rome dans ses bagages voir le Pape, (en oubliant sans doute de lui parler de son sketch « le lâcher de salopes ») voilà que celui qui fut un jour un humoriste de talent pense avoir reçu l’onction divine. A moins que, comme Jeanne d’Arc, il n’est entendu des voix comme quoi il fallait bouter Macron hors de l’Elysée (les anglais n’étant plus en France, sauf les touristes). Il ferait mieux d’écouter celle de Lola Marois sa sexy compagne qu’on peut voir dans le feuilleton de TF1, ce serait plus sage. A croire qu’il imagine être soudainement descendu de la cuisse de Jupiter, oubliant que Macron lui a grillé la politesse. Son programme tient en quatre mots : « Moi, j’ai des couilles » ! C’est court et imagé et surtout guère original si on sait que toute la population masculine de pays en est pourvues, sauf accident bien sûr.

En fait c’est vrai que le sujet que connaît le mieux Bigard c’est l’anatomie, du moins celle qui se résume au sexe et au cul. C’est ce dont il parle le plus, et pas forcément le mieux. On ne peut que regretter qu’il lui soit nécessaire de recourir à un coup de pub « en dessous la ceinture » pour tenter de se remettre en selle sur scène ! Malheureusement c’est au détriment de l’image de la France. De Gaulle avait raison de dire qu’après lui il y aurait pléthore de candidats, il se doutait bien que dans le lot il y en aurait d’insignifiants, mais sans doute pas à ce point de médiocrité.

De tout temps les périodes de crise ont engendré des personnages iconoclastes. Cela n’a pas toujours été pour le bénéfice du pays et … le bien de ce peuple, aujourd’hui objet de toutes les séductions démagogiques. Alors entre populo facho, populo gaucho, populo intello, et populo rigolo, les français dans deux ans auront le choix entre le pire, et le pire. Et devront ensuite l’assumer. Ce sera sans moi !

Jean-Yves Duval, Directeur d’Ichrono