Le Franc CFA est mort, vive l’Eco !

Il y a quelques jours plusieurs chefs d’Etat africains ont décidé de substituer l’Eco au Franc CFA comme nouvelle monnaie nationale. Un changement qui n’est pas que symbolique et dont les conséquences sont importantes en terme d’indépendance monétaire des pays africains concernés et dans le lien qui les unit à la France. 

Certes le CFA était symboliquement lié au passé colonial avec la France, l’acronyme CFA signifiant Colonies Françaises d’Afrique. Mais au-delà il obligeait les pays concernés à placer leurs réserves à la Banque de France et d’accepter la présence des français dans leurs instances monétaires. Soixante ans après leur indépendance cette filiation devenait de plus lourde à porter au point de devenir insupportable. Et le lien ombilical vient d’être coupé.

Cette transition n’était pourtant pas aussi naturelle qu’il y paraît car les pays africains bénéficiant d’une garantie monétaire de la France pouvaient difficilement s’exonérer sans risques de cette tutelle au risque de traverser quelques turbulences avec les marchés qui pouvaient voir y là un facteur d’instabilité sur la valeur de leur monnaie.

Cela pouvait aussi ouvrir une brèche à la spéculation si on n’y prenait garde. Heureusement en agissant de concert Français et Africains ont écarté ce risque, Paris continuant d’assurer la garantie monétaire de la zone, même si le compte d’opérations libellé en francs CFA a bien été clôturé. Désormais la souveraineté monétaire des Africains est totale et il leur revient de créer cet espace d’intégration que le CFA n’a pas été capable de faire. Il leur appartient aussi de développer des échanges autour de cette nouvelle monnaie unique et d’intégrer, s’ils le souhaitent, d’autres pays comme le Ghana, la deuxième puissance économique de l’Afrique de l’Ouest enclavée dans la zone Eco.

L’abandon du franc CFA ouvre donc de nouveaux horizons, d’ambitieuses perspectives à ces pays en même temps qu’il inaugure une nouvelle page des relations entre l’Afrique et la France de plus en plus désireuse de faire oublier le temps de la Françafrique.

J.Y Duval, Directeur d’Ichrono