Up’Neu, le réseau social made in Sénégal-Amadou Pouye,inventeur du facebook sénégalais…

BY NINA GAMBIN  UP’NEU, LE RESEAU SOCIAL MADE IN SENEGALMICRO-MACRO

En Afrique de l’Ouest, 41% de la population a accès à Internet. Et notamment via un smartphone. Amadou Pouye, un jeune entrepreneur sénégalais, s’est donc lancé un pari fou: détrôner Facebook, avec son application « Up’Neu » 100% sénégalaise.
« Si j’atteins le million d’utilisateurs, je deviens millionnaire », rêve déjà Amadou Pouye, créateur de l’application Up’Neu (« c’est trop » en wolof, NDLR). A seulement 33 ans ce jeune entrepreneur sénégalais se voit déjà bousculer l’univers des réseaux sociaux en proposant aux internautes ce qu’il décrit comme « une expérience nouvelle qui permet aux Sénégalais de consommer local même en terme de réseau social ».

Ambitieux, il veut se mesurer aux plus grands, comme Facebook. Sur son application, les publications, dites « Up’Low », ont la particularité d’être à la fois manuscrites et audio. La transmission orale joue un rôle déterminant au Sénégal, notamment dans l’éducation des jeunes générations, et prend le pas sur l’écriture.
Cet aspect de la culture sénégalaise a motivé Amadou car « c’est plus intuitif ici au Sénégal, et cette nouvelle fonctionnalité n’existe pas sur Facebook ». De plus, elle rappelle les notes audios envoyées sur WhatsApp, très populaires au Sénégal.
Le premier réseau social sénégalais

C’est en discutant avec des amis qui habitent la ville de Touba qu’Amadou Pouye s’est lancé dans l’élaboration de Up’Neu. « Un design qui se rapproche de celui d’Instagram, épuré, le plus simple possible, avec la possibilité de faire des stories visibles de tous et des publications en accès libre aussi comme sur Facebook ». C’est ainsi qu’Amadou décrit son application, disponible sur Google Play, la plateforme de téléchargement du géant américain, notamment pour les téléphones sous Android.
Mais Amadou Pouye n’est qu’au début de son aventure. Au total ils sont 1740 utilisateurs à avoir téléchargé Up’Neu. Autant dire qu’Amadou est bien loin des deux millions d’utilisateurs que compte Facebook dans le pays.

L’application est encore en phase de test. Disponible depuis le mois de juin dernier uniquement sur Google Play, il n’a pas encore pu dupliquer son application sur l’App Store, plateforme d’Apple, ou ailleurs qu’en mobile. « L’App Store demande un codage propre à Apple et cela prend plus de temps« , souligne Amadou.

Du temps qu’il n’a pas car le concepteur a d’autres activités. Il s’occupe actuellement de la campagne du candidat à l’élection présidentielle Idrissa Seck, en réalisant des vidéos. Une activité chronophage à laquelle s’ajoute le manque de financement. « J’ai besoin d’aide financière, de ce que l’on appelle des business angels« , souligne-t-il. Il préfère donc attendre la fin de l’élection présidentielle pour développer et promouvoir Up’neu.

Au Sénégal, Facebook reste de loin, le réseau social le plus utilisé

« Mes clients potentiels restent les utilisateurs de Facebook, sur les deux millions d’utilisateurs que comptent le pays, ponctionner la moitié serait déjà un exploit », souligne le jeune entrepreneur.

Mais Amadou veut « peaufiner son projet » car il a « peur de se faire voler l’idée ». Le jeune homme a pour le moment investit 1.800.000 francs CFA (soit 2.800 euros). Pour lui Facebook est certes très populaire mais « ce n’est pas comme Snapchat qui propose un espace où l’extravagance est normale. Facebook, on ne sait pas vraiment ce qu’il vend, mise à part de l’audience en surfant sur le narcissisme de certains utilisateurs ».

Le défi de la modération

D’autres versions de l’application sont prévues. Notamment face aux risques de dérives auxquelles peuvent faire face les réseaux sociaux comme WhatsApp ou Facebook. Amadou Pouye préfère mettre en place un modérateur. Que cela soit pour éviter de choquer la communauté de « Up’neur » ou pour éviter la propagation de rumeurs, l’application permet aux utilisateurs de signaler des « Up’low » qu’ils jugent inappropriées ou choquantes.

« Au bout de seulement deux signalements, l’informaticien en charge de la modération décidera si oui ou non le post doit être supprimé », souligne l’entrepreneur. Car, ajoute-t-il, « ici les gens sont croyants et pudiques, donc il faut faire attention, les insultes aussi sont proscrites ». Bien loin de la logique de modération des géants américains.