Il n’y a pas de mois, de semaines, de jours, ou l’on ne parle de catastrophes écologiques, industrielles, de fermetures d’usines et de plans sociaux, et plus graves encore de guerres, de conflits armés, de famines, d’exil, de migrants, de camps de réfugiés …
Et comme si tout cela ne suffisait pas, le monde ces jours-ci nous offre un triste spectacle.
A l’image de la situation à Hong-Kong, où depuis des mois la contestation dans la rue ne cesse contre un régime à la botte de Pékin. Avec son lot de violences quasiment quotidiennes. D’un côté une revendication populaire pour plus de libertés et d’autre une réponse musclée des autorités qui n’entendent pas la satisfaire. Jusqu’à quand vont durer ces manifestations ? Ne risquent-elles pas de dégénérer encore davantage pour finir dans en tragédie ? Les jours à venir nous apporteront la réponse.
De la situation en Syrie, où l’on croyait avoir mis fin au règne sanglant de Daesh pour découvrir qu’un autre tyran, allié de l’Occident celui-là notamment dans le cadre de sa participation à l’OTAN, lui succède. Je veux parler d’Erdogan qui tel un nouveau Sultan se prend à rêver à un nouvel empire Ottoman et qui a entrepris voici quelques jours de massacrer les Kurdes de Syrie, ceux-là même qui ont servis de supplétifs aux alliés pour combattre, et mourir, face aux djihadistes de Daesh. Erdogan, ce frère musulman, chaque jour un peu plus radicalisé, qui dans sa sanglante aventure trouve un adversaire inattendu en la personne de Bachar El Assad. Celui-ci en effet, tel un preux chevalier a décidé de voler au secours de la minorité kurde syrienne qui hier encore était son ennemie, et qui ne saurait nous faire oublier qu’il a les mains rouges du sang de son peuple. Du même coup il retournerait presque à son profit une opinion publique internationale qui ne comprend plus rien à ces retournements d’alliance, ces volte-face diplomatiques. Sans oublier qu’au centre de tous ces affrontements se trouvent des civils innocents, hommes, femmes et enfants et des peuples martyrisés comme ces Yézidis, principales cibles de de l’Etat islamique en Irak (femmes violés, adultes réduits en esclavage). Et à l’origine de ce nouveau déferlement de violence la lâcheté d’un Donal Trump qui a livré aux Turcs, sans honte, mais dans le déshonneur, des populations frontalières de la Turquie qui subissent les bombardements aériens. Déjà des centaines de morts et plus de 300 000 personnes déplacées sous le regard indifférent d’un Poutine qui se frotte les mains et ménage autant Assad qu’Erdogan.
De la situation au Liban, où le peuple en colère est descendu dans la rue et qui après avoir contesté la taxation de la messagerie Whats App en appelle maintenant à la chute du régime « jugé corrompu jusqu’à la moëlle ! » A Beyrouth, comme dans le reste du pays, un habitant sur trois vit au-dessous du seuil de pauvreté, le chômage des jeunes atteint près de 30% et le pays est endetté à un tel point qu’il est confronté à une pénurie de dollars qui menace désormais la stabilité de la livre libanaise. Place des Martyrs on croirait revivre une séquence des printemps arabes et on appelle désormais au départ du Premier ministre Saad Hariri.
De la situation au Chili, où les émeutes se succèdent à Santiago. Ici, c’est l’augmentation du prix du ticket de métro qui a mis le feu au poudre, Résultat le président Sebastian Pinera a décrété l’état d’urgence et en a appelé à l’armée pour rétablir l’ordre qualifiant les manifestants « de délinquants ». Des blessés, des morts, des centaines de personnes arrêtées, des milliers de policiers et de militaires déployés, un couvre-feu proclamé, autant d’éléments qui ont conduit de nombreux chiliens à évoquer les années 1973-1990 sous la dictature militaire de sinistre mémoire. On entendrait presque crier la foule : Au secours, Pinochet revient !
Il y a enfin, pour m’en tenir à cette déjà longue énumération, la situation en Espagne, en Catalogne plus précisément où les rues de Barcelone s’enflamment depuis quelques jours et donnent lieu à des manifestations indépendantistes monstres (on parle de 500 000 personnes) en réaction aux peines de prison ferme (13 ans pour sédition) prononcées il y a quelques jours à l’encontre de neuf dirigeants indépendantistes.
Face à tout cela l’imbroglio interminable du Brexit en Grande-Bretagne apparaît comme une bluette qui nous laisserait presque indifférent si ce n’étaient les répercussions économiques et sociales importantes qui découleront de son adoption ou de son refus.
Il y a comme cela dans l’histoire des nations des moments ou les crises ses succèdent, certaines plus dramatiques que d’autres.
Des moments où il souffle comme un vent de folie qui emporte tout sur son passage. Nous vivons un tel moment et malheureusement comme toujours en pareil cas les peuples souffrent davantage que leurs dirigeants.
Jean-Yves Duval, Directeur d’Ichrono, ancien auditeur au Centre d’ Etudes Diplomatiques et Stratégiques.