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Extrait «née blanche de parents noirs » -2015
«L’Afrique ses traditions, ses mystères et sa complicité. Les sacrifices humains, ces gens qui veulent réussir par tous les moyens quitte à tuer pour un doigt ou une partie d’une personne atteinte d’albinisme. Elles sont violées, déflorée pour disent les féticheurs, donner la gloire, la richesse.
Et comment vivre avec ces atrocités ? Comment accepter cette richesse quand on sait que des êtres humains ont été kidnappés et sauvagement tués.
Où sont les miroirs pour exposer vos vrais visages. Les citoyens ici et là, deviennent vigilants et arrêtent les brigants, les délinquants d’un nouveau genre qui sillonnent les villages ou achètent des albinos, pour débarrasser ces enfants qui sont devenus des fardeaux pour les parents. La pauvreté encore, vendre son enfant né albinos pour de l’argent …..
Il est temps de changer les choses, il faut savoir que toute vie est une vie,( Charte du mandé 1236) PBC
«J’ai vu l’horreur et j’ai vomi toutes ces souffrances mélangées à la colère qu’elles provoquaient en moi. Ce choc épouvantable me fit comprendre que j’avais un devoir, celui de montrer, à travers mon histoire, que le peuple se trompait sur l’albinisme, qu’il n’y avait aucun pouvoir maléfique ou bénéfique en nous, aucun mystère .
Que tout n’était qu’une histoire de couleur, de pigmentation.
L’humain serait-il pire qu’un animal ?
j’ai éructé ma haine, ma déception, ma rage. Tous ces corps de personnes atteintes d’albinisme, démembrés, coupés en morceaux, charcutés … c’était comme si des parties de moi avaient été amputées sous le coups endiablés des machettes.
Comment pouvait-on en arriver là ? Même pour réaliser un film d’horreur, il fallait pousser la réflexion assez loin pour accoucher d’un tel scénario.
Or il ne s’agissait ici pas de fiction.
Dans un mutisme absolu, un peuple observait et participait à l’extermination d’un groupe d’individus au nom de croyances.
Comment pouvait-on rester bras croisés devant telle ignorance ?
Quelle déshumanisation ! Je fus alarmée de remettre en question l’essence même de l’homme. Je ne pus me résoudre à conclure que l’homme était naturellement mauvais.
Au fond de moi, je savais que le fardeau des coutumes est lourd, que la charge des traditions ôte la vie, que la valeur des mythes sème la perversion. Il fallait faire le tri des croyances et jeter aux oubliettes les mauvais usages.
A tous je criais ma révolte « cela ne peut plus continuer !
Savez vous ce que signifie être rejetée, abusée physiquement et psychologiquement ?
«Ma société m’avait volé mon enfance, mon adolescence et une partie de ma vie d’adulte.
Maintenant, je voulais, mains dans la main avec ma communauté, sacrifier ces superstitions nauséabondes et aider ces enfants à grandir sainement, permettre aux adultes de souffler enfin.
Je choisis donc de ne pas rester un témoin inactif, de refuser l’inacceptable et pris le parti d’œuvrer pour un monde meilleur. Tout au moins, d’apporter ma pierre à l’édifice de la paix.
.. Tout refus de la diversité est du racisme
Le besoin d’écarter ce qui est distinct de soi est raciste
Le tabou autour de l’albinisme
Annie avait la chance d’être entourée de tant de gens qui m’aimaient, de pouvoir réaliser mes rêves.
J’avais donc le devoir de sortir de mon beau refuge « vie privée» pour embrasser une vie publique» et contribuer à ma façon à renverser l’histoire et à modifier les croyances autour de l’albinisme et de la singularité dans son ensemble, offrant à un peuple ignorant une autre vision du monde…
Annie MOKTO « cette résiliente qui nous tend la main » pages 99—101