Russie-Afrique : la stratégie de Vladimir Poutine pour reconquérir le continent

Par Joséphine Dedet et autres

Au sud du Sahara et au Maghreb, Vladimir Poutine veut voir son pays jouer un rôle de premier plan, comme au temps de la guerre froide. Du 22 au 24 octobre, Sotchi, au bord de la mer Noire, accueillera le tout premier sommet Russie-Afrique.

Lorsque, en septembre 2006, il offrit à Vladimir Poutine du lait et des dattes en guise d’offrande de bienvenue, Mohammed VI savait que l’événement était exceptionnel à plus d’un titre.

Non seulement il s’agissait de la première visite d’un président russe au Maroc depuis la chute de l’URSS, en 1991 (la précédente, celle de Leonid Brejnev, remontait à 1961), mais l’homme aux cheveux clairs et au regard opaque que le souverain chérifien recevait avec tous les honneurs n’avait presque jamais mis les pieds dans un pays africain, à l’exception de l’Algérie, six mois plus tôt, et de l’Égypte, l’année précédente.

« 69 ans. Ministre des Affaires étrangères depuis 2004, il a noué des relations privilégiées avec chefs d’État et ministres africains. Connaît parfaitement les rouages de l’ONU, où il a été représentant de la Russie de 1994 à 2004. Tantôt jovial et charmeur, tantôt coléreux et opiniâtre, il aime le scotch whisky, la cuisine italienne et le rafting.

Sa devise ? Les paroles de l’hymne de l’Institut des relations internationales de Moscou, qu’il a lui-même écrites en 1998 : « Ne pas fléchir et aller droit au but. »

  • Mikhaïl Bogdanov

Russie : la revanche d’un « nain » sur le continent africain ?

Par Olivier Marbot

Distancés par leurs concurrents européens, chinois et américains, les Russes rêvent de regagner le terrain perdu depuis trente ans. L’opération n’est pas trop mal engagée.

Russie-Afrique : les secrets d’une reconquête

La formule revient dans tous les rapports, et elle n’est pas flatteuse. Sur le plan économique, la Russie, en Afrique, ne serait qu’un « nain ». Et les chiffres semblent le confirmer. En 2018, le total des échanges commerciaux entre les deux parties n’a pas dépassé 17 milliards de dollars (les trois quarts en Afrique du Nord). À titre de comparaison, le montant des échanges avec l’Europe a culminé à 275 milliards de dollars. Le chiffre est de 200 milliards pour la Chine, de 70 milliards pour l’Inde et de 53 milliards pour les États-Unis.

La modestie de ces échanges est somme toute assez logique, le PIB de la Russie ne se classant qu’au 12e rang mondial, très loin derrière ceux de la Chine, des États-Unis, des principaux pays européens et même de l’Inde et du Brésil.

Au loin les vertes montagnes du Caucase. A leurs pieds les eaux saphirs de la mer Noire

La température est plutôt fraîche en ce début d’octobre 2017, mais les six Centrafricains présents dans la station balnéaire de Sotchi n’en ont cure. Tout ce qui les intéresse, c’est leur rencontre avec Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

Président depuis moins de deux ans, Faustin-Archange Touadéra s’est entouré de ses plus fidèles conseillers : Firmin Ngrebada, son directeur de cabinet – devenu depuis Premier ministre –, Rameaux-Claude Bireau, son cousin et conseiller économique, Noël Bienvenu Selesson, conseiller délégué au Désarmement (et aujourd’hui ministre), Thierry Oronfei, conseiller chargé des nouvelles technologies, et le diamantaire Issa Bourma, un ancien de la société Primo.

https://www.jeuneafrique.com/mag/814872/politique/russie-afrique-evgueni-prigojine-le-cuisinier-de-vladimir-poutine/