Le nouveau livre d’Anouk Grinberg. À paraître chez Julliard.06/04/2025
« Il est interdit de se taire face aux violences sur les enfants et sur quiconque- La non assistance culpabilise. Ne rien dire étouffe mais ne soigne pas. Il faut rassurer la victime qu’elle n’est pas la cause ni la responsable et que tout sera fait pour le criminel soit châtié et ne puisse plus faire ce qu’il a fait. Pape B CISSOKO
Dans ce monde malade de son pouvoir et de ses secrets, dire d’où vient le mal reviendrait à faire le mal. L’impunité est comme le petit Jésus couché dans le berceau de la Loi, tout est prévu pour assurer le « bon fonctionnement » d’une société, d’un milieu, d’une famille, tous déviants. Pas de bruit. Pas d’indiscrétion. On couvre les crimes, on couve la pourriture, et le monde continue d’être le monde, cette machine à haute teneur masculine qui broie silencieusement des vies. Il faut se taire, sinon… ce sera le malheur.
Avant d’écrire, j’avais la bouche cousue : on me l’avait cousue, et je n’ai pas arraché les fils pour parler. J’avais peur des gens, peur des vagues, qu’elles m’emportent. Je suis restée longtemps sans rien dire, sans même penser, à souffrir sans comprendre, et me conformer aux instincts de pouvoir de ceux qui ont failli me faire mourir.
Je shoote dans les secrets, je shoote dans les mensonges et les hypocrisies. J’explose le tombeau où j’étais endormie.
Il paraît que dire le mal qu’on m’a fait pourrait être vécu par ceux qui en sont responsables comme une « atteinte à leur intimité ». Le dire leur « porterait préjudice », et la faute m’en reviendrait. Quant aux atteintes à ma dignité, aux préjudices sur ma propre vie, je n’aurais qu’à ravaler !
Le sujet du livre est justement : ce que ça fait quand on a porté atteinte à notre intimité. Cette histoire que je démonte est malheureusement la mienne, mais c’est aussi celle de beaucoup d’autres. Nous sommes si nombreuses, si nombreux à devoir supporter les conséquences indélébiles des atteintes sexuelles, à porter la culpabilité que l’agresseur devrait lui-même porter, et subir sans comprendre ce retournement de la honte contre soi. La violence creuse le lit d’autres violences à venir, et le silence qu’on impose aux victimes en est l’une des composantes.
L’omerta se passe de cris, pas besoin d’user de la force pour coudre la bouche de l’écorchée, la honte suffit à étouffer sa parole, sa mémoire, sa lucidité, son courage ; la honte ruine l’identité, durablement et profondément.
Nous qui sommes passés par le feu sommes bizarrement honteux et honteuses, donc soumis et soumises, l’ombre de nous-mêmes. La pulsion de servitude volontaire est comme une glaciation du cœur, elle dure le temps qu’il faut pour supporter la vérité en soi et oser rompre le silence ; pour certaines, c’est enfermé toute la vie, chez moi ça a craqué, je n’ai tout simplement plus pu continuer comme avant, et ce « je-ne-peux-plus » est un dragon de calme et de clarté face aux pouvoirs morbides de ceux qui m’ont fait violence.
Je sais dans ma chair ce qui accompagne les agressions sexuelles, depuis le viol, l’inceste, sans oublier ce continuum de menues agressions qui ont toutes altéré mon identité : c’est toujours le déni, c’est toujours l’omerta. Explicite ou pas, on m’a dit : « Tais-toi ! Tu es une menteuse… une folle… une fouteuse de merde,
- Le 2 avril 2025, Anouk Grinberg, sur La Grande librairie, parle de son livre Respect et de son passé traumatique.
- Elle révèle avoir été victime de viols et d’agressions sexuelles dès l’enfance, notamment par des proches.
- Son témoignage met en lumière l’omerta entourant les crimes sexuels et le renversement de culpabilité des victimes.
“Les enfants sont des petits animaux sexuels” : Anouk Grinberg évoque le pire, Augustin Trapenard silencieux
Présente sur le plateau de La Grande librairie, le 2 avril, Anouk Grinberg témoigne au sujet du viol qu’elle a vécu à l’âge de 7 ans.
Grand entretien
Anouk Grinberg sur les traumatismes vécus depuis son enfance : «C’est bien pratique pour les prédateurs de faire passer une femme pour folle»
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Dans «Respect», qui paraît jeudi 3 avril, l’actrice revient sur les violences sexuelles qu’elle a subies depuis l’enfance, les abus psychologiques dont elle accuse son ex-compagnon Bertrand Blier, et l’omerta qui a entouré ses souffrances.
« Ça a duré une heure » : Anouk Grinberg glace le plateau de La Grande Librairie, le silence est pesant
Clément Machetto https://www.telestar.fr/
Passionné de sport, et plus particulièrement de football, de basket-ball et de catch (merci Canal+ !), Koh-Lanta est pour moi le programme incontournable de la télévision française. Par le passé, j’étais également un téléspectateur assidu de la Star Academy sur TF1, mais aussi de la trilogie du samedi sur M6. Aujourd’hui le monde des médias n’a plus aucun secret pour moi… ou presque.
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Alors qu’elle vient de sortir un libre baptisé Respect, Anouk Grinberg était l’une des invitées d’Augustin Trapenard dans La Grande Librairie le mercredi 2 avril 2025. Pendant l’émission, l’actrice a livré un témoignage glaçant sur le viol dont elle a été victime durant sa jeunesse.
EN BREF
- Le 2 avril 2025, Anouck Grinberg, actrice renommée du cinéma français, a partagé son expérience personnelle de viol dans l’émission La Grande Librairie sur France 5.
- Dans son livre Respect, elle révèle avoir été victime de viol à l’âge de 7 ans et décrit le silence et l’omerta qui ont suivi cet événement traumatisant.
- Découvrez le témoignage poignant d’Anouck Grinberg sur les crimes sexuels et le poids du silence dans cet article captivant.
Visage incontournable du cinéma français depuis déjà plusieurs décennies. Anouk Grinberg a récemment sorti un livre baptisé Respect. Dans lequel, elle revient notamment sur le viol dont elle fut victime durant sa jeunesse. De passage sur le plateau de l’émission intitulée La Grande Librairie le mercredi 2 avril 2025 sur France 5. La comédienne a livré un témoignage très poignant à ce sujet.
« Quand on est violé enfant. J’avais 7 ans. Je me souviens de l’avoir dit à mon père pour qu’il me protège. Et il n’a pas compris. Il m’a ramenée chez le violeur. Et je n’ai rien dit, plus jamais après. Après, il y a eu d’autres agressions graves dans ma famille. Et je n’ai rien pu dire. Et on ne m’a rien dit. C’était mon frère, mon grand frère chéri. Il ne m’a jamais rien dit après. Et personne ne m’a jamais rien dit« , a premièrement déclaré Anouk Grinberg.
La comédienne a été violée à l’âge de seulement 7 ans
« Personne ne m’a jamais posé aucune question au moment où j’ai voulu dire : ‘Mais je suis passée par là, t’es passée par là’. Et ça se décline encore et encore. Et là, on m’a fait taire. On m’a fait taire pas à coups de bâton. Ça se passe pas comme ça, l’omerta. L’omerta, c’est qu’on vous fait passer pour folle, pour menteuse, pour mythomane, pour actrice, évidemment. Comme si je cherchais la lumière« , a ensuite ajouté l’actrice.
« Il y a quelque chose d’incroyable avec les viols ou l’inceste. C’est que c’est le seul crime où le coupable est protégé. Et par contre, la victime est coupable. C’est le seul crime qui est comme ça. C’est aussi le seul crime où je crois que les gens ne prennent pas la mesure du mot crime. Un crime sexuel, c’est quelque chose dont on ne se remet jamais« , a par ailleurs souligné Anouk Grinberg.
Anouck Grinberg : « J’ai gardé le silence toute ma vie »
« Un enfant, il n’est pas fait pour ça. C’est des tarés, ceux qui disent que les enfants sont des petits animaux sexuels. C’est juste des gens qui veulent assouvir leur pulsion de tordu. Et en effet, quand on est violé, non seulement c’est pas marrant, c’est violent, c’est atroce. Mais c’est tellement atroce qu’on se défait de soi, comme si on ne pouvait pas encaisser cet enfer-là. Et moi, quand c’est arrivé, c’est comme si j’avais été avalée par une immense pierre qui faisait que je ne sentais plus rien« , a également précisé la comédienne.
« Pas un son sortait, pas un mouvement. Je ne pouvais plus bouger. Ça a dû durer une heure. C’est très long, une heure. Et personne n’a jamais rien dit. Et après, et moi, j’ai gardé le silence. J’ai gardé le silence toute ma vie. Parce que les crimes sexuels, ils ont aussi ça de très particulier. Je ne sais pas pourquoi, mais la honte vous envahit tellement qu’on n’a qu’une envie, c’est de mourir« , a finalement conclu Anouk Grinberg.
#MeToo
« On n’est pas loin d’en crever, mais personne ne le voit » : le témoignage exclusif d’Anouk Grinberg sur les violences sexuelles
par Anne Diatkine libération
Respect, peut-on lire sur la couverture du récit d’Anouk Grinberg, sur une photo par Sarah Moon en noir et blanc, où elle pose bras serrés. Respect pour celle qui entreprend de relater non pas la totalité de sa vie, mais une part sombre, et s’oblige à soulever la gangue d’une série d’agressions sexuelles ou crimes afin de décrire leurs répercussions. Autant que faire se peut, Anouk Grinberg évite le registre plaintif sans rien éluder, par la grâce de ses formulations acérées. Cela débute à la campagne dans les années 60 et 70, dans une famille fortunée et intellectuelle. Anouk est la dernière de la fratrie de quatre enfants livrés à eux-mêmes sous couvert de liberté. Leur mère, gravement dépressive, enchaîne les hospitalisations d’où elle revient dans un état toujours pire. Son père, l’homme de théâtre Michel Vinaver, PDG le jour, écrivain la nuit, manque entre autres de temps. Sous le «cagnard de solitude», des prédateurs rodent. L’entretien a lieu un mardi après-midi chez Julliard, la maison qui publie Respect ce jeudi 3 avril. L’inquiétude n’empêche ni le calme, ni la générosité, ni la précision chez Anouk Grinberg.
Dans Respect, vous décrivez une impressionnante mainmise sur le corps des femmes. Il y a la stérilisati
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