Quinzième anniversaire de la mort d’Aimé Césaire en Martinique : dépôts de fleurs, recueillement et échanges

Lundi 17 avril 2023, un hommage en sobriété a été rendu au chantre de la Négritude , • ©Daniel BETIS

Aimé Césaire, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France.

Ce lundi17 avril 2023, au cimetière de La Joyau à Fort de France, commémoration du 15e anniversaire de la mort d’Aimé Césaire, poète, homme de culture et politique martiniquais. La cérémonie de dépôt de gerbes et de recueillement s’est déroulée sobrement en présence d’élus de la mairie, de la Collectivité territoriale de Martinique, de personnalités de la société civile, de membres du Centre Césairien d’études et de recherche et du Parti progressiste martiniquais.

Daniel Betis • Publié le 17 avril 2023 à 13h57, mis à jour le 17 avril 2023 à 14h41

Aimé Césaire, la figure emblématique de la Martinique, est décédé le 17 avril 2008 à l’âge de 94 ans.

Né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe, d’une fratrie de 7 enfants, l’écrivain, homme de culture, leader politique, fondateur du concept de Négritude », a été durant plusieurs décennies en tant que député et maire, une figure majeure de la vie politique martiniquaise.

La tombe du Chantre de la négritude garnie de fleurs. • ©Daniel Betis

Lundi 17 avril 2023, sous l’égide du Centre Césairien d’études et de recherches, plusieurs élus étaient présents, Jean-Claude Duverger 1er vice-président de l’Assemblée Martinique, Annie Chandey maire adjointe de Fort-de-France, Raymond Saint-Louis Augustin, ancien maire de Fort-de-France, le comité Césairien (Christian Lapoussinière, Jeannie Darsières, Emma Lebeau), des militants, des représentants des Balisiers du Parti Progressiste Martiniquais, le député Johnny Hajjar, des membres de la société civile (Madame Hardy-Dessources proviseur de L’AMEP), tous présents dans le recueillement.

Une cérémonie sobre et mémorielle

Parti de la porte centrale, le cortège est descendu lentement avec à sa tête deux lycéens de l’AMEP. Une grande symbolique, car le député et maire, avait créé cet établissement pour permettre à la jeunesse martiniquaise de poursuivre ses études.

Elus, militants et personnalités sont venus saluer le chantre de la négritude • ©Daniel BETIS

Dans l’assistance des artistes comment le comédien Vincent ou le metteur en scène Jacky Alpha. Les organisateurs procèdent ensuite au dépôt de gerbes (CTM, mairie, comité Césairien, parti Progressiste martiniquais).

Plusieurs interventions au programme

Christian Lapoussinière président du Centre Césairien d’études et de recherches a relu un poème tiré de l’oeuvre de l’auteur dans « moi laminaire ».

le texte déclamé par Christian Lapoussinière • ©Daniel BETISJean-Claude Duverger de la CTM remercia Césaire pour le travail immense accompli. Jeannie Darsières rappela la dimension du poète et de l’homme politique. Madame Hardy-Dessources mit en exergue le rôle primordial et la volonté politique du poète de créer l’AMEP. Elle en profita pour inviter le public à découvrir le  programme de l’Etablissement dans le cadre de cette commémoration.

Un « Ti punch poétique » à Paris, pour le 15e anniversaire de la mort du poète martiniquais Aimé Césaire

Le poète Martiniquais, Chantre de la négritude Aimé Césaire • ©Collection Centre Césarien d’Etudes et de Recherches,

A l’occasion de la 15e année de la disparition d’Aimé Césaire, ce lundi 17 avril 2023, se tient dans le 6e arrondissement de Paris, la seconde édition du « Ti punch poétique » à la Rhumerie. Les marraines et parrains de ce rassemblement culturel en mémoire du chantre de la négritude, déclament les textes du poète.

Daniel Betis •

Le 17 avril 2008,  le poète et homme politique Aimé Césaire tirait sa révérence à l’âge de 95 ans. Né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe (au Nord de la Martinique), d’une fratrie de 7 enfants, l’écrivain Député-Maire, figure emblématique et majeure de la vie politique martiniquaise pendant plusieurs décennies, est l’un des pères du concept de la négritude.

A l’initiative de Jean Benoît Desnel (Idem), la 2e édition de cette manifestation culturelle, lundi 17 avril 2023 à la rhumerie dans le 6e arrondissement de Paris, vise non seulement à valoriser la Martinique et son panel d’écrivains connus et reconnus à travers le monde, (Frantz-Fanon, Edouard Glissant, Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau, Suzanne Dracius…), mais aussi à rencontrer son lectorat.

Jean Benoit DESNEL (éditions IDEM) créateur du « Ti-punch poétique. • ©Daniel BETIS

Les marraines et parrains lecteurs de la soirée

Ils sont plusieurs marraines et parrains à s’être donnés rendez-vous pour lire à voix haute des textes de Césaire, mais aussi de Leon-Gontran Damas et de Léopold Sédar Senghor.

Suzanne Dracius, se revendique mulâtresse « kalazaza » (mélange issu de tous ces peuples venus de France, de l’Inde, d’Afrique, de la Caraïbe et de Chine).

Professeur de lettres classiques à l’issue d’études à la Sorbonne, cette martiniquaise a été finaliste du Prix du Premier Roman avec « L’autre qui danse« , publié chez l’éditeur parisien « Seghers ». Elle s’est fait connaître avec succès en France, aux États-Unis, en Italie et en Allemagne pour ses ouvrages divers (romans, poésies, théâtre et nouvelles).

Aimé Césaire en entretien avec Suzanne Dracius • ©collection privée

Prix Virgile 2019 pour son oeuvre et son engagement, elle a connu l’immense auteur Aimé Césaire.

Daniel Illemay, un enfant de Trénelle à Fort-de-France, a souvent croisé durant sa jeunesse l’homme politique et l’homme de lettres.

Après avoir fait carrière dans la police, le commandant Illemay, fasciné par le chantre de la négritude, s’est lancé dans la poésie. Son neuvième bouquin intitulé « Fulgurances Tropicales » est paru chez « Idem éditions » en 2023, (mention spéciale du jury du Prix de la Plume antillaise et d’Ailleurs). Il demeure une fenêtre ouverte sur le monde actuel et la notion du « vivre ensemble ».

Daniel Illemay, à droite sur la photo, avec en fond le poète Aimé Césaire. • ©DR

Tchisséka Lobelt, guyanaise d’origine, est la créatrice du premier salon du livre de Guyane (qui perdure) avec l’association « promolecture ». elle est la cheville ouvrière du développement du livre, de la lecture et de la découverte d’auteurs francophones de renom à Cayenne et sa région frontalière de Mappa, au Brésil.

Elle s’est donnée pour mission de mettre en exergue les primo-écrivains Guyanais, ce d’autant que ce pays a produit des écrivains de renom, comme Léon Gontran Damas, un des artisans de la négritude,  René Maran, Goncourt en 1921 ou encore Serge Patient.

Jacques Martial, homme de théâtre, acteur, metteur en scène, connu du grand public dans la série policière télévisée « Navarro » est un ambassadeur littéraire qui fait vivre depuis des années, l’œuvre de Césaire à travers ses lectures théâtrales.

Beaucoup ont en mémoire  « le cahier d’un retour au pays natal » qu’il a mis en scène en 2003 et qu’il déclame avec passion et intensité. Adjoint à la mairie de Paris, il est depuis 2022, en charge des Outre-mer.

Le comédien et metteur en scène Jacques Martial lors de l’interprétation d’un extrait du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire à Montreuil (93), le 26 juin 2013. • ©Philippe Triay / France Télévisions

Les autres marraines et parrains sont la chorégraphe  guadeloupéenne de danses contemporaines Chantal Loial (de la Cie Difé kako), fondatrice et organisatrice du « Mois Kréol », un festival des langues et cultures créoles, lequel a permis la visibilité sur le territoire hexagonal des cultures de l’Outre-mer français

Dominique Loubao, est d’origine africaine. il est membre de « la Plume Noire »,  l’une des premières associations organisatrices à Paris d’un salon du livre des littératures du Sud, doté du « Prix Senghor du premier roman francophone et francophile ».

Portrait de Chantal Loïal, danseuse et chorégraphe guadeloupéenne • ©Peggy Fargues

Jyb alias Jean-Yves Bertogal, poète slameur, champion de France de Slam en 2015 et l’auteure Véronique Larose seront également présents.

Ce « Ti -punch poétique » se savoure gratuitement de 19h30 à 23h30, Boulevard Saint Germain (Metro Mabillon.

https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/un-ti-punch-poetique-a-paris-pour-le-15e-anniversaire-de-la-mort-du-poete-martiniquais-aime-cesaire-

Le legs inépuisable d’Aimé Césaire reste à valoriser en Martinique, son pays natal

Aimé Césaire, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France.

illustre qui n’a cessé de mêler son engagement politique et son talent littéraire. Qu’en dire désormais ?

« Nègre, je suis, nègre je resterai ». Cette phrase d’Aimé Césaire a été l’une des dernières prononcées en public. Elle sert de titre au livre d’entretiens avec l’universitaire réunionnaise Françoise Vergès, en 2005, publié Albin Michel.

Ces mots sont adressés à ceux qui l’ont combattu tout le long de sa vie. Comme ceux qui ont refusé l’invention de la négritude, révolutionnaire en son temps. Comme ceux qui justifient, aujourd’hui encore, la domination d’un peuple par un autre.

Comme ceux qui pensent que l’homme noir est inférieur à l’homme blanc, en établissant une distinction infondée entre les êtres humains à partir de leur couleur de peau et de leur culture. C’est la définition même du racisme, l’autre face hideuse du colonialisme, que Césaire a combattu quand d’autres se taisaient.

Le racisme n’est pas mort

« L’Europe est indéfendable » nous disait-il en 1950, dans son Discours sur le colonialisme. Il y dénonçait le nazisme, stade ultime du racisme. La lecture de ce livre nous alerte sur la vigilance à exercer face à ceux qui, aujourd’hui encore dans toutes les sphères de la société française, affichent leur condescendance envers les peuples de nos territoires périphériques.

Aimé Césaire goûtait peu les honneurs et fuyait les distinctions. Pourtant, il faut lui reconnaître l’incommensurable mérite d’avoir montré que la civilisation humaine ne se réduit pas au monde occidental. Ce qui lui a valu l’ostracisme de certains beaux esprits. Désormais, le meilleur hommage à lui rendre est de rester fidèle à sa pensée, manifestement indépassée pour le moment.

Sur le plan intellectuel, la légitimité de la Négritude est acquise. Pour autant, sommes-nous tous conscients et fiers de l’importance de la part négro-africaine de notre héritage culturel ? Avons-nous tous compris que nous n’avons rien à quémander à quiconque pour exister au monde ?

Un personnage complexe

Sur le plan humain, nous nous reconnaissons volontiers dans la complexité du personnage. Dans La Tragédie du Roi Christophe, (Présence Africaine, 1963), Césaire prête au héros cette proposition pour bâtir un avenir meilleur : « (…) un pas, un autre pas, encore un autre pas, et tenir gagné chaque pas ». Il sait aussi marcher au pas du peuple, qui, parfois, va d’un pas lent. Il est aussi ce personnage au tempérament péléen, subissant en silence l’injustice avant de se rebeller.

D’où la permanence du thème de la reconnaissance de notre identité au cœur de l’action politique de ce rebelle. Il a été pour beaucoup dans l’émergence du fait national martiniquais, quitte à être incompris alors qu’il évoque une réalité historique. Comme le fait dire à son héros Christophe : « Une nation n’est pas une invention, mais un mûrissement, une lenteur, année après année, anneaux après anneau ».

Sur le plan politique, un discours que le Parti progressiste martiniquais fondé par Césaire il y a 65 ans, éprouve le plus grand mal à convaincre de la justesse de sa doctrine d’émancipation. Le PPM semble incapable d’inscrire dans l’espace public la vision de l’autonomie pour la nation martiniquaise. Notre aliénation mentale est plus profonde que nous le supposons.

Nous exhortant à avoir « la force de regarder demain », Aimé Césaire nous appelle à un « un effort collectif » car « il est urgent de faire naître une autre civilisation ». Il ajoute : « Il faut un autre monde, un autre soleil, il faut une autre conception de la vie ». Depuis qu’il n’est plus de ce monde, Césaire ne cesse d’être aimé. Pour mieux le lui prouver, il serait opportun de se plonger à nouveau dans tous ses textes, tous ses écrits et tous ses discours.

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