Pour que le sacrifice des soldats français au Sahel ne soit pas inutile

Aujourd’hui au Tchad, se réunissent, autour d’Emmanuel Macron, en visioconférence Covid 19 oblige,  plusieurs chefs d’Etat du G5 Sahel, le Tchad, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, et le Niger. Et il ne fait aucun doute que la réduction de la présence française au Sahel sera dans tous les esprits. Pour quel avenir de ces pays et du nôtre ?

Pourquoi ce désengagement progressif dans une région infestée par les jihadistes. Poser la question c’est y répondre. Depuis 2013 nous avons perdu cinquante hommes. C’est peu, penseront cyniquement certains si l’on met ce chiffre en parallèle avec celui des 5000 soldats qui composent la Force Barkane. C’est énorme, en revanche, pour une opinion publique qui n’en peut plus d’assister à des honneurs militaires rendus trop souvent dans la cour des Invalides. Ce phénomène ne devrait d’ailleurs pas nous surprendre, c’est le même qui a conduit les américains à se retirer du Vietnam, sous la pression médiatique et de la population américaine. C’est le même aussi qui a conduit l’URSS de l’époque à se retirer d’Afghanistan. Avec les conflits modernes basés sous la haute technologie : missiles, avions de chasse, drones, etc. qui permettent de tuer l’ennemi sans être tué, à distance, on n’accepte plus aucun mort dans nos rangs. La vue même du sang nous révulse et pour l’éviter on recourt à des pilotes de drones, basés dans le Nevada qui, depuis leur jeu vidéo, peuvent exécuter en direct à des milliers de kilomètres une bande de barbus hirsutes à bord de leur 4 x 4 Toyota ou Nissan. On évite ainsi d’assister en live aux soubresauts des corps criblés de balles, on tue désormais dans l’anonymat le plus complet, de façon désincarnée. Sauf qu’au Sahel on se bat aussi et on meurt dans des corps-à-corps. C’est d’ailleurs notre peur de la mort qui réjouit tant nos ennemis qui quant à eux l’aime davantage que la vie, étant promis à toutes les félicités  en rejoignant Allah. Et ce sang que nous ne voulons pas voir, eux, au contraire, les fascine, c’est pourquoi ils recourent si volontiers aux décapitations en direct.

La deuxième raison est que notre présence militaire dans le Sahel nous coûte cher : un milliard d’euros par an. Et dans une époque où le virus chinois met notre économie à genoux, où le « quoi qu’il en coûte », quoi qu’on en dise n’est pas sans limite, nous devons restreindre notre effort financier. Alors à Ndjamena on va faire les comptes en tablant sur l’efficacité de la nouvelle force Takuba, mise en place en 2020, composée de nos partenaires européens, principalement Estoniens, Tchèques et Suédois, et aussi des forces locales sahéliennes.

Il était urgent que l’Europe se mobilise pour défendre ses intérêts car nous étions, jusque-là, le seul bouclier contre les terroristes. Et ce rempart, il faut absolument le préserver là-bas si nous voulons éviter que le terrorisme guerrier de Daesh et d’Al-Qaïda au Maghreb,  ne se transporte ici, chez nous, en France et en Europe. En bloquant les actions des jihadistes au Mali, au Niger et ailleurs nous les empêchons de remonter en Afrique du Nord, traverser la Méditerranée et porter le glaive en France. En assurant la protection des populations du Sahel, nous nous protégeons nous-mêmes. Nous nous protégeons ainsi collectivement. C’est pourquoi la réduction de nos effectifs sur place sera seulement abordée au cours des semaines et mois à venir.

D’ici là, hélas nous comptabiliserons encore de nouvelles victimes françaises, qui endeuilleront des familles et notre nation. Il est donc très important de ne pas accepter dans nos rangs, ici-même dans le pays, pas plus à Trappes qu’ailleurs, une cinquième colonne islamiste, partisane de la charia. Alors seulement le sacrifice de nos soldats n’aura pas été vain, dans le cas contraire il aurait été inutile.

Jean-Yves Duval, directeur d’Ichrono et rédacteur en chef pour la France de Diasporavision