Les conseils de Farba Ngom dénoncent la procédure liée à son dossier de blanchiment de capitaux pour lequel il a été placé sous mandat de dépôt depuis février dernier.
Le député-maire des Agnam est toujours en détention, même si le juge a autorisé son évacuation dans un centre hospitalier pour y recevoir des soins appropriés. Mais, le deuxième rejet de la demande de liberté provisoire de Mouhamadou Ngom dit «Farba» enrage ses avocats, qui ont tenu hier une conférence de presse pour dénoncer le déroulé de la procédure dans ce dossier pour lequel il est poursuivi pour association de malfaiteurs, escroquerie sur les deniers publics et blanchiment de capitaux, et placé sous mandat de dépôt le 27 février 2025, rappelle-t-on. «Le dossier de Farba n’a aucun élément de renseignement quelconque.
Il a passé neuf mois en prison sans que le procureur ne puisse l’entendre. On l’a envoyé en prison pour ensuite aller chercher des preuves. Le pire, c’est qu’on n’a pas mis Farba en situation de se défendre. Le procureur n’a pas respecté la procédure», s’indigne Me Doudou Ndoye. «Quand on ne respecte pas la procédure, on viole les droits de l’Homme», martèle-t-il. Me Ndoye rappelle que la Centif est un organisme administratif placé sous l’autorité du ministère des Finances, qui «peut recevoir des renseignements de n’importe qui avant de remettre son rapport au procureur de la République». Lequel peut faire placer la personne «incriminée sous mandat de dépôt sans pour autant l’entendre dans l’enquête». «C’est injuste», ajoute Doudou Ndoye.
Par ailleurs, Me Abdou Dialy Kane pointe des manquements dans la justice pénale du Sénégal. «Cette indépendance n’est qu’une fiction. Or, dans un système judiciaire, il faut absolument que ce principe de l’indépendance des fonctions de poursuites et d’investigations soit clairement établi. Ce qui n’est pas le cas au Sénégal, parce qu’en vérité, l’indépendance du juge d’instruction est diluée dans la toute-puissance du Parquet. C’est ça la réalité. Très souvent le juge d’instruction ne contredit pas le Parquet. C’est l’une des maladies qui gangrènent la justice pénale de notre pays», expose Me Kane. Il poursuit : «On constate que dans certains cas, volontairement ou non, il y a une interprétation paresseuse de certains textes. Et cette paresse dans l’interprétation est dangereuse pour les libertés des citoyens.
C’est pourquoi il est rare de constater des revirements de jurisprudence en matière pénale.» Il interpelle la plus haute juridiction du pays sur la question. «Il faut absolument que cette question de l’interprétation de nos lois pénales soit réglée, et c’est la Cour suprême qui doit jouer ce rôle», martèle Me Kane. Selon lui, on interprète les textes comme si la parole du juge était parole d’Evangile, comme si les interprétations que les juges font des textes sont immuables.