Lucien de Samosate ou le prince du gai savoir-par  Philippe Renault  Poète et traducteur  

« Le Pr D SAMB nous a parlé de ce penseur méconnu dans son tome 4 sur l’heur de philosopher »

Philippe Renault, dont Les Belles Lettres ont publié en 2000 une Anthologie de la poésie grecque antique, préfacée par Jacqueline de Romilly (440 p.), est aussi l’auteur de plusieurs autres volumes (poèmes personnels et traductions de textes antiques), disponibles en version électronique auprès des Éditions de l’Arbre d’Or. Les FEC ont proposé de lui en 2003 trois articles, intitulés respectivement : Fable et tradition ésopique ; L’esclave et le précepteur. Une comparaison entre Phèdre et Babrius, ainsi que Babrius, un fabuliste oublié.

Philippe Renault s’intéresse également à Lucien. On trouvera ci-dessous un autre de ses inédits, qui se présente comme une introduction générale à la vie et à l’oeuvre de celui que l’auteur appelle « un satiriste flamboyant ». D’autre part, il a établi pour la BCS un catalogue détaillé des oeuvres de Lucien, et confié, également à la BCS, une traduction nouvelle de quatre dialogues de Lucien : Le Banquet ou les Lapithes ; La Traversée pour les Enfers ou le Tyran ; Les Amis du Mensonge ou l’Incrédule, et La Mort de Pérégrinos.

La vie

Lucien naquit dans la ville de Samosate, au bord de l’Euphrate et au cœur de la province syrienne de Commagène. Aujourd’hui la ville de Samsat – son nom moderne – est en pays kurde et sous administration turque ; mais depuis quelques années, elle a disparu sous les eaux d’un barrage hydraulique [1].

À juste titre, les spécialistes pensent que ses origines étaient sémitiques et s’accordent à situer son existence entre 125 et 192, donc en pleine période du règne des Antonins et de l’apogée de l’Empire romain. Quant aux détails relatifs à sa biographie, nous ne pouvons nous fier qu’à un article très bref de la Souda et aux indications que ses opuscules daignent nous confier [2]. D’extraction modeste, nous avoue-t-il, Lucien était destiné à devenir sculpteur comme son oncle : envoyé dans l’atelier de ce dernier pour faire son apprentissage, il fut vite dégoûté, commit des maladresses – il cassa une table de marbre – et finalement s’enfuit… Ensuite, lui, le Syrien de souche s’exprimant probablement en araméen (comme le Christ avant lui, comme son contemporain le médecin Galien ou comme plus tard le romancier Longus), se passionna pour le grec et entama des études dans les meilleures écoles d’Ionie (Smyrne) jusqu’à ce qu’il maîtrisât parfaitement l’attique, la langue littéraire grecque par excellence.

Les historiens ont émis beaucoup de réserves sur cette ascension à la fois sociale et culturelle telle que nous la décrit Lucien avec un luxe de détails [3]. En effet, il n’existe pour ainsi dire aucun cas d’écrivains antiques émanant des couches populaires de la société, la connaissance de la rhétorique, en particulier, étant le fait des fils de grandes familles. Ou alors notre Syrien serait l’exception confirmant la règle. Cependant, il est à noter que le nom de Lucien (Lykianos en grec) est un dérivé du prénom latin Lucius [4], preuve plus que probable de l’origine servile de la famille de notre auteur. Ce qui ne signifie pas que Lucien eût vécu pour autant dans une famille misérable : en effet, les affranchis avaient souvent amassé de grandes fortunes sous l’Empire. Remarquons toutefois que Lucien, tout au long de son œuvre, est presque toujours d’une dureté incroyable envers les riches, dénonçant leurs travers et leurs ridicules ; en revanche, les pauvres gens ont souvent droit à sa mansuétude et se distinguent par leur dignité et leur courage. Bref, tout cela pourrait être l’indication que Lucien était encore marqué par son origine sociale. Mais nous restons dans le domaine de l’expectative…

Ses études terminées, il devint avocat à Antioche à l’âge de 25 ans, selon la Souda, donc aux alentours de 145. Mais l’art austère de la plaidoirie déplut assez vite à cet homme instable, fantaisiste, voire exubérant. Orateur né, styliste averti formé, nous l’avons dit, aux meilleures écoles et aimant par-dessus tout briller en société, il se sentait beaucoup plus à son aise dans la récitation de textes bien troussés devant un parterre de spectateurs attentifs. Et c’est ainsi qu’il entama, dès 150 environ, une longue série de conférences publiques qui lui permettront de voyager à travers le monde romain et de se faire reconnaître comme un rhétoricien de talent. Partout, en effet, sa renommée fut immense. Il faut dire que nous étions en plein âge d’or de la Seconde Sophistique [5] où les rhétoriciens rivalisaient de virtuosité et étaient considérés comme de véritables « vedettes » par la foule. Très souvent, pareils à des acteurs, ils exerçaient leur art dans les théâtres que l’on réservait tout spécialement en vue de leur prestation et où ils étaient applaudis par un public friand de phrases harmonieusement agencées où la forme primait forcément sur le fond.

Concernant Lucien, c’est en Gaule, notamment dans la Vallée du Rhône, qu’il fut apprécié et qu’il fit fortune [6] : c’est tout au moins ce qu’il nous avoue au détour de l’un de ses récits. Une partie de ces travaux rhétoriques, où son style déclamatoire fait mouche, a survécu dans nos sources tels le Phalaris ou le croustillant Essai sur la Calomnie.

Mais au bout de dix ans de voyages harassants, lassé de donner des conférences et sentant l’impérieux besoin de se ressourcer, Lucien revint en Orient. Entre-temps, il avait dû saisir tout l’aspect vain et parfois pervers de la rhétorique, art du savoir-faire plus que de la sensibilité. Comme il le dit lui-même dans la Double Accusation, il quitta « l’art du mensonge pour se mettre au service de la vérité ». Pour lui, la vérité signifiait l’approfondissement des idées philosophiques. C’est donc sur le tard, aux environs de la quarantaine que Lucien tourna la page en faveur de la philosophie.

À partir des années 160, la réputation de notre Syrien lui permit de s’immiscer dans les arcanes du pouvoir central à tel point qu’il finit par se lier avec le second empereur en titre après Marc-Aurèle, Lucius Verus [7]. Comme tout bon courtisan qui se respecte (mais peut-être était-il sincère ?) il exalta dans ses Portraits la grandeur d’âme et la culture de la maîtresse du Lucius, la belle Pantheia. Il suivit le prince pendant les terribles guerres Parthiques comme en témoigne l’opuscule Comment écrire l’Histoire. Il fit aussi un séjour dans sa ville natale Samosate en 163 [8]. Puis en 165, il décida enfin de séjourner dans sa patrie spirituelle, Athènes. Dans la prestigieuse cité, il fréquenta assidûment de nombreux penseurs pour épancher sa soif de philosophie. Mais il garda toutefois un sens critique très aiguisé, s’en prenant ainsi violemment aux Stoïciens qu’il fustigea sans pitié, leur reprochant leur orgueil démesuré et leur dogmatisme foncier. Les seuls sages athéniens à trouver grâce à ses yeux furent Nigrinos et un certain Démonax [9] auxquels il consacra deux dialogues émouvants autant qu’édifiants. Il ne devint pas philosophe pour autant mais s’attellera dès lors à la mission de dénoncer les philosophes pédants et les charlatans de tout acabit et ce, non sans un certain courage car on sait qu’il se fit de nombreux ennemis.

En 171, grâce à des appuis impériaux non négligeables, Lucien connut l’apogée de sa course aux honneurs – sa biographie montre assez clairement sa volonté d’ascension sociale quoiqu’il s’en défende dans ses opuscules. Il obtint la charge prestigieuse de secrétaire, plus exactement d’archistrator du Préfet d’Égypte Statianus [10]. Mais la chute de ce dernier qui avait soutenu la tentative de coup d’État d’un certain Cassius en 175 provoqua inéluctablement le retrait de Lucien de ses fonctions administratives. Déjà d’un âge avancé, Lucien se lança de nouveau dans une série de conférences itinérantes, peut-être dans un but purement lucratif. Puis il revint à Athènes où il mourut aux alentours de l’année 192, donc à l’extrême fin du règne de Commode.

L’œuvre

Des manuscrits assez nombreux – preuve de la bonne vitalité de la tradition littéraire de Lucien tout au long du Moyen-Âge byzantin – nous ont conservé de lui 86 œuvres (dont une dizaine d’apocryphes) très diverses dans leur forme : exercices de rhétoriques, dialogues sérieux ou ménippés (d’un genre bouffon), autobiographies, pamphlets, romans, 53 épigrammes recueillies dans l’Anthologie Palatine, etc. Seul un nombre limité de ses écrits sont datables avec exactitude malgré les travaux remarquables d’érudition de Maurice Croiset et de Jacques Schwarz [11]. Pour des informations plus précises et plus détaillées, on se rapportera au catalogue établi dans un fichier spécial.

Les travaux rhétoriques

On citera rapidement ces opuscules, pour la plupart des œuvres de la jeunesse de Lucien : ce sont de purs exercices grammaticaux ou encore des « lectures d’introduction », courts récits sans prétention, jeux d’esprit souvent très soignés, destinés, lors des conférences publiques, à servir de « hors-d’œuvre » avant la lecture d’un texte de plus grande envergure. Ces récits un peu pédants sont mineurs dans l’œuvre de Lucien. Citons parmi ces textes rhétoriques Le Tyrannicidele Fils déshérité ou les deux Phalaris (éloge du tyran). De la même époque, date l’Éloge de la mouche et l’Essai sur la Calomnie qui sont déjà beaucoup plus séduisants et sarcastiques, annonciateurs du talent polémique qui fera la gloire de Lucien postérieurement.

Les opuscules autobiographiques

Dans le domaine autobiographique, on citera d’abord Le Songe, qui évoque l’enfance et l’adolescence de Lucien, destiné par sa famille au métier de sculpteur mais qui préfère de loin se consacrer aux belles lettres après un rêve fameux qui sera déterminant pour sa vocation future. Le Nigrinos, toute première œuvre philosophique de Lucien, vante la sagesse du philosophe du même nom qu’il fréquenta à Athènes, modèle selon lui, des antiques vertus grecques et qu’il met en contraste avec la richesse et la grossièreté des milieux romains. Cette charge farouchement anti-romaine apparaît comme une réplique directe à l’Éloge de Rome, composé à la même époque par Aelius Aristide. Quant à l’Apologie, elle se veut une justification de la décision de Lucien, à première vue contradictoire, de se mettre au service de l’administration impériale – il fut, comme nous l’avons dit plus haut, attaché au préfet d’Égypte – et ce, malgré son hostilité affichée envers Rome dans l’ouvrage précédemment cité. Il est vrai que les rapports de Lucien avec la puissance occupante sont loin d’être dénués d’ambiguïté, reflétant en cela l’attitude de beaucoup de ses compatriotes à travers l’Empire.

Les dialogues

Lucien est le maître incontesté du dialogue philosophique mais un dialogue détourné de sa vocation originelle. En premier lieu, il y a ceux que les spécialistes rangent dans la catégorie dite des « petits dialogues » : 30 Dialogues des morts, 26 Dialogues des dieux, 15 Dialogues marins, 15 Dialogues des courtisanes. Les premiers ont été imités beaucoup plus tard par Fénelon, Voltaire et Fontenelle, et proposent une amusante et cruelle satire des vices et des faiblesses des hommes chez Hadès où ils apparaissent dans toute leur affligeante vérité. En particulier, les chercheurs de testaments meurent avant ceux qu’ils convoitaient tandis que les riches et les despotes sont ridiculisés. Alexandre lui-même, Hannibal et Crésus ne sortent pas vraiment grandis de ces écrits. En revanche, les humbles et les philosophes cyniques (Antisthène, Diogène, Cratès, Ménippe) se taillent la part belle. Les Dialogues des dieux sont de petits textes scandaleux et sacrilèges pour lesquels à juste titre on a considéré qu’il s’agissait d’un coup de grâce donné au paganisme agonisant : en effet, Lucien y raille les dieux sans ménagement en révélant les infidélités de Zeus, la jalousie d’Héra, les coucheries d’Aphrodite, etc… Le ton de ces mimes est d’essence très alexandrine. Les Dialogues de courtisanes énumèrent avec cocasserie divers types humains : la prostituée cupide, la jeune courtisane encore niaise, le « Don Juan », le jeune homme impatient mal surveillé par son précepteur, l’amant crotté, bref, tout une galerie de portraits peinte de manière très pittoresque et qui s’inspire nettement de Ménandre et de la Comédie nouvelle.

Les grands dialogues relèvent de maintes catégories. Certains, authentiquement philosophiques, restent proches du modèle platonicien. Ainsi l’Hermotimos, sorte de drame psychologique et l’un des chefs-d’œuvre de Lucien. Deux personnages s’y affrontent : un étudiant attardé – il a plus de 40 ans ! – disciple des stoïciens, qui est plein de bonne volonté, soucieux d’idéal, et un Lucien moqueur à souhait, sceptique, cynique qui s’emploie à qui mieux-mieux, mais non sans subtilité, à le défaire de ses fausses illusions. De même, l’Anacharsis fait débattre le Scythe ingénu et Solon d’Athènes, sur le thème de l’utilité du sport, un aspect important de la culture antique.

Dans cette rubrique on peut placer le Parasite dont l’authenticité est parfois contestée, mais qui propose avec esprit un entretien à la manière de Platon sur ce thème entre Tychiadès-Lucien et le parasite Simon. Dans la Double accusation, l’auteur qui n’hésite pas à s’amuser de lui-même, fait parler la Rhétorique et le Dialogue : Rhétorique tance vigoureusement Lucien, son élève pourtant si doué mais qui l’a délaissée à l’âge de quarante ans pour le dialogue satirique et qui a eu, honte suprême, l’outrecuidance de travestir le vénérable dialogue platonicien… Les Philopseudeis (Les Amis du mensonge) offrent des récits de guérisons miraculeuses, de statues animées, de fantômes : c’est dans ce texte que l’on trouve pour la première fois le thème de l’apprenti-sorcier dont Goethe fera le sort que nous connaissons. Enfin, le Toxaris consiste en une dizaine d’historiettes édifiantes mais variées, drôles et mouvementées, sur l’amitié comparée chez les Grecs et chez les Scythes, l’avantage allant inévitablement aux barbares, plus rudes mais aussi plus sincères dans leurs rapports avec autrui.

D’autres dialogues se veulent délibérément fantaisistes et sont influencés par l’œuvre de Ménippe de Gadara qui inventa le genre dit « ménippé » au IIIème siècle av. J.-C. [12]. Mais le Syrien lui a ajouté une tonalité qui lui est personnelle, mélangeant avec dextérité, comme il l’avoue lui-même, « la moquerie, le cynisme, Eupolis et Aristophane » [13]. Le sérieux était pour ainsi dire au service du mot d’esprit et de l’effet comique. Cependant, l’aspect bouffon est inséparable de la philosophie et de la morale mais Lucien y met les formes, si l’on peut dire, usant d’un atticisme d’une subtilité et d’une fluidité apprises auprès des classiques athéniens de la grande époque.

Parmi ces « ménippées », le Banquet, où est décrit une joute grotesque entre des philosophes peu reluisants, plus gloutons que versés dans l’étude et la réflexion, ce qui fait dire à Lucien que la culture et l’érudition ne sont rien si elles ne tendent à améliorer les comportements. Ajoutons que Lucien a composé un autre récit de banquet proche de celui de Platon, le Lexiphane, composé dans un atticisme tellement outrancier qu’il en devient ridicule, prétexte pour dénoncer la sottise des puritains du langage qui exhumaient les expressions les plus rares pour décorer leurs écrits souvent insipides et prétentieux. Mais les véritables dialogues dits « ménippés » ont pour héros Ménippe lui-même, personnage à travers lequel c’est bien sûr Lucien qui s’exprime et qui fustige la folie des hommes : dans la Nécyomancie (Le Voyage aux enfers) et l’Icaroménippe (Le Voyage chez les dieux), on peut joindre la Traversée pour les enfers où la mort suppose un renversement des situations personnelles : le méchant, en l’occurrence ici le tyran, est sévèrement châtié tandis que le pauvre cordonnier et le philosophe – cynique – sont conduits vers l’Île des Bienheureux. Signalons le Zeus confondu et le Zeus tragédien, œuvres de nouveau très antireligieuses qui font toutes deux le procès de l’Olympien et surtout de la notion fausse, selon Lucien, de Providence. Dans le Zeus tragédien, le dialogue comprend deux scènes bien distinctes : à l’Olympe, d’abord, entre les dieux, et à Athènes ensuite, au portique Pécile, entre le stoïcien, qui vante la Providence, et le sage épicurien, son détracteur, qui l’emporte – en douterait-on ? – très nettement sur son interlocuteur.

Plusieurs autres œuvres satiriques sont de petites merveilles de style et d’humeur comme le Coq dirigé contre l’idée de métempsycose et plus généralement contre les théories fumeuses d’un Pythagore qui, dans ce récit, apparaît réincarné sous la forme d’un coq. Mais l’ouvrage le plus grinçant est sans nul doute les célèbres Philosophes à vendre où l’on voit les plus grands philosophes (Diogène, Socrate, Pyrrhon et Pythagore, etc.) qui en prennent tous « pour leur grade » et qui sont finalement mis en vente à bas prix vu leur peu de valeur. Cette charge fit scandale et Lucien répondit aux protestations dans les Pêcheurs, dont la première partie montre la colère des cliques philosophiques contre le Syrien Parrhésiadès-Lucien qui les conteste vertement mais qui se justifie en expliquant qu’il ne s’en prend pas aux grands sages d’autrefois mais simplement à leurs disciples contemporains, tous des ânes et des singes selon lui, et qui ont déformé les théories de leurs aînés. Dans la seconde partie du dialogue, on imagine une pêche miraculeuse qui permettra de révéler la vraie nature de tous ces penseurs de pacotille : au moyen d’un hameçon d’or lancé du haut de l’acropole, tous les philosophes se laissent attraper victimes de leur incurable cupidité !

Deux dialogues fort alertes traitent des thèmes ménippéens dans un cadre mythique ou allégorique, le Charon qui associe Hermès et Charon dans l’observation de la comédie humaine, et le Timon qui oppose le misanthrope, ennemi des richesses, à Ploutos (la Richesse) et Hermès.

Les romans

Lucien a composé des romans et des contes fort amusants qui ne sont pas exempts de thèmes philosophiques. En premier lieu, il y a Lucius ou l’Âne [BCS], écrit dans un esprit différent du fameux Âne d’or d’Apulée [BCS] qui renferme quelques aspects mystiques (épisode d’Amour et Psyché, initiation au culte d’Isis), qu’on ne retrouve guère chez Lucien. Il faut rappeler que nos deux auteurs avaient repris à leur compte une source commune, à savoir un roman écrit par un certain Lucius de Patras. Ce récit narre l’aventure picaresque et tragi-comique d’un homme métamorphosé en âne, prétexte pour révéler la méchanceté humaine et dénoncer la bêtise de certaines pratiques. C’est aussi le seul texte où Lucien offre un tableau assez réaliste de la vie quotidienne dans les provinces orientales de l’Empire. À l’inverse, Les Histoires vraies sont une plongée dans une fiction pure : elles retracent l’odyssée de Lucien lui-même qui s’en va à la découverte de l’autre continent au-delà des océans ; tout au long de ces pérégrinations « loufoques », il rencontre tout un bestiaire fabuleux, séjourne un moment dans l’île des Bienheureux, est avalé par une baleine, va sur la lune, imagine déjà la télévision ! Notre Syrien prévient qu’il n’a composé son récit qu’au gré de sa fantaisie n’ayant dit vrai que sur un seul et unique point : son aveu de l’affabulation ! Ce texte plein d’invention, chef-d’œuvre absolu de Lucien, premier ouvrage de science-fiction de l’histoire, a souvent été une source d’inspiration, notamment pour le voyage de Pantagruel au Quart Livre de Rabelais, Micromégas de Voltaire, et les Voyages de Gulliver de Swift. Mais au-delà du divertissement, il faut aussi considérer le fait que Lucien l’impertinent voulait montrer qu’il était capable, lui aussi, d’imaginer des histoires tout aussi folles et absurdes que celles tirées de la mythologie, révélant ainsi par voie de conséquence l’inanité des croyances de son temps. Mentionnons aussi le Navire, ouvrage très soigné et trop méconnu : Lucien rapporte les contes de ses trois compagnons qui imaginent la réalisation de leur souhait le plus cher.

Les pamphlets

Le plus souvent, ces pamphlets prennent la forme d’une lettre adressée à un ami, tel la Mort de Pérégrinos où Lucien écrit à un certain Celsius [14]. Dans ce récit, il conte l’histoire du cynique Protée qui se fit brûler en public aux jeux olympiques de 165 ; il est ridiculisé par un Lucien qui critique son orgueil démesuré et son hypocrisie. Ajoutons que ce texte a la particularité de nous fournir des informations sur les communautés chrétiennes que Pérégrinos fréquenta durant quelques années. Dans le Maître de rhétorique, Lucien utilise brillamment le second degré : sa lettre se présente comme une plaisante invitation à un jeune étudiant de négliger les études classiques rigoureuses afin de se livrer tout entier à la quête de la facilité et de la célébrité, seuls moyens, selon lui, de s’enrichir. L’œuvre vise probablement le rhéteur Julius Pollux, personnage controversé du temps de Lucien. Un autre pamphlet concerne un faux prophète particulièrement dangereux car influençant les masses crédules (Alexandre ou le Charlatan [BCS]). Lucien critiqua aussi de manière acerbe les faux collectionneurs de livres dans Contre un stupide Bibliophile où il fait la description au vitriol d’un collectionneur de livres apparemment savant et raffiné mais qui, en fait, est d’une sottise et d’une effrayante grossièreté morale.

 

Les traités

Plusieurs ouvrages sont des traités et ont un tour plus didactique mais toujours sarcastique. Le traité Sur le Deuil, proche de la « diatribe » se veut une attaque en règle contre la croyance aux Enfers et une dénonciation des rites funéraires, pour Lucien, d’une innommable absurdité. Le plus important reste une référence pour l’étude du genre historique dans l’antiquité, le traité Sur la Manière d’écrire l’histoire, parodie réussie de Thucydide, fourmillant d’allusions non seulement aux textes des historiens sans talent des guerres parthiques qui sévissaient à l’époque de Lucien – et qui se prenaient tous pour des Thucydides en puissance – mais aussi à des auteurs qui ternissaient leurs récits par de basses flatteries adressées à des princes et des hommes de guerre. De la Déesse syrienne qui est une description du temple d’Hiérapolis et des cérémonies qui s’y pratiquaient ne fut d’abord pas attribuée à Lucien en raison de son apparente naïveté que l’on a prise longtemps au premier degré. Mais les spécialistes actuels estiment qu’il s’agit là d’une parodie du style d’Hérodote, ce qui serait bien dans la veine de Lucien. Enfin, le dialogue Sur la Danse est en fait une étude suivie sur la pantomime et son répertoire mythologique.

 

Les poésies

Un aspect plus inattendu est la veine poétique de Lucien. Il composa une Tragédie de la goutte, où il se tourne en dérision puisqu’il devait lui-même souffrir de ce mal dans sa vieillesse. En outre, on a conservé quelques centaines de vers sur le mode burlesque, exclusivement des épigrammes, fort bien écrites au demeurant mais dont une partie est cependant apocryphe.

Un satiriste flamboyant

Les écrits de Lucien sont souvent assez brefs – en moyenne ils n’excèdent pas plus de trente pages dans un livre de poche classique -, Lucien écrivant en fonction de ses envies, de ses coups de cœur et surtout de ses rages. Brillante entre toutes, son œuvre se caractérise par une ironie mordante, voire jubilatoire, influencée par Aristophane, Ménandre mais aussi la satire Ménippée, très en vogue dans l’Orient hellénisé de l’époque, nous l’avons vu. Suprêmement artiste, notre Syrien sait à la fois faire usage d’un atticisme très pur dont ne rougiraient ni un Démosthène ni un Platon et en même temps d’un langage d’une verdeur allant jusqu’à la trivialité et l’obscénité qui ne va pas sans rappeler le verbe rabelaisien. Son vocabulaire est exceptionnellement riche et plein de pittoresque et d’inattendu.

Certes, il n’innove guère, n’invente pas un genre bien à lui. Comme tous les sophistes de cette époque, il continue à considérer l’imitation (mimésis) des thèmes classiques comme un art à part entière. Pour cela Lucien est doué d’une exceptionnelle faculté d’assimilation mais il se refuse à faire pompeusement – et bêtement – étalage de sa culture, contrairement à beaucoup de ses contemporains ; non, il fait éclater le cadre de l’imitation pure et simple pour composer une œuvre totalement personnelle, certes gorgée d’emprunts en tous genres, mais dans un dessein éminemment parodique et comique, sachant user des conventions et en tirer de savoureux effets.

Le style semble d’une fraîcheur et d’un naturel vivifiants même si, paradoxalement, Lucien n’use jamais du langage de la rue car toute son inspiration est puisée uniquement dans les livres. S’il paraît « faubourien » par moment ce n’est pas parce qu’il a repris une expression populaire, mais parce qu’il s’est approprié une formule directement tirée d’Aristophane ou d’Eupolis… Il ne faut donc pas se méprendre et rappeler que toute la littérature hellénistique est fondée sur l’érudition et le souvenir vivace des grands auteurs sacralisés que l’on relit sans cesse et que l’on cite abondamment. Les écrivains forment un milieu clos et sont totalement coupés des masses – contrairement aux auteurs tragiques et comiques du Vème siècle par exemple -, et Lucien n’échappe pas à la règle. Ce qui n’empêche pas que notre Syrien fut considéré, dès son époque, comme à part dans le cadre des lettres grecques ; en effet, ce pasticheur hors-pair, cet original a dû faire grincer les dents des tenants de la culture officielle à tel point que Philostrate l’exclut de ses biographies de sophistes, ce qui est, somme toute, fort révélateur.

Dans tous les cas, jamais du point de vue formel la langue grecque ne s’est révélée, grâce à son génie, aussi souple et aussi flamboyante ; elle atteint même un point de non-retour, une sorte d’apogée dans la virtuosité et la liberté qu’elle ne retrouvera plus guère après lui. Avec Lucien qui use et abuse – avec maestria cependant – des grands auteurs, la littérature grecque classique semble dresser un bilan d’elle-même, mais un bilan jamais nostalgique, encore moins pathétique, mais plutôt génialement parodique, comme un grand éclat de rire final avant l’inexorable crépuscule. Et ses Histoires vraies illustrent à elles seules cet aspect conclusif de l’hellénisme qu’incarne Lucien : en fonction des aventures qui ponctuent son récit, l’auteur s’amuse avec un talent prodigieux à pasticher Homère, Thucydide, Aristophane, Ménandre, etc…

Quant à la mission de notre auteur, elle est de dénoncer avec autant de drôlerie que de virulence les préjugés de son temps, les illusions et plus encore ceux qui en tirent profit, prétendus philosophes et charlatans (le fameux faux prophète Alexandre d’Abonotichos, entre autres). Comme il le dit lui-même dans cette véritable déclaration de principe : « Je suis un homme qui poursuis de ma haine les fanfarons et les charlatans, et qui ne souffre ni les mensonges, ni les perfidies et qui n’éprouve que répugnance à l’égard des fripons qui sont dotés d’un ou de plusieurs de ces penchants. » [15] Certes, sa réflexion est parfois un peu courte et quand il dénonce tel ou tel fait, le Syrien ne cherche pas trop à en expliciter les causes profondes, se contentant de suggérer quelques pistes.

Lui-même n’est pas à proprement parler un philosophe, ni même un moraliste comme on a pu l’affirmer quelquefois. Du point de vue de la pensée, il penche nettement vers le matérialisme et les adeptes des théories hostiles au fait religieux, et en premier lieu du côté des épicuriens : ces derniers s’opposent aux stoïciens, aux pythagoriciens et aux platoniciens qui, eux, affirment leur foi dans la Providence, celle-ci se confondant avec l’idée d’un dieu universel. Lucien accuse aussi un net penchant pour le scepticisme et le pyrrhonisme. L’école cynique l’attire également pour son refus de l’immortalité de l’âme.

Mais il reste que c’est incontestablement Épicure qui est son grand maître à penser, celui avec lequel il partage une farouche incroyance aux dieux et aux manifestations divines ainsi qu’un refus radical de tout mysticisme. Bref, Lucien est extrêmement méfiant à l’égard du monde de la pensée qui risque à tous moments, selon lui, de dériver vers l’erreur et l’imposture : il ne croit donc qu’en la seule réalité tangible. Les tentatives de la part des philosophes et des politiques (Marc-Aurèle cumulant les deux !) d’extraire du paganisme moribond un contenu mystique valable – tentatives fortes au IIème siècle puis exacerbées au IIIème) – lui apparaît sans fondement et en cela, convenons qu’il incarne une vision extrêmement minoritaire de la pensée grecque de cette période.

Néanmoins, l’assimilation fréquente de Lucien avec Voltaire, bien qu’alléchante, n’en est pas moins fort erronée. Certes, il pourfend les vices et les superstitions de manière cinglante mais il est sans illusion sur une quelconque capacité à améliorer les choses. Il est vrai qu’à son époque où plus personne ne croit plus guère aux dieux traditionnels – sauf dans les campagnes – et qui, de ce fait, voit l’émergence d’une autre religiosité tournée vers l’espérance dans l’au-delà, favorisant sectes et superstitions de toutes sortes, et ce, jusqu’au triomphe final du christianisme, grande profiteuse de cette confusion des esprits, Lucien devait se sentir profondément solitaire et surtout impuissant, le combat étant à son avis fatalement perdu d’avance.

On peut donc le considérer comme une sorte d’« inactuel » mais sans le côté torturé que ce terme véhicule. Car Lucien, homme jovial et malicieux, quoique probablement un peu désabusé et accablé par la stupidité des pratiques de son temps qui irritait son rationalisme, par ailleurs personnalité déjà très moderne – ce qui lui valut d’être taxé d’athéisme par les auteurs chrétiens – avait l’âme d’un dilettante ; en effet son seul dessein n’était que de distraire et de faire rire ses lecteurs, ces derniers appartenant pour la plupart à une élite cultivée, totalement acquise et friande de ses écrits dont on imagine facilement qu’il les lisait avec délectation à la fin de banquets organisés entre amis. Ce qui explique le soin donné à la composition : ainsi, dans les dialogues, l’action se distingue par une clarté saisissante, les temps morts sont exclus, le but étant de captiver le lecteur – ou l’auditeur – afin que son attention ne donne jamais le moindre signe de fléchissement. D’où la profusion de traits d’esprit, de plaisanteries diverses placées entre deux considérations morales de nature plus élevée.

Convenons que derrière ces rires à la fois subtils et gras, derrière la fausse naïveté de ses récits qui les rendent parfois irrésistibles, Lucien révèle aussi un monde aux mœurs pitoyables, voire terrifiantes ; mais jamais ne perce sous sa plume ironique – au point d’en être gênant pour le lecteur judéo-chrétien que nous sommes tous un peu – la moindre once de compassion de sa part. C’est que, nous l’avons dit, Lucien n’est pas moraliste pour deux sous et il pense que les travers humains sont dans la nature des choses. Au fond, il ne propose aucun idéal, ne suscite aucune ambition et le message qu’il délivre n’invite en aucun cas le lecteur à s’engager dans une action positive et ce, en raison du détachement par trop manifeste dont notre Syrien fait preuve tout au long de ses écrits : ce qui induit une relative frustration. On a même pu dire que l’œuvre lucianiste était une exaltation de l’immobilisme social et existentiel [16], ce qui n’est pas tout à fait faux : Lucien ne dit-il pas dans le Zeus tragédien :

« On a beau écrire ceci et dire cela, il n’empêche que les hommes seront le lendemain ce qu’ils étaient déjà le jour précédent. » [17] En revanche, on ne peut douter de la sincérité de sa faculté d’indignation surtout quand il s’agit de dénoncer les superstitions ou peindre des personnages qui le révulsent tels que le faux prophète Alexandre ou le snob libidineux se targuant de culture (Contre un stupide Bibliophile). Enfin, tout en feignant de s’amuser, il sait aussi, par un trait plus sérieux, exprimer sa répugnance à l’égard des riches et des philosophes hypocrites : alors, son verbe ironique et malicieux fait place à une brusquerie stylistique surprenante comme si Lucien sortait soudain de ses gonds et exprimait une vibrante protestation ; et l’on se dit que ce joyeux luron, apparemment revenu de tout, devait, face à des situations qu’il jugeait par trop révoltantes, piquer des accès de colère assez aigus qui trouvent leur prolongement dans les diatribes de ses meilleurs écrits.

Sa postérité fut ambiguë : Lucien n’eut aucun disciple pour poursuivre son œuvre de dénonciation de l’irrationalisme ambiant. D’ailleurs, était-ce vraiment dans ses projets, lui l’amuseur désinvolte et sans illusion des faiblesses humaines ? Cela ne lui ressemble guère. Le IIIème siècle qui suivra sera celui de la quête d’une religiosité de plus en plus mystique qui verra la multiplication des sectes les plus échevelées et l’énonciation des théories les plus fumeuses. Le rationalisme foncier qui le caractérise fit condamner ses écrits à la fois par les Néo-platoniciens et les auteurs chrétiens. Le sévère apologiste Lactance déclara que « l’esprit de cet individu ne devait pas être perpétué ni chez Dieu, ni chez les hommes ». Il fut injurié par le Aréthas, évêque de Césarée au Xème siècle – qui l’étudia néanmoins -, et la Souda lui inventa une mort affreuse « déchiré par les chiens en guise de châtiment pour ses blasphèmes » et lui prédit – rien que cela – « la proie des flammes de Satan pour toute la durée de l’éternité » [18]. Cependant, il continua à être cité par les scholiastes byzantins et il fut édité notamment par le philologue Ignace magister au XIVème siècle, ce qui a permis de conserver la plus grande partie de son œuvre. Toutefois, il faut attendre la Renaissance pour que l’Occident redécouvre Lucien. En 1417, un manuscrit échoua en Italie apporté par un érudit de Byzance fuyant l’avancée ottomane. Il faudra attendre 1496 pour que le texte lucianiste soit enfin imprimé et diffusé [19].

Il faut savoir que les humanistes Érasme – qui s’en souviendra dans son Éloge de la Folie – et Thomas More – son Utopia fourmille d’allusions au Lucien des Histoires vraies – en feront leur lecture favorite. Le public du Siècle des Lumières l’appréciera encore davantage pour les raisons que l’on devine (montée de la libre pensée) et le lira dans la traduction bourrée d’erreurs mais fort plaisante de Perrot d’Ablancourt [20] élaborée un siècle auparavant (1654), première du genre à être traitée de « belle infidèle » par les critiques. Cette traduction ne sera supplantée que dans les années 1850 par celle d’Eugène Talbot, beaucoup plus sérieuse du point de vue philologique mais fort plate et excluant le piquant et l’humour qui font pourtant toute la force et la grandeur du Syrien. Cette édition complète fait toujours date en ce début du XXIème siècle en France car la collection Budé n’a commencé à éditer les opuscules que depuis 1993 et elle est loin d’en avoir fini…

Conclusion

Vu sous l’optique d’un amuseur de génie, d’un anticonformiste à qui on a reproché cependant une vision un peu courte des choses et une agaçante condescendance à l’égard de ses victimes et même de ses lecteurs, on peut estimer qu’il a pleinement réussi dans sa vocation puisque mille huit cents ans après sa mort, on lit encore avec plaisir ses opuscules qui sont d’une élégance et d’une fantaisie à nulle autre pareilles. Bien qu’il ne cherche nullement à proposer de quelconques alternatives – il est aux antipodes du militantisme – sa dénonciation des aberrations de la pensée, des superstitions, bref, de tout ce qui contredit le bon sens et la raison reste valable et toujours d’actualité : elle prend même de nos jours une connotation toute particulière avec la recrudescence des fanatismes sectaires de tout poil, de l’intolérance religieuse et finalement des pratiques qui sont le lot de la bêtise humaine. Un nouveau Lucien apparaîtrait dans certains pays d’aujourd’hui, soyons en sûrs, il n’aurait pas bonne presse, serait politiquement incorrect et peut-être finirait bien mal…

 Notes

[1] Le Barrage Atatürk qui a englouti notamment le fameux site archéologique de Zeugma par la même occasion… [Retour]

[2] Notamment l’opuscule bibliographique le Songe où il évoque son apprentissage et le fameux rêve qui l’incita à poursuivre une carrière littéraire. [Retour]

[3] Luciano Canfora, dans un chapitre de sa très récente Histoire de la littérature grecque à l’époque hellénistique, Desjonquières, 2004, pense que cette prétendue enfance pauvre est un leurre et un poncif cynico-socratique. [Retour]

[4] C’est la thèse de P. Grimal dans l’introduction des Histoires vraies tirée de l’ouvrage collectif Romans grecs et latins, Paris, Gallimard, collection La Pléiade, 1958. [Retour]

[5] Sur la Seconde Sophistique lire le fructueux ouvrage de Louis Pernot, La rhétorique dans le monde gréco-romain, I-II, Paris 1993. [Retour]

[6] La Double Accusation, 27. [Retour]

[7] Lucius Verus associé au principat, selon le testament d’Antonin le Pieux, régna de 161 à 164, essentiellement dans les provinces orientales de l’Empire. [Retour]

[8] C’est à cette occasion que le récit autobiographique le Songe fut lu devant ses compatriotes en 163. [Retour]

[9] Deux dialogues philosophiques intitulés tout simplement Nigrinos et Démonax. [Retour]

[10] C’est dans l’Apologie pour les Salariés que Lucien donne cette indication. [Retour]

[11] Cf. bibliographie. [Retour]

[12] Ménippe de Gadara était un esclave affranchi et un philosophe cynique qui écrivit 13 livres parmi lesquels un Banquet, des TestamentsLa Vente de Diogène. Il ne nous reste rien de son œuvre. [Retour]

[13] Les Pêcheurs, 16. [Retour]

[14] Ce Celsius (ou Celse) a été identifié sans doute à juste titre avec l’auteur du célèbre Contre les Chrétiens que nous a conservé une réfutation composée par Origène. [Retour]

[15] Les Pêcheurs, 20. [Retour]

[16] C’est l’avis de L. Canfora qui voit en Lucien un « sceptique conservateur ». [Retour]

[17] Zeus tragédien, fin. [Retour]

[18] Sur cette rage anti-Lucien, cf. B. Badwin, « The Scholiast Lucian’s », Helikon, 20-21, 1981, qui relève les différentes épithètes dénonçant le libertin et l’athée. [Retour]

[19] Cf. C. Lauvergnat-Gagnière, Lucien de Samosate et le lucianisme en France au XVIème siècle, Genève, 1988. [Retour]

[20] Cf. R. Zuber, De Lucien écrivain au Lucien de Perrot d’Ablancourt, Paris, 1992. [Retour]

Bibliographie 

Éditions

Les plus récentes éditions du texte de Lucien sont celles de M. D. MacLeod (achevé), « Bibliotheca Oxionensis » (I, 1972 – IV, 1987) et de J. Bompaire (inachevé), collection « Budé » : Œuvres. I. Opuscules 1-10 et introduction générale, 1993 ; II. Opuscules 11-20, 1998 ; III. Opuscules 21-25, 2003.

Quelques traductions françaises

  • Philosophes à vendre et autres récits, Paris, Rivages, 1992.
  • Les Amours et Dialogues des Courtisanes et Toxaris, Paris, Arléa, 1993.
  • Éloge du Parasite, Paris, Arléa, 2001.
  • Alexandre ou le faux prophète, Paris, Les Belles Lettres, 2001.
  • Histoires vraies, Arles, Actes Sud, 1990.

Études

  • Croiset, Essai sur la vie et les œuvres de Lucien,Paris, 1882.
  • Chabert, L’atticisme de Lucien,Paris, 1896.
  • Helm, Lucian und Menipp, Leipzig, 1906.
  • Mras, Die Ueberlieferung Lucians, Vienne, 1911.
  • J. Deferrari, Lucian’s Atticism : The Morphology of the Verb,Princeton University Press 1916 ; repr. by Hakkert, 1969.
  • Caster, Lucien et la pensée religieuse de son temps.Paris, 1937.
  • W. Householder, Literary quotation and allusion in Lucian,New York, 1941.
  • Bompaire, Lucien écrivain : imitation et création,Paris, Éditions de Boccard, 1958.
  • Betz, Lukian von Samosata und das Neue Testament, Berlin, 1961.
  • Schwarz, Biographie de Lucien de Samosate, Bruxelles-Berchem, 1965.
  • Baldwin, Studies in Lucian, Toronto, 1973.
  • Anderson, Studies in Lucian’s comic fiction, Leyde, 1976.
  • A. Hall, Lucian’s Satire. New York: Arno Press, 1981.
  • P. Jones, Culture and Society in Lucian,Cambridge, MA: Harvard University Press, 1986.

  Appendice : Lucien sur la Toile francophone

[Philippe Renault a accepté que l’éditeur des FEC clôture son article par la mention de quelques sites francophones sur Lucien]

  • Bibliographies
    • Outre la bibliographie générale ci-dessus, on pourra voir celle consacrée plus particulièrement à «L’Histoire vraie » de Lucien dans le cours de Monique Mund à Louvain-la-Neuve.