L’Orientalisme-L’Orient créé par l’Occident-Edward W. Said  ( cet auteur avait inspiré MUDIMBE)

Traduit par : Catherine Malamoud   Traduit par : Claude Wauthier

« « L’Invention de l’Afrique. Gnose, philosophie et ordre de la connaissance » (The Invention of Africa. Gnosis, Philosophy and the Order of Knowledge), de Valentin-Yves Mudimbe, traduit de l’anglais par Laurent Vannini, Présence africaine, « Histoire, politique, société », 516 p., 20 €.

Trente-trois ans. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour traduire l’essai incontournable des études africaines, The Invention of Africa, de Valentin-Yves Mudimbe ? Voilà une énigme qui n’a cessé de hanter Mamadou Diouf. Enseignant à l’université Columbia, à New York, il dirige la collection dans laquelle paraît L’Invention de l’Afrique. « C’est probablement l’un des livres des études africaines les plus utilisés dans le système universitaire. Il n’y a pas un étudiant en ce domaine qui ne l’ait lu », avance-t-il.

Et pour cause, L’Invention de l’Afrique est devenu un classique dès sa parution en 1988 et a opéré une rupture comparable à celle provoquée par Edward Said (1935-2003) avec L’Orientalisme (1978 ; Seuil, 1980) – les deux auteurs se lisant d’ailleurs et s’appréciant mutuellement. L’essai de Mudimbe paraissait en un moment où le débat sur la philosophie africaine, qui battait son plein depuis les années 1960-1970, soulevait la question de ce que pourrait être un savoir à proprement parler africain, en montrant les limites du regard occidental dans l’appréhension des réalités africaines ».

L’orientalisme

« L’Orient » est une création de l’Occident, son double, son contraire, l’incarnation de ses craintes et de son sentiment de supériorité tout à la fois, la chair d’un corps dont il ne voudrait être que l’esprit.

À étudier l’orientalisme, présent en politique et en littérature, dans les récits de voyage et dans la science, on apprend donc peu de choses sur l’Orient, et beaucoup sur l’Occident. C’est de ce discours qu’on trouvera ici la magistrale archéologie.

Edward W. Said (1935-2003)

Né à Jérusalem, émigré aux États-Unis en 1951, il a été professeur de littérature comparée à l’université de Columbia. Il est l’auteur de plus de vingt livres, traduits dans une trentaine de langues, dont Des intellectuels et du pouvoir, paru au Seuil.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Catherine Malamoud

Préface de l’auteur (2003) traduite par Sylvestre Meininger

Préface à l’édition française de Tzvetan Todorov

Postface de l’auteur traduite par Claude Wauthier

In universalis.fr

SAID EDWARD W.(1935-2003)

Universalis

Intellectuel et musicologue, grand lecteur de Adorno, Gramsci et Foucault, Edward Said aimait à se définir comme « intellectuel juif, palestinien, libanais, arabe et américain ». De fait, il n’aura cessé, dans ses écrits comme dans ses prises de position, de mettre en question et de soumettre à la plus fine critique les frontières tant culturelles que politiques qui ne cessent de confronter, partager, diviser l’humanité, en s’efforçant de leur opposer un universalisme pour notre temps. Son livre le plus connu, L’Orientalisme (1978) est précisément le fruit d’une réflexion sur une de ces oppositions majeures (Orient/Occident), que des expressions comme « choc des civilisations » continuent d’alimenter.

L’expérience de l’exil et du passage des frontières nourrit toute l’œuvre de Said. Elle inspire aussi une pensée du retour et de la remémoration qui s’exprime superbement dans son autobiographie, À contre-voie (1999).

À contre-courant

Né à Jérusalem en 1935, fils d’un homme d’affaires palestinien de confession protestante, qui avait vécu aux États-Unis et était citoyen américain, Edward W. Said, comme il le raconte dans À contre-voie est « un Arabe éduqué à l’occidentale », passionné de littérature, de poésie et de piano. Sa famille, installée en Égypte en 1947, l’envoie étudier aux États-Unis. En 1963, il devient professeur de littérature comparée à l’université Columbia de New York. Dans son œuvre de critique, il va révéler la présence, au sein de la « grande culture » soi-disant neutre et humaniste de l’Occident, des rapports de domination que celui-ci entretient avec le reste du monde. Plusieurs de ses ouvrages font date, notamment L’Orientalisme et Culture et impérialisme (1993).

Parallèlement, Edward W. Said défend une conception exigeante du rôle social de l’intellectuel, qui doit « dire la vérité au pouvoir » (Des intellectuels et du pouvoir, 1994). Il souligne la force de l’exil, de la marginalité, de l’errance (l’« intellectuel exilique » ne suit pas « la logique de la conven […]