Le visage de nos colères-Sophie Galabru  Docteure et agrégée de philosophie

 » cet ouvrage m’a interpelé quand j’ai lu l’ouvrage du Pr D SAMB qu’est-ce qu’il est difficile de rester humain » En réalité,  notre corps et nos émotions négatives ( Spinoza) nous mettent hors de nous et il faut une grande maîtrise de soi pour que l’on retrouve par les enseignements, la méditation et les exercices.   C’est pourquoi il nous faut comprendre nos colères. » P B CISSOKO

Dans l’espace public et notre quotidien, la colère affiche de multiples visages. Systématiquement discréditée, au point d’être ridiculisée, elle ne cesse pourtant de gronder – et nous redoutons son tumulte. Que faire de nos colères ?
Quand on nous incite à cultiver une attitude docile et à étouffer nos colères, afin de nous rendre plus désirables, c’est au silence que l’on nous habitue, voire au renoncement. Mais pour nous défendre face aux agressions intimes et politiques, comme pour garantir notre liberté, pourquoi ne pas puiser dans ces colères créatrices, celles des artistes et des minorités en lutte pour leur liberté ? Ces colères sont en nous – encore faut-il apprendre à les habiter.
En disséquant cette émotion défendue, Sophie Galabru construit une philosophie émancipatrice et stimulante pour affronter l’intolérable, et propose un manifeste puissant : la colère, loin d’être destructrice ou haineuse, pourrait bien être la clé de notre vitalité.

Essai

Avec Sophie Galabru, la colère, tout un programme

Condamnée par les chrétiens, déconsidérée par les stoïciens, cette émotion était valorisée par la tragédie grecque comme utile à la cité. Dans un essai «le Visage de nos colères», la philosophe retrace l’histoire de l’ire et montre comment elle peut être «une ressource de vitalité».

Une bête, l’homme. Yeux exorbités et rougis de sang, mâchoire serrée, lèvres tremblantes, il

hurle, tonitrue, postillonne, jure, se démène comme un possédé, menace présents et absents, fait voler coups de poing et coups de pied, casse les objets et les os, arrache, cogne, blesse… «Oui, le tigre lui-même […] paraît encore moins féroce que l’homme enflammé par la colère» (Sénèque, De ira, III, 4).

Une peste, l’enfant. Aussitôt relevé, corps inarticulé, il se jette de nouveau par terre, trépigne, agite en hurlant ses jambes et ses bras, pleure, s’égosille, envoie valser son doudou, renverse le carton de jouets, «m’en fiche, j’irai pas, j’irai pas, j’te détesteeee !!».

Une hystérique, la femme. Pour un rien, une chaussette ou un caleçon qui traînent, la moutarde lui monte au nez, elle crie, s’arrache les cheveux, «j’en ai marre, marre !!», pète les plombs, les assiettes et le «vase de ta mère», s’époumone à égrener la kyrielle des vexations subies, fulmine, hurle et éclate en sanglots.

Trois caricatures, trois formes stéréotypées de la colère, devenues, comme en un précipité chimique, sens commun. Il n’est guère aisé de s’en défaire, tant elles sont incrustées dans la culture – et renforcées par les clichés adjacents qui touchent la personne du colérique, enfant et femme en particulier. C’est pourtant à cette tâche que s’est attelée la jeune philosophe Sophie Galabru dans le Visage de nos colères : un premier essai

Avec Sophie Galabru, la colère, tout un programme – Libération (liberation.fr)