Le Roi De Kahel – Prix Renaudot 2008: Monénembo, Tierno

Je ne connaissais pas du tout cet auteur apparemment très bon et qui a même gagné le prix Renaudot 2008-Un jeune Sénégalais Djiby SY, rencontré dans le Restau de LALLA dans le 18 ème à l’occasion de nos échanges, me dit que son auteur préféré est Tierno MONENEMBO. Je lui di que je ne le connaissais pas du tout mais que j’allais combler mon ignorance  Il traite souvent de l’exil et de la diaspora. Allons à sa rencontre. Pape CISSOKO

En posant le pied en Afrique, Aimé Victor Olivier vient de réaliser un rêve d’enfant : conquérir la région hostile du Fouta-Djalon. L’ingénieur intrépide promet aux Peuls d’y construire une ligne de chemin de fer. C’est sans compter la méfiance de ce peuple fier et redoutable. Bravant tous les dangers, cet aventurier haut en couleur deviendra le favori du roi, et un héros de l’actuelle Guinée.

Extraits

Le virus des colonies, il l’avait attrapé en écoutant les récits du grand-oncle, Simonet. Les savoureuses aventures des pionniers de la civilisation égarés chez les anthropophages, et que la bonté du Christ sauvait in extremis de la marmite bouillante des Zoulous ou des Papous, le faisaient frissonner tous les soirs, une fois terminés les longs, les pénibles dîners de famille. Et il trouvait bon après cela de se recroqueviller sous les couvertures, ravi que les murs de sa chambre fussent suffisamment épais, la toiture solide et les portes bien verrouillées pendant que, sous la nuit enneigée du Lyonnais, les balafrés rôdaient dans les parcs, à la recherche de petits blonds bien croquants

L’Afrique, il l’avait toujours vécue, certes, mais ce n’était encore que des mots ; des croquis, des images, des cartes noyés dans des mots. Seulement quelques mois que les choses sérieuses avaient commencé, que sa hantise de gamin avait émergé pour la première fois des chimères et des illusions : quand il avait pris le train à Austerlitz pour se rendre à Lisbonne. Pour gagner les rivages du continent noir, il valait mieux, alors, traverser d’abord le Tage. Pionniers des découvertes africaines, les Portugais y étaient les mieux implantés, leurs archives, les plus abondantes, leurs cartes, les plus sûres. En outre, leurs comptoirs de Boulam et de Bissao jouxtaient les contreforts du Fouta-Djalon, dont de nombreuses rivières et fleuves y trouvent estuaire.

On ne va pas en Afrique comme on en revient. Dans un sens, les dîners et les bals, les dames en capeline et en robe de tarlatane, les jeux de cartes des négociants, les rires joyeux des officiers de marine. Dans l’autre, l’ambiance morbide des fonctionnaires limogés, des aventuriers en ruine et des veuves éplorées, aux maris fauchés par la malaria ou par les flèches empoisonnées des Nègres.

Né en Guinée en 1947, Tierno Monénembo a été révélé par Les Crapauds-brousse en 1979. Son roman Les Écailles du ciel, qui a reçu une mention de la fondation L.S. Senghor, L’Aîné des orphelins et Peuls sont disponibles en Points.  » Ce Roi de Kahel fera date dans la vision africaine de l’aventure coloniale. « Le Point Prix Renaudot 2008

 dans wikipedia on trouve ceci 

Tierno Monénembo de son nom de naissance Thierno Saïdou Diallo, né le 21 juillet 1947 à Porédaka en Guinée, est un écrivain guinéen, lauréat du prix Renaudot en 2008.

Tierno Monénembo est le fils d’un fonctionnaire en Guinée. En 1969, il fuit le pays et le régime d’Ahmed Sékou Touré et rejoint à pied le Sénégal voisin. Il poursuit ses études en Côte d’Ivoire, puis en France à partir de 1973, où il obtient un doctorat en biochimie de l’université de Lyon.

Il enseigne au Maroc et en Algérie. En 2008, il est professeur invité au Middlebury College dans le Vermont aux États-Unis1.

Tierno Monénembo publie son premier roman en 1979. Ses romans traitent souvent de l’impuissance des intellectuels en Afrique, et des difficultés de vie des Africains en exil en France. Il s’intéresse particulièrement à l’histoire et aux relations des Noirs avec la diaspora émigrée de force au Brésil (Pelourihno). Il consacre un roman aux Peuls et une biographie romancée à Aimé Olivier de Sanderval, un aventurier et explorateur français, originaire de Lyon et Marseille (campagne Pastré), admirateur de leur civilisation et devenu un « roi » Peul (Le Roi de Kahel). À cette occasion, il revisite l’histoire coloniale pour faire entrer cette période controversée dans l’imaginaire romanesque.

Après cela, il travaille sur la vie d’un Peul guinéen, Addi Bâ, héros de la Résistance en France, fusillé par les Allemands (Le Terroriste noir), ainsi que sur les liens unissant la diaspora noire d’Amérique avec l’Afrique.

Tierno Monénembo est en résidence d’écrivain à Cuba lorsqu’il apprend qu’il est le lauréat 2008 du prix Renaudot. Sa récompense met en lumière toutefois la place grandissante qu’occupent les écrivains français d’origine africaine dans la littérature francophon Elle souligne également, même si Tierno Monénembo vit en Normandie comme sur les traces du poète-président sénégalais Léopold Sédar Senghor, qu’une partie de la littérature contemporaine en français se trouve au Sud.

Il critique vivement le coup d’État militaire du 23 décembre 2008 en Guinée qui porte au pouvoir la junte menée par le capitaine Moussa Dadis Camara juste après la mort du président Lansana Conté, qui dirigeait le pays depuis 1984.

Resté relativement discret en 2009, tant sur le plan politique que littéraire, jusqu’au massacre de plus de 150 civils par l’armée le 28 septembre à Conakry, il écrit alors une tribune publiée dans Le Monde et intitulée « La Guinée, cinquante ans d’indépendance et d’enfer2 » pour condamner cette tuerie et appeler la communauté internationale à agir. En octobre 2019, il alerte de nouveau la communauté internationale en publiant une nouvelle tribune3 dans Le Point au sujet de la volonté du président guinéen Alpha Condé de s’octroyer un nouveau mandat après son dernier mandat constitutionnel « quitte à marcher sur des monceaux de cadavres »3.

Du même auteur AUX MÊMES ÉDITIONS Les Crapauds-brousse Seuil, 1979 Les Écailles du ciel Grand Prix de l’Afrique noire 1986 Mention spéciale de la fondation L. S. Senghor Seuil, 1986 et « Points » n° 343 Un rêve utile Seuil, 1991 Un attiéké pour Elgass Seuil , 1993 Pelourinho Seuil, 1995 Cinéma Seuil, 1997 L’Aîné des orphelins Prix Tropiques 2000 Seuil, 2000 et « Points » n° 1312 Peuls Seuil, 2004 La Tribu des gonzesses théâtre Cauris-Acoria, 2006 Extrait de la publication