Le lanceur d’alerte n’est pas un délateur-Pierre Farge (Auteur) 

« La vérité franchit toujours trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite elle subit une forte opposition. Enfin elle est reconnue comme ayant toujours été une évidence. » Arthur Schopenhauer

En France, le lanceur d’alerte est trop souvent vu comme un traître. Pourtant, d’Irène Frachon (la pneumologue qui fit éclater le scandale du Mediator) à Edward Snowden, les exemples ne manquent pas pour montrer l’apport considérable des informations révélées. Alors, pourquoi un tel retard en France ?
Ce livre coup-de-poing dénonce tant l’hypocrisie politique que l’absurdité de la réponse judiciaire. Il honore ceux qui, au péril de leur vie, ont révélé des failles. Et propose une réforme qui, enfin, reconnaîtrait ces.

LE LANCEUR D’ALERTE EST À L’ORIGINEDE LA DÉMOCRATIE

L’Antiquité grecque

Les premiers lanceurs d’alerte ont vu le jour au VIe siècle avant J.-C. Évidemment, ils n’avaient pas encore ce titre, mais étaient plutôt appelés « sycophantes », ou « dénonciateurs des voleurs de figues dans les bois de l’Attique », selon l’étymologie proposée par le Littré. Ils vivaient de leurs révélations auprès de la justice.

Deux personnages majeurs de l’histoire en sont à l’origine : Solon et Clisthène.

Entre 546 et 518 avant J.-C., une crise économique et politique conduit à une évolution de gouvernance, en rupture totale avec le régime despotique de Pisistrate auparavant à l’œuvre. La tyrannie avait engendré la servitude de personnes endettées devenues esclaves. Et l’apparition de la monnaie et l’essor du commerce avaient enrichi toute une frange de la population, laquelle ne supportait plus d’être sous les ordres de nobles tels les fils de Pisistrate, Hipparque et Hippias.

Pour répondre à cette crise sociale, Solon, aristocrate et poète, décide d’engager des réformes fondamentales pour mettre un terme au système de classes en vigueur à Athènes, abolissant au passage l’esclavage.

Quelques années plus tard, en 507 avant J.-C., Clisthène décide d’accorder au peuple la participation aux décisions et aux fonctions politiques en échange de son soutien au régime démocratique. Un nouveau système juridictionnel est ainsi instauré. La principale juridiction devient l’Héliée, tribunal populaire composé de six mille citoyens tirés au sort. Et en l’absence de ministère public au sein de cette juridiction nationale unique, le civisme des citoyens est requis pour dénoncer tout crime ou délit. Les actions judiciaires sont alors divisées en deux classes. L’action privée, qui suppose un intérêt personnel à agir. Et l’action publique, où le rôle de procureur est confié à tout citoyen souhaitant agir dans l’intérêt général. Ainsi, l’obligation de dénoncer devient une obligation légale, un devoir citoyen, un impératif démocratique pour faire respecter la loi.

C’est si vrai que, quelques années plus tard, l’ouvrage majeur de l’époque, La République de Platon, soutient que les citoyens négligeant d’avertir les magistrats, ou de leur apporter leur concours, doivent être punis par la loi. Le respect du droit est assuré.

La période moderne : le lanceur d’alerte contribue à l’indépendance des États-Unis

Le système du qui tam, né au Moyen Âge en Angleterre, est abrogé en 1951 pour plusieurs raisons. D’abord à cause du manque de popularité des informateurs, essentiellement motivés par l’argent et non contrôlés. En outre, le qui tam a fini par tomber en désuétude devant le développement du ministère public qui, en l’espace de six siècles, a corrigé son inefficacité par un nombre croissant de magistrats exerçant cette activité à part entière. Et donc exerçant avec compétence.

Pierre Farge, engagé en faveur des lanceurs d’alertes, et récemment des femmes battues, et l’un des avocats les plus prometteurs de la nouvelle génération.

Pierre Farge : loyal mais sans pitié

Pierre Farge s’intéresse au droit après avoir lu le Dictionnaire amoureux de la justice de Jacques Vergès et assisté au procès d’Antonio Ferrara en 2006. Fondateur de Farge Associés, il se distingue par une activité contentieuse à haute valeur ajoutée, et notamment un engagement pour la cause des lanceurs d’alerte. Passionné, son activité témoigne d’un intérêt pour les marges.

Activité universitaire

Pierre Farge est diplômé de l’Université de Paris X Nanterre et HEC Paris.

Après avoir été finaliste du Prix juridique et Fiscal Allen & Overy 2014 pour ses recherches de thèse sur les paradis fiscaux sous la direction d’Alberto Alemanno, il prête serment au Barreau de Paris, et commence sa carrière par les comparutions immédiates et commissions d’office.

Pierre Farge a écrit de nombreux articles juridiques pour des revues spécialisées et gouvernementales, dont Dalloz et La documentation Française.

Il enseigne ponctuellement à HEC Paris.