Le grand débat exclut les jeunes sénégalais–est-ce dire qu’on doit penser à leurs places ? L’œil d’un sociologue apprenti philosophe -A A F

« Les grands absents étaient dans la rue, dans les maisons, sur la route en train de chercher à manger. Le manque les pousse à voler, faire du mal, penser au sexe par oisiveté. Pourquoi depuis toujours on met au banc les jeunes en Afrique ? Dolto pourtant nous a appris qu’un enfant est une personne, alors il est temps de les intégrer dans tout. Les intégrer, c’est les préparer à gérer le présent et envisager l’avenir, les marginaliser c’est leur donner des idées de partir et se dire qu’ils n’ont pas voix au chapitre. Cette tradition doit être revue et corrigée. Si on a des doutes sur leurs compétences, alors il faut revoir les éducations de base, les transmissions et le système éducatif sénégalais. Les enfants, les jeunes d’aujourd’hui ont changé et il faut compter avec eux. Et tous les penseurs pensent ceci ;

LE CHÔMAGE TRÈS ÉLEVÉ DES JEUNES MENACE « L’AVENIR » DE L’AFRIQUE »P B CISSOKO

Voici la réflexion d’un intellectuel sénégalais, qui nous soumet son regard critique constructeur

En suivant le défilé des orateurs à la séance d’ouverture du dialogue national, initié par le président de la République, ce 31mai 2023, et retransmis en direct par la Rts, j’en suis venu à confirmer partiellement un certain nombre d’hypothèses sur le fonctionnement de notre État.

Certes nous sommes reconnus au plan international comme une république démocratique, et régulièrement cités comme un modèle du genre en Afrique.

Ce que ce dialogue semble d’ailleurs confirmer, mais lorsqu’on y regarde de plus près, ce modèle reflète les pires tares qu’une démocratie doit impérativement éviter. Car comment expliquer que dans une république où plus des deux tiers de population sont âgés de moins de trente cinq ans, l’âge moyen des dits orateurs cités supra soit supérieur à cinquante ans?

Non une démocratie n’est pas une gérontocratie c’est à dire le gouvernement des plus âgés. De même une démocratie n’est pas une ploutocratie c’est à dire le gouvernement des plus nantis. Pas plus une théocratie c’est à dire le gouvernement des religieux. Une démocratie n’est non plus une oligarchie c’est à dire le gouvernement d’un petit groupe favorisé.

Et malheureusement l’initiateur de ce dialogue, comme les orateurs qui se sont succédés n’ont pas pris en charge cette donne dans le format retenu.

Les forces vives de la nation, ce sont: les ouvriers, les transporteurs, les marchands ambulants, les apprenants, les forces de défense et de sécurité, les artisans, les paysans, les pêcheurs, les chômeurs et les jeunes sans emploi. Ceux-là n’ont pas pris la parole, or ils sont la majorité. C’est eux qu’il faut davantage écouter si véritablement notre ambition est de promouvoir la démocratie et la paix civile. Autrement nous risquons de nous enliser dans une illusoire espérance de stabilité sociale. Le comprendre c’est éviter que la colère du plus grand nombre ne s’abat sur la quiétude du petit nombre de privilégiés, faussement désigné élites.

Par A A F