Laissez pousser l’herbe et grandir les enfants. François-Michel MAUGIS

Les enfants comme la nature, ont besoin de s’exprimer pour atteindre leur plein potentiel. Comme tout le monde, je coupais régulièrement mon gazon. Et puis un jour, par paresse ou par négligence, j’ai laissé pousser l’herbe. Quelle ne fut pas ma surprise, quelque semaines plus tard, de voir grandir mes brins d’herbe et même de voir apparaître des graines. Cerise sur le gâteau, le petit cardinal rouge qui avait déserté mon jardin, est revenu picorer ces graines et m’offrir un spectacle merveilleux. Mon jardin propre mais figé reprenait vie et je me mis à l’aimer davantage. Aujourd’hui, dans le monde entier, le rapport entre l’homme et la nature est en train de changer. De peur de perdre cette richesse naturelle qui nous émerveille, nous avons créé des réserves et des parcs naturels. Dans certains jardins, autour de certains châteaux, on laisse à la nature quelques parcelles que l’on ne fauche qu’une fois par an et c’est tout bénéfice pour les oiseaux et les papillons qui reviennent et pour nos ruminants qui se nourrissent d’un foin généreux. Il nous reste maintenant à appliquer cette libération épanouissante à l’éducation de nos propres enfants. Depuis trop longtemps, le lien avec la nature est coupé. Depuis trop longtemps, on a coupé l’herbe sous les pieds de nos enfants, on les abreuve d’une culture tronquée dont la nature et le concret indispensable à la construction de l’être, sont absent. Au-delà de cela, c’est l’épanouissement de l’être dans toutes ses dimensions, intellectuelles, morales, physiques, sociales, etc. qui est émasculé. On se plaint d’une société bancale. Et si tout cela ne dépendait que d’une seule chose: la vision appauvrie que les adultes ont de la vie et de ses grands équilibres. Par les hasards de l’évolution, l’espèce humaine se trouve aujourd’hui au haut de la pyramide des dominants. Elle hérite donc d’une lourde responsabilité. En prend-elle réellement conscience ? Si par miracle nous parvenions à préserver quelques échantillons de nature, de forêts primaires, de biotopes inviolés, alors, il nous resterait une chance de mieux connaître notre mère Nature, celle qui nous donna la vie, notre seul modèle, notre seule référence. Le comprendrons-nous assez tôt avant de tuer la mère et de perdre à jamais tous les messages et les conseils de vie qu’elle pourrait nous donner ?

 

François-Michel MAUGIS

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