La Tunisie démantèle des camps d’exilés venant d’Afrique subsaharienne

La Tunisie a démantelé vendredi 4 avril des camps de fortune où vivaient des milliers de migrants venus d’Afrique subsaharienne. Une virulente campagne sur les réseaux sociaux réclamait le départ de ces personnes en situation irrégulière, après de précédentes vagues de propos et violences racistes dans le pays.

Les camps, installés au milieu d’oliveraies dans les régions d’El Amra et Jebeniana, dans le centre-est du pays, étaient devenus une épine dans le pied des autorités. Ils suscitaient un fort mécontentement chez les habitants des villages environnants.

En tout, une vingtaine de milliers de personnes exilées, divisées en plusieurs camps informels, avaient érigé des tentes dans les champs, a déclaré à l’AFP le porte-parole de la Garde nationale, Houcem Eddine Jebabli.

Personnes « dispersées dans la nature » selon les autorités

Depuis jeudi 3 avril, environ 4 000 personnes de plusieurs nationalités ont notamment dû quitter le camp du « kilomètre 24 », l’un des plus grands de la région, situé dans la localité de Katatna, a-t-il ajouté. D’autres camps informels ont été évacués dans la même zone et les opérations se poursuivront sur les jours à venir.

Selon lui, des personnes vulnérables et des femmes enceintes ont été prises en charge par les autorités sanitaires. Interrogé sur le sort du reste des milliers de migrants, il a indiqué qu’une partie s’était « dispersée dans la nature« . D’après lui, de nombreuses personnes ont émis le souhait d’un retour volontaire dans leur pays.

Vendredi soir, là où se tenait le camp du « kilomètre 24 », on pouvait distinguer dans l’obscurité des paires de chaussures, des restes de nourriture ou un baluchon d’effets personnels aux côtés de tas d’objets et de matelas brûlés. 

« De nombreux dossiers étaient devant la justice en raison de l’occupation de propriétés privées » comme les oliveraies, « il était de notre devoir de retirer toutes les formes de désordre« , a affirmé Houcem Eddine Jebabli.

Des discours violents de Kaïs Saïed contre les migrants

Fin mars, le président Kaïs Saïed avait appelé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des personnes en situation irrégulière vers leurs pays.

Le sujet des personnes exilées originaires d’Afrique subsaharienne fait régulièrement l’objet de vives tensions en Tunisie, alimentées par de la violence et des propos racistes.

Le pays est un point de passage clé pour des milliers de migrants et réfugiés d’Afrique subsaharienne désireux de rejoindre les côtes italiennes.

En février 2023, le président Saïed avait dénoncé l’arrivée « de hordes de migrants subsahariens » menaçant, selon lui, de « changer la composition démographique » du pays.

Les mois suivants, des migrants avaient été chassés de leurs logements et leurs emplois informels. Plusieurs ambassades africaines avaient procédé au rapatriement express de leurs ressortissants, à la suite d’agressions.