Frugalisme : travailler moins pour une vie modeste et heureuse et une retraite à 40 ans

«Le monde change et l’homme aussi. L’Homme veut redonner un autre sens à sa vie : vegan, frugalisme, végétalien, végétarien, transexuel, pansexuel, polyamour, etc. tout ceci nous conduit à repenser notre rapport au temps et à inventer notre bonheur dans un monde de brutes…. Chacun voit midi à sa porte… » P B Cissoko

Vivre de peu mais vivre heureux, quitte à gagner moins d’argent ? C’est le crédo des frugalistes. Du latin frugalis, qui signifie sobre, cette appellation désigne une personne qui se contente de nourriture et de choses simples. Si cette dernière dit non à l’acquisition du dernier smartphone, à l’empilement de paires de baskets dans la penderie, ou des sorties au restaurant, cette restriction n’est pas synonyme d’une vie morne et non épanouissante. Au contraire ! L’objectif est d’être assez organisé pour acquérir l’indépendance financière et ainsi mener une meilleure vie. À l’heure où se rencontrent surconsommation, capitalisme et la quête de sens, Welcome to the Jungle vous dit tout sur ce mouvement informel qui prend de l’ampleur ainsi que de l’impact qu’il peut avoir sur notre société.

Qu’est-ce que le frugalisme ?

Genèse du phénomène

Venu des États-Unis, ce mouvement prône la déconsommation à travers un mode de vie simple. Il fait désormais de nombreux adeptes en Europe, en Allemagne notamment. Ni ermites, ni hippies, ni survivalistes, cette idéologie s’affirme quelque part entre refus du consumérisme, du contexte d’hyper-connexion et de la dégradation de la santé mentale au travail. Elle prône la recherche d’une certaine écologie sociale c’est-à-dire la mise en place d’une société morale, décentralisée, solidaire et guidée par la raison.

Si on en entend peu parler, c’est en partie car de nombreux frugalistes s’ignorent. Souvent, ils ne savent même pas qu’un concept permet de décrire leur mode de vie. Mais c’est également la volonté des membres de ne pas médiatiser ce mode de vie qui permet à cette tendance de rester anecdotique, surtout en France.

Le frugalisme : l’autonomie financière pour vivre mieux

L’idée ? Travailler moins pour vivre mieux et à son rythme, quitte à gagner moins. C’est-à-dire :

  • moins dépenser,
  • épargner plus,
  • pour ne pas se laisser happer par la société et atteindre la liberté financière.

C’est ainsi une véritable philosophie de vie, qui s’érige en rempart au consumérisme et à la société capitaliste. Fini le modèle de l’homme d’affaire et du “culte de la performance” des années 90 décrit par A. Ehrenberg. Le frugalisme témoigne de la transformation d’un homme d’affaire en individu humaniste au mode de vie vertueux. Il renonce au superflu et à son salaire confortable pour assouvir sa quête de sens.

Les motivations poussant à l’adoption de ce mode de vie sont multiples et varient selon chacun. Elles peuvent être :

  • personnelles (santé, bien-être, équilibre vie privée/vie professionnelle…),
  • écologiques,
  • financières,
  • politiques…

Illustration : Léa Maupetit

Le frugaliste adepte d’une vie simple

Comment devient-on frugaliste ?

Et si le frugaliste était le rentier de la fin du siècle dernier ? Symptomatique de l’évolution d’une société où la réussite sociale n’est plus la réussite professionnelle, le concept est majoritairement accessible aux classes supérieures et moyennes. En effet, dans la majorité des cas, dépenser moins suppose au préalable d’avoir le choix. Comme par exemple, celui de ne pas dépenser 5 euros au Starbucks pour un café en allant au travail.

Ainsi, le frugaliste se concentre sur ses besoins et non sur ce qu’il désire. Et c’est le plus difficile car on a vite fait de se convaincre qu’on a besoin de quelque chose. L’idée n’est pas d’être pingre mais de réfléchir à sa manière de dépenser et devenir plus créatif pour investir ou mieux épargner son argent.

Pourquoi tant d’efforts pour vivre en dessous de ses moyens ? Pour se libérer de sa peur existentielle liée à l’argent, pour avoir le choix de profiter d’un mode de vie plus sain. Et, par exemple, ne pas être sujet à l’anxiété provoquée par la peur de la perte d’un emploi ou succomber à des niveaux de stress malsains pouvant conduire au burn-out.

Pour réussir à vivre en dessous de ses moyens, le frugaliste :

  • réduit son budget mensuel et épargne davantage,
  • investit ses économies (placements financiers, boursiers ou immobiliers),
  • se projette dans l’organisation d’un nouveau quotidien (maison sur un autre continent, autogestion).

Un mode de vie à géométrie variable…

Le frugalisme rend compte de diverses réalités : des tendances peuvent être identifiées au sein de la tendance.

Cette appellation évoque ceux qui sont dans leur vingtaine et qui souvent vivent toujours chez leurs parents. Dans un contexte économique difficile, ces derniers se sont recentrés sur ce dont ils ont besoin plutôt que sur ce qu’ils pourraient vouloir. Leur mode de consommation est moins impulsif et de plus en plus centré sur la valeur et la qualité.

  • Early retirement

Ils ont 30, 35, 40 ans et ont décidé d’arrêter de travailler. Non pas sur un coup de tête, mais après avoir préparé depuis le début de leur carrière professionnelle des plans d’épargne et d’investissements. Grâce à cette solide organisation et une détermination inébranlable, ils ont pu choisir de prendre leur retraite au plus vite. Ils s’occupent souvent par la suite en se tournant vers des activités bénévoles qui leur apportent plus de sens.

  • Slow life

La tendance du “slow” (“slowfood”, “slowfashion… ) témoigne de l’envie de ralentir pour mieux réussir. Parmi les frugalistes on trouve des adeptes de la “slow life”. Mettre un coup de frein au rythme trépidant et retrouver un mode de vie plus authentique.
Le but ? Moins de stress, abandonner la dictature de l’horloge pour se recentrer sur ses envies et peu à peu reprendre confiance en ses propres aptitudes. Ces derniers privilégient le contact avec la nature, le homemade, le DIY (_Do It Yourself_…) et n’hésitent pas, par exemple, à développer leur propre potager pour satisfaire leur envie d’autosuffisance.

… qui ne peut être confondu avec le minimalisme

Si le frugalisme et le minimalisme ont en commun la volonté de vivre de façon plus intentionnelle, ces deux modes de vie divergent. Le minimalisme se concentre sur le fait de posséder le moins de choses possible tandis que le frugalisme est centré sur celle de dépenser le moins possible pour acquérir une autonomie financière. Ils s’avèreront souvent incompatibles car une personne frugale accumulera les objets qui pourront potentiellement lui servir un jour. Et le minimaliste quant à lui ne voudra pas gâcher d’espace et se débarrassera des choses qui n’ont pas d’utilité immédiate. Ce dernier pourra payer très cher certains objets pourvu qu’ils aient une grande utilité.

Quel est l’impact du frugalisme sur notre société ?

Négatif

Certains les accusent de profiter du système. En bénéficiant d’une éducation, en apprenant un métier… puis en refusant de contribuer et de payer des charges sociales. Certains frugalistes rétorquent qu’ils ne sont pas intéressés par le fait de toucher une retraite venant de l’État. Il leur importe donc peu de cotiser pour l’assurance vieillesse.

D’autres préviennent du risque de romantiser la pauvreté. Il est en effet important de ne pas confondre frugalité et apologie de la pauvreté. Budgéter car on ne peut pas partir en vacances ou on a des difficultés à payer son prochain repas, son loyer ou encore prendre soin de sa santé n’a rien d’un mode de vie inspirant.

Positif

Que vous soyez convaincu par le frugalisme ou pas, cette tendance est l’occasion de réfléchir à la qualité de vie professionnelle qu’offre aujourd’hui notre société. Pourquoi des jeunes de 25 ans en viennent à dire qu’ils veulent arrêter de travailler à 40 ans ? C’est aussi l’opportunité de remettre en question notre mode de vie, nos dépenses, et nos habitudes de consommation, ainsi que notre rapport au travail. De vastes sujets !

Plus encore de nombreux blogs foisonnent et donnent des conseils pour bien prendre soin de son argent. Ce qui permet de démystifier et surtout de rendre accessible à tous, un sujet aussi technique que celui de la finance ! Et ça, on applaudit.

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Illustration : Léa Maupetit

https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/tout-savoir-frugalisme

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Et si vous deveniez frugaliste ?

Le frugalisme est un mode de vie né aux Etats-Unis ces dernières années, éloigné de la société de consommation. Ce mouvement, qui séduit de plus en plus d’adeptes à travers l’Occident, consiste à :

  • travailler moins, ou même plus du tout ;
  • acheter moins ;
  • se contenter du minimum, pour vivre mieux.

L’objectif est de trouver son épanouissement personnel loin de l’hyper-consommation, de la course au pouvoir ou à la notoriété. Mais aussi des signes témoignant de la réussite : belle maison, voyages, grosse voiture, restaurants haut de gamme, etc… Un phénomène fortement installé outre-Atlantique, mais aussi en Allemagne, et qui depuis quelques temps croît en France. Seriez-vous prête à rejoindre le mouvement ?

Le frugalisme : une nouvelle mode « bobo » ?

Certains y voient une nouvelle mode « bobo »… Après le véganisme, le retour à la campagne, la fabrication de sa propre lessive et de ses fromages. Mais en y regardant de plus près, on réalise que ce mouvement, même s’il concerne essentiellement des salariés ou chefs d’entreprise qui gagnent très bien leur vie, fait de plus en plus d’adeptes dans toutes les couches de la population. Signe d’une lassitude de toujours vouloir plus, de courir en permanence après la réussite, et de l’éloignement de d’une vie simple, calme, saine, proche de la nature et de ses valeurs. Passer sa vie à acquérir le meilleur diplôme, monter les échelons dans son entreprise, ou posséder de plus en plus d’objets luxueux ne fait plus rêver, 10 ans après la crise économique.

Qui devient frugaliste aujoud’hui ?

Il s’agit souvent d’un long cheminement personnel, une prise de conscience que quelque chose ne va pas dans sa vie. Pas assez de temps pour profiter de sa famille, ou pour soi, lutte de pouvoir au bureau, trop de crédits consommation pour posséder les derniers objets high tech ou partir à l’autre bout du monde deux fois par an, grosse voiture hyper-consommatrice… Alors que tout ceci est entré dans la norme et dans le symbole de réussite sociale, certains disent stop et font le choix de remettre en cause leur mode de vie. Quitte à tout envoyer balader : job à bon salaire, maison de luxe, amis qui ne comprennent pas ce changement, abonnements divers et variés… Et deviennent quelqu’un d’autre, ou plutôt la personne qu’ils/elles sont au fond d’eux depuis longtemps.

Comment devenir frugaliste ?

Devenir frugaliste ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut un recul sur sa vie, ses choix, ce qui va être perdu, ce qu’on ne peut pas abandonner, qui on va devenir au bout du chemin. Parfois un évènement déclencheur intervient, divorce, deuil, perte d’emploi, et lance le changement. Il peut d’ailleurs être mal vécu au début, car abandonner tout ce qui a fait sa vie jusqu’à présent est une sacrée aventure, voir un sacrifice énorme. Mais au bout de quelques temps réduire son train de vie, dépenser moins, acheter seulement ce dont on a réellement besoin, peut devenir jouissif. Avec le sentiment d’être quelqu’un de meilleur, qui n’est plus obsédé par l’argent, le pouvoir, le matériel.

Qu’est-ce qu’une vie frugaliste ?

On a souvent l’image du frugaliste qui vit au milieu de la campagne, qui élève ses poules et sa vache, qui produit son électricité et recycle l’eau de pluie pour se laver. Si certains font le choix de vivre ainsi, ce n’est pas la majorité ! La plupart décide tout simplement de changer de job, de travailler moins et de dépenser moins. Posséder des choses n’est alors plus signe de réussite et de bonheur, le temps remplace la possession. Plus de stress, plus de transports ne communs, plus d’attention pour ses enfants, engagement associatif, une nourriture plus saine, remise au sport… Plein de petites choses qui permettent de souffler et de lâcher prise.

Quels sont les avantages du frugalisme ?

Au-delà de plus être stressé(e) et de s’éloigner d’un mode de vie superflu, le frugalisme permet aussi de ne plus se soucier d’être dans la norme sociale de réussite, de montrer qu’on s’éclate en permanence. Certes le salaire peut être divisé par 2 ou 4, mais cela permet de revenir à l’essentiel, d’apprendre à réaliser de nouvelles choses, de se servir de ses mains, de réfléchir avant de dépenser de l’argent, mais aussi de montrer qu’une autre façon de vivre existe. Moins polluante pour la planète, plus proche de la nature, plus épanouissante, plus riche, plus proche des autres. Un mode de vie alternatif, modeste, très éloigné du culte de la performance en vogue depuis plusieurs décennies en Occident.

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