DOMINIQUE SCHNAPPER-Sociologue renommée-Les désillusions de la démocratie « 

Les démocraties sont menacées dans leur existence par la guerre que mène Vladimir Poutine en Ukraine, soutenue par les gouvernements de la Chine, de la Corée du Nord, de l’Iran, de l’Inde et de la Turquie, unis par une commune Détestation de l’Occident, c’est-à-dire de la démocratie, et par la volonté de détruire celle-ci.

Les démocraties trouveront-elles en elles-mêmes la volonté de se défendre.

Ne sont-elles pas fragilisées par leur ? propre dynamique ?
La critique interne de la démocratie est aussi vieille que la démocratie elle-même. Sa légitimité ne repose ni sur la tradition, ni sur la nature, ni sur une référence transcendantale, mais sur les pratiques de ses membres. s’interrogent sur les écarts qu’ils observent entre les réalités sociales et les principes affichés.

Inévitablement, ils jugent la démocratie, au nom de ses propres valeurs, comme pas assez démocratiques ou comme trop démocratiques. traitant rationnellement des affaires communes n’est jamais et ne peut jamais être entièrement réalisé.

Et l’aspiration à la liberté et à l’égalité risque en permanence d’être dévoyée par le refus des limites et du contrôle.

On peut craindre que les démocraties ne soient à ce double titre menacées de délitement.
Cette interrogation inquiète sur les insuffisances et les excès possibles de la démocratie « extrême » ne date pas du XXIe siècle mais, dans le monde d’aujourd’hui, elle se pose avec une acuité particulière. » (4ème de couverture)

Dominique Schnapper a été membre du Conseil constitutionnel de 2001 à 2010. Elle a été présidente du conseil scientifique de la DILCRAH, puis présidente du Conseil des sages de la laïcité. Sociologue renommée, elle présentera son dernier ouvrage : « Les désillusions de la démocratie » aux éditions Gallimard. Brice Couturier et Chloé Morin animeront cette « conversation éclairée ».

Elle a écrit –

  • Qu’est-ce que l’intégration ? Dominique Schnapper  Gallimard, Folio actuel, 2007.

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La sociologue française Dominique Schnapper craint que, animés avant tout par leurs demandes de bien-être, les démocrates ne soient pas prêts à combattre pour défendre la liberté, qui leur paraît une évidence.

Les démocraties sont menacées de l’extérieur par des régimes forts, unis par une commune détestation de l’Occident, et, de l’intérieur, par des forces radicales de droite comme de gauche. Ce double péril ne date pas du XXIe siècle mais, comme le montre la sociologue française Dominique Schnapper dans Les désillusions de la démocratie, qui vient de paraître, il se pose aujourd’hui avec une acuité particulière.

Le titre de votre essai fait écho à celui publié en 1969 par votre père, Raymond Aron : « Les désillusions du progrès ». Déjà, à cette époque de croissance économique et de plein-emploi, il constatait un malaise important dans le corps social, une remise en question de « la démocratie bourgeoise » et de son système représentatif. Au fond, attaquer la démocratie, n’est-ce pas une caractéristique pérenne de la démocratie ?

Elle parle de son père

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Propos recueillis par Solenn de Royer

Entretien« Je ne serais pas arrivée là si…lemonde.fr » Chaque semaine, « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de sa vie. Dominique Schnapper, référence de la sociologie, évoque notamment l’influence apaisante de son mari.

Directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Dominique Schnapper – fille de Raymond Aron (1905-1983), ardent défenseur du libéralisme – est l’une des plus grandes figures de la sociologie française. Ses travaux portent sur l’évolution de la démocratie et interrogent la condition juive, la laïcité, ainsi que la citoyenneté. Elle est la première sociologue à avoir été nommée au Conseil constitutionnel, de 2001 à 2010. Agée de 87 ans, elle préside depuis 2018 le Conseil des sages de la laïcité.

Je ne serais pas arrivée là si…

… si, en 1957, je n’avais pas décidé de compléter ma licence d’histoire et de géographie par un certificat de géographie, à la Sorbonne. J’y ai rencontré un rouquin avec de grosses lunettes, que j’ai rapidement trouvé très intelligent mais insupportable, et épousé douze mois plus tard. Ce fut la décision la plus importante de ma vie, celle qui a eu le plus de conséquences et sans laquelle je ne serais vraiment pas ce que je suis.

Pourquoi dites-vous cela ?

Parce que la vie avait été un peu dure avant. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais, ni ce qui était important et ne l’était pas. J’avais des facilités mais je ne m’étais pas trouvée. Mon mari, Antoine [Antoine Schnapper, historien de l’art, 1933-2004], s’était au contraire trouvé très jeune. Son père avait été déporté, sa mère était bipolaire. Il s’est construit tout seul. Quand nous nous sommes rencontrés, il était déjà extraordinairement affirmé dans sa personnalité, ses choix. N’ayant pas pu présenter Normale-Sup à cause d’une tuberculose, il s’est tourné vers l’histoire de l’art. Au fond, il m’a aidée à trouver ce qui était l’essentiel.

L’essentiel ?

Travailler et aimer, soit la définition que Freud donne de l’homme