Consentement à l’impôt : un enjeu crucial pour la justice sociale au Sénégal (Par Mayacine MBAYE)*

L’impôts n’ont pas bonne presse mais c’est une chose qui nous sert si les fonds sont bien utilisés, mais ce n’est pas toujours le cas et il faut y remedier. Ce jeune expert compatriote nous aiguise l’esprit pour changer les mentalités et agir efficacement..

Quelles sont les grandes dépenses publiques ? 

  • « La « Protection sociale »  « L’Éducation …).
  • Le « fonctionnement des administrations publiques »  Le « Soutien aux activités économiques Les « transports et équipements collectifs »
  • Le poste « charge de la dette La « défense »
  • La « sécurité »  Les « loisirs et la culture »  La « recherche
  • La « protection de l’environnement Les « infrastructures 
  • La « justice »  PBC

Le 13 août 2024, une partie de la presse sénégalaise a marqué une journée sans parution, dénonçant ce qu’elle qualifie de « matraquage fiscal » à l’encontre des médias. Derrière cette initiative, présentée comme un acte de résistance en faveur de l’indépendance de la presse, se cache une problématique bien plus complexe et préoccupante : celle du consentement à l’impôt et du respect des obligations fiscales. En réalité, loin d’être un simple différend administratif, cette situation met en lumière des enjeux de justice sociale, de civisme, et de responsabilité citoyenne qui dépassent largement le cadre des médias. Ce comportement soulève des questions fondamentales sur la mentalité et le développement, et sur le rôle que devraient jouer les élites dans l’exemplarité fiscale.

Consentement à l’impôt : un devoir citoyen inéluctable

L’impôt est l’un des piliers de la vie en société, permettant à l’État de financer les services publics essentiels, de l’éducation à la santé, en passant par les infrastructures et la sécurité. Or, accorder des exonérations fiscales à certains secteurs, comme les médias, peut être perçu comme une forme de favoritisme, exacerbant les inégalités entre les différentes composantes de l’économie nationale. D’autres acteurs économiques, tels que les petites et moyennes entreprises (PME) ou les travailleurs indépendants, qui peinent à survivre dans un environnement concurrentiel, voient dans ces privilèges une injustice qui accroît leur propre fardeau fiscal.

À titre de comparaison, les cliniques privées, pourtant cruciales dans l’offre de soins de santé au Sénégal, s’acquittent de leurs impôts sans réclamer de privilèges particuliers. Elles jouent un rôle vital dans la société et démontrent ainsi un civisme et un respect des règles fiscales que certains patrons de presse seraient bien inspirés de suivre.

Les conséquences d’un refus de participer à l’effort collectif

La réduction des recettes fiscales, accentuée par les exonérations et les pratiques d’évasion fiscale, limite les capacités de l’État à financer les services publics. Cette situation conduit souvent à un endettement croissant, imposant une charge supplémentaire à l’ensemble des citoyens. Pire encore, lorsque les impôts prélevés ne sont pas reversés à l’administration fiscale, ou que les bénéfices réalisés par certaines entreprises médiatiques échappent à l’impôt, c’est l’ensemble de la société qui est pénalisée.

Ce manque de civisme, illustré par le refus de contribuer équitablement au financement des services publics, reflète une mentalité de sous-développement. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le sous-développement n’est pas uniquement une question de niveau d’éducation, mais aussi de comportement et de mentalité collective. Un pays ne peut prétendre au développement tant que ses citoyens, y compris ceux qui occupent des positions de pouvoir et d’influence, n’acceptent pas de se conformer à leurs obligations fiscales.

Indépendance de la presse : un faux prétexte pour l’évasion fiscale

L’indépendance de la presse est indéniablement un pilier de toute démocratie. Cependant, il est important de distinguer ce rôle crucial du devoir fondamental de s’acquitter des impôts. Le respect des obligations fiscales est un devoir citoyen que chaque individu et chaque entreprise se doit de respecter, indépendamment de leur rôle dans la société. En refusant de s’acquitter de leurs obligations fiscales, les médias donnent un très mauvais exemple de citoyenneté à l’ensemble de la population, érodant ainsi la confiance du public envers eux.

La « journée sans presse » décrétée le 13 août 2024, censée protester contre un prétendu « matraquage fiscal », apparaît ainsi comme une tentative de manipulation de l’opinion publique. Cette initiative est non seulement inopportune, mais elle détourne également l’attention du véritable problème : le consentement à l’impôt. Il ne s’agit pas d’une surcharge fiscale injuste, mais bien d’une question de responsabilité et de civisme. Les citoyens sénégalais méritent mieux que des élites qui, tout en bénéficiant des services publics, refusent d’y contribuer équitablement.

Conclusion : l’urgence d’une prise de conscience collective

L’exonération fiscale accordée aux médias ne peut être perçue que comme une injustice sociale si elle ne bénéficie qu’à certaines grandes entreprises médiatiques. Pour éviter cette perception d’injustice, il est crucial que les politiques fiscales soient équitables et transparentes. Le consentement à l’impôt est un acte de citoyenneté, et son absence est un signe inquiétant de sous-développement, non seulement économique, mais surtout mental.

Il est impératif que chacun prenne conscience de l’importance de ses obligations fiscales pour garantir un développement harmonieux et équitable du Sénégal. Les médias, en tant que vecteurs d’information et de formation de l’opinion publique, doivent être les premiers à montrer l’exemple. Manipuler l’opinion pour échapper à ses devoirs fiscaux ne fait que renforcer la méfiance et affaiblir la cohésion sociale. Seule une prise de conscience collective permettra de surmonter ces défis et de bâtir une société plus juste et solidaire.

Khalil Kamara14 août 2024 à

* Par Mayacine MBAYE  Spécialiste de la santé et de la protection sociale en France