Ces lougatois vendent du Crack, cette drogue qui vous déforme en Zombie-Paris-Louga/Sénégal

Le Sénégal fait encore parler de lui à travers le monde, que faire ? Que font les autorités ? 

Crack à Paris via Louga-Sénégal : le campement de Forceval évacué par la police de Paris-Europe1-lemonde

« L’argent n’a pas d’odeur, mais il y un argent qui tue la réputation d’une ville, d’un pays et d’une communauté. En plus, quand ces délinquants répondent que la vente est une réponse au néo-colonialisme, on comprend le niveau d’inconscience. Quand ils ajoutent que c’est pour construire de belles maisons, j’ai honte de loger dans ces habitats de la drogue. Ils flambent et construisent avec de l’argent sale. Un jour , les police franco-sénégalaise, remonteront les filières et la honte se fera jour à Louga en plein jour-Sénégal debout pour laver cet affront »-PBC

https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/10/06/de-louga-au-senegal-a-paris-sur-la-route-du-trafic-de-crack_6144610_3224.html

Sur la route du trafic de crack, de Louga, une ville du Sénégal, jusqu’à Paris Par Lorraine de Foucher  (Dakar et Louga, envoyée spéciale)

Ciblés par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, les dealeurs qui officient dans le nord-est de Paris sont originaires pour la plupart d’une ville agricole du nord du Sénégal, Louga, où le trafic enrichit la population et où les plus jeunes rêvent de partir en Europe à leur tour.

De lui, on ne connaît que son identité, consignée dans une fiche du deuxième district de police judiciaire (2e DPJ) de Paris. Un état civil réel, Cheikh N., deux alias, une date de naissance, une adresse à Sevran (Seine-Saint-Denis), une nationalité, sénégalaise, et une ville d’origine : Louga, à trois heures de route de Dakar, en direction de la frontière mauritanienne.

Le 9 septembre, les enquêteurs du 2e DPJ l’interpellent avec un complice pour trafic de stupéfiants. Les perquisitions permettent de découvrir près de 8 000 euros en liquide et l’attirail de fabrication du crack. T

rois jours plus tard, autre quartier, autre dealeur. Souleymane M. est arrêté en pleine rue dans le 15e arrondissement. Dissimulés dans ses sous-vêtements, des cailloux jaunâtres enrobés de plastique, des bonbonnes de crack. Les policiers, ceux du 3e DPJ cette fois-ci, remontent à son domicile et y découvrent les signes distinctifs des « cuisiniers » : des centaines d’euros en pièces, deux balances, du bicarbonate de soude et un cahier de comptabilité.

Depuis deux ans, il fournissait une vingtaine de clients par jour aux portes sud de Paris, Choisy, Ivry, Italie, plus des livreurs. Sa nationalité : sénégalaise. Sa ville d’origine : Louga. Le 6 septembre, Mamadou D. : encore le 3e DPJ, et un dealeur qui circule à vélo, entre Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), où il vit, et la porte de La Chapelle. A minuit, les policiers fondent sur lui. Dans ses poches, 113 cailloux.

Chez lui, 87 autres cailloux, 100 grammes de cocaïne conditionnés en onze ovules, ces emballages signant l’importation guyanaise, et des produits de coupe, de la caféine et de la phénacétine, un analgésique cancérigène retiré du marché. En garde à vue, il reconnaît son trafic, pour aider ses sœurs malades au pays, explique ne gagner que 1 200 euros par mois et faire ça pour financer sa maison au Sénégal, d’où il vient. Sa ville d’origine : Louga. « Ils n’ont pas de scrupules » Parmi les dealeurs arrêtés par la police judiciaire parisienne cet été, nombreux sont Sénégalais.

De Louga, beaucoup, parfois de Dakar. Deux sont Guinéens, un Soudanais, un Malien. D’autres sont de nationalité française, certains vivent en Guyane.

Mais la récurrence de Louga, ce gros bourg agricole de 105 000 habitants dans le nord du Sénégal, questionne sur le fonctionnement d’un trafic, dont la drogue made in France, cuisinée en diluant la poudre sud-américaine au plus près des acheteurs, semble être mise sur le marché par une main-d’œuvre spécialisée.

Il n’y a pas encore de Pablo Escobar du crack, de cartels tentaculaires versant dans le narcobanditisme – c’est le parent pauvre de la cocaïne, vendu par des pauvres –, mais un ensemble de circuits courts, dont le démantèlement est devenu la priorité de la police parisienne, à cause des nuisances générées par cette substance. Il vous reste 81.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Nina Droff avec AFP 13h09, le 05 octobre 2022, modifié à 13h10, le 05 octobre 2022

Un millier de gendarmes et de policiers étaient déployés ce matin dans le nord-est de Paris pour évacuer le campement de Forceval. Depuis plus d’un an, les consommateurs de crack se rassemblaient dans la zone. Entamée peu avant 7 heures du matin, l’opération doit permettre également d’empêcher le retour des toxicomanes dans la zone. 

Le campement de Forceval, dans le nord-est de Paris, où se rassemblaient les consommateurs de crack depuis un an, a été démantelé mercredi par la police, avec l’objectif affiché d’empêcher sa reconstitution ailleurs dans la capitale. Entamée peu avant 7H00, l’opération était quasiment bouclée en milieu de matinée, après l’intervention des services de nettoyage, et seuls de rares toxicomanes étaient visibles dans les rues environnantes, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Depuis plus de deux ans, les consommateurs de crack – un dérivé fumable et très addictif de la cocaïne, baptisé « drogue du pauvre » en raison de son faible coût (10 euros la dose) – ont été déplacés à plusieurs reprises au gré de la colère des riverains. Errant Place Stalingrad, ils ont été dirigés près du périphérique, square Forceval (XIXe arrondissement), plus à l’écart. Un mur, vite baptisé le « mur de la honte », y a même été érigé.

Un millier de gendarmes et de policiers déployés

Sur instruction du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, un millier de policiers et gendarmes ont été déployés, dont la nouvelle unité d’élite CRS 8. Le dispositif sera déployé « dans la durée » afin d’empêcher « absolument » toute reconstitution ailleurs, a-t-on expliqué au ministère de l’Intérieur. A 6h45 les camions de gendarmerie sont arrivés. Certains « crackeux » ont profité de la mise en place du dispositif pour sortir du campement, sans être interpellés.

L’opération s’est déroulée à l’abri des regards des journalistes, au fond du campement où les dizaines de personnes encore présentes sur le campement ont été réunies. Le ministère a souligné que cette opération était « inédite puisque le phénomène du crack touche le nord-est parisien depuis plusieurs dizaines d’années ». Du côté des associations de riverains et de commerçants, c’est le « soulagement » qui prédomine, teinté d’inquiétudes.

« Selon nous les conditions ne sont pas réunies pour qu’il n’y ait plus de scènes ouvertes », a averti sur place, Marie Debrus, référente des risques liés aux usages des drogues chez Médecins du Monde. « Il y a une dispersion des usagers et dans quelques mois, on les verra dans les halls d’immeuble « , a-t-elle poursuivi, dénonçant une « crise humanitaire orchestrée par les pouvoirs publics ».

De son côté, la Place Beauvau a précisé que « les personnes recherchées seront interpellées, tout comme les étrangers en situation irrégulière qui seront placés en CRA (Centre de rétention administrative, ndlr) en vue de leur expulsion ». « Les autres occupants seront orientés vers des dispositifs d’hébergement avec accompagnement médico-social ou dans des unités de soins ». Tout a été préparé en amont par l’Agence régionale de santé (ARS), la préfecture de région, la Préfecture de police de Paris (PP) en lien avec le Hôpitaux de Paris (AP-HP), selon le ministère de l’Intérieur.

« un an » pour l’éradiquer

Pour le maire PS du 19e arrondissement, François Dagnaud, cette opération était « inévitable et nécessaire pour restaurer la vivabilité de nos quartiers » mais « pas suffisante ». La reconstitution du camp est un « risque que tout le monde doit avoir à l’esprit et qui n’est dans l’intérêt de personne », a-t-il prévenu. Laurent Nuñez a été nommé en juillet à la tête de la préfecture de police de Paris et le ministre lui a donné « un an » pour éradiquer le problème du crack. Le 25 septembre, il a promis que le site fermerait.

D’après les acteurs associatifs, entre 300 et 400 personnes la journée et 150 la nuit, dont 35 à 40% de femmes, étaient présents dans ce square. Les dealers y vendaient les cailloux (dose de crack) au milieu des consommateurs. « Depuis un an on demande l’évacuation mais aussi la prise en charge des toxicomanes et des malades du crack », a rappelé Melinda Bernardo, du collectif « 93 Anti-Crack », présente sur le site mercredi matin.

« On est sceptiques sur cette évacuation, on n’a pas l’impression qu’elle soit suivie de ce qu’on demandait(…) une prise en charge et un accompagnement de ces personnes. On a peur que ce soit bis repetita avec un déplacement comme des bêtes et ça c’est insupportable pour nous », a déploré Mme Bernardo, ajoutant que les riverains oscillent entre « peur et volonté de les aider ». Depuis un an, les habitants du quartier et de celui de la Villette à Paris n’ont eu de cesse de se plaindre des agressions, vols et autres nuisances engendrés par l’installation des consommateurs de crack.

[Chronique] « Tous les trafiquants de crack sont Sénégalais » : la nouvelle sortie afrophobe d’Éric Zemmour

« Tous les trafiquants de crack sont Sénégalais », affirmait le polémiste français Éric Zemmour, le 13 mai dernier, à propos du commerce parisien de ce stupéfiant. Une porte ouverte à tous les amalgames.

Jeudi dernier, l’émission « Face à l’info » de la chaîne CNews établissait un record d’audience avec un pic à 1,01 million de téléspectateurs. Pas de jour férié pour le chroniqueur vedette du talk, la machine à buzz d’une mouvance réactionnaire décomplexée : Éric Zemmour, qui creuse le sillon nostalgique et quelque peu moisi de « sa » France révolue. « Les trafiquants sont issus de l’immigration. En l’occurrence, ce sont des Sénégalais », lançait-il, au milieu d’un débat sur le crack, ce dérivé de la cocaïne.

« Attaque frontale »

Rapidement, les effluves afrophobes du propos ne manque pas de susciter l’émoi au pays de la Teranga. Le site d’information senenews.com dénonce une « attaque frontale d’Éric Zemmour », qui « pointe du doigt la communauté sénégalaise de France ».

ACTUALITÉ DES MARQUES

Manifestement immunisée ou blasée, la presse française relaie moins la déclaration que les internautes qui applaudissent ou décrient. Certains, qui n’ont pas suivi l’émission, découvriront, abasourdis, la précision qu’apporte Zemmour sur son compte Twitter : « Je n’ai pas dit “tous les Sénégalais sont trafiquants de crack”, j’ai dit “tous les trafiquants de crack sont Sénégalais”, c’est pas la même chose ! » Rhétorique classique des architectes de clichés…

Alors que des quartiers de Paris comme La porte de la Chapelle voient poindre une tension chez des riverains inquiets du commerce du crack, Éric Zemmour établit, depuis des années, un lien entre immigration et trafic de drogue, oubliant souvent qu’il n’y a pas de rapport intrinsèque entre une couleur de peau et la nationalité française et que les statistiques ethniques sont interdites en France. Quelle source alors, pour ce journaliste en vue de la presse parisienne ?

Polémique

En ce qui concerne le crack, le polémiste évoque des journaux français qui établiraient la « sénégalitude » de trafiquants qu’il faudrait, selon lui, « renvoyer » en Afrique, non sans faire pression « sur le gouvernement sénégalais pour qu’il les reprennent ».

« De jeunes Sénégalais ont le quasi-monopole du trafic de crack dans le Nord-Est parisien » titrait effectivement, il y a quelques mois, le Journal du dimanche (JDD), évoquant « trois modous » d’Ivry-sur-Seine qui s’approvisionneraient dans des filières guyanaises. « Des migrants en situation irrégulière pour la plupart » dont le port d’attache serait la ville sénégalaise de Louga.

Une enquête ponctuelle est-elle une occasion de généraliser, quand on sait que les idées reçues se nourrissent de la partie visible des icebergs journalistiques ? Pourquoi surligner la nationalité de tel ou tel interpelé, quand on floute pourtant les visages ou dissimule les noms ?

« Zemmourisation » de la société française ?

Chaînon manquant de l’amalgame, Éric Zemmour efface les nuances de préfixes comme « quasi », oubliant que le marché du crack survivrait à la mise sur la touche des sans-papiers, tant les consommateurs sont souvent des gens validés par le filtre « zemmourien ». Mais c’est peut-être moins les méfaits de la drogue que les fuites de capitaux qui inquiètent Zemmour. Sur CNews, il affirmait que « tout l’argent » que les trafiquants gagnent « est renvoyé au Sénégal »…

Si la chaîne d’info du groupe Bolloré accorde une émission sur mesure à un chroniqueur déjà condamné pour injure et provocation à la haine, c’est que la France macronienne a boosté une mouvance souverainiste qui fait florès, entre l’épouvantail Marine Le Pen et les sarkozistes orphelins. Certains instituts de sondage glissent même le nom d’Éric Zemmour dans leurs tests des intentions de vote à la présidentielle de 2022. « Zemmourisation » de la société française ? Pas d’amalgame…

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