BABACAR MBAYE DIOP LA RESTITUTION DU PATRIMOINE AFRICAIN ET LA QUESTION DE LA RÉPARATION-Babacar MBow

Seneplus

Discussion                                                                                                                                 

Voici une excellente communication sur le débat actuel sur la restitution. Les rigueurs analytiques et méthodologiques que Dr: Diop apporte à la question fournissent des outils permettant de vanner le fallacieux  du crédible. Le mérite du contributeur, au-delà de sa profonde maîtrise du domaine, est l’accent mis sur la politique de la citation — une pratique décoloniale qui recentre les productions intellectuelles africaines au cœur de la production de connaissances loin de la perspective eurocentrique.

En déployant une politique de citation centrée sur les producteurs africains sur le sujet ; de MBow, Sylla, Césaire, NDiaye Diadji à  Diawara, le contributeur n’appelle pas à l’abandon des savoirs disciplinaires mais plutôt à l’autocorrection de la discipline d’un prisme qui projette les productions de savoirs Africains  comme aussi important que ceux de l’Europe, ni plus ni moins. Ceci parce que ses références africaines ont été générées, analysées et évaluées de manière à résister aux rigueurs analytiques et méthodologiques des auteurs sur le sujet.

Un autre mérite critique de la communication est l’articulation de la réparation, un sujet encore tabou dans la plupart des discours intellectuels africains francophones.

 La traite transatlantique et l’instauration de l’esclavage dans les Amériques aux 17e, 18e et 19e siècles étaient sans aucun doute les crimes contre l’humanité les plus odieux de l’histoire moderne.

Ces crimes sont restés impunis jusqu’à ce jour et la justice pour les millions d’esclavagisés africains qui ont péri pendant ces jours sombres n’a pas encore été rendue. Les blessures sociales, économiques et psychologiques de l’esclavage se sont transmises de génération en génération; plaies ouvertes qui restent crues et continuent de s’aggraver.

La réparation n’est pas seulement une question de remboursement des énormes dettes dues aux Africains réduits en esclavage. La réparation fait partie intégrante des mouvements mondiaux pour la justice raciale, la justice sociale et la justice économique. Il occupe une place cruciale dans le mouvement contre les inégalités croissantes de revenus et de richesse dans le monde. L’appel à la réparation est le nouveau fil conducteur qui lie l’Afrique et la diaspora africaine, Diop cite Diawara dans une articulation liant la restitution à la réparation se situant ainsi au cœur de la DÉCOLONIALITÉ.

Chapeau à cette communication!

Respect

Babacar Mbaye DIOP
Maître de Conférences
Université Cheikh Anta Diop de Dakar-FLSH- Département de Philosophie
Directeur de l’Institut Supérieur des Arts et des Cultures (ISAC)
http://eriac.univ-rouen.fr/author/babacar-mbaye-diop/