Rencontrer des peuples et des populations est toujours une bonne école pour porter le regard plus loin. Il faut savoir porter le regard loin pour plus d’humilité et de respect de soi et des autres.
Je remercie notre ami Gabriel MBARGA, excellent homme des cultures, avec des propositions toujours intéressantes et qui interrogent. P B CISSOKO
« Le comédie de 1980 de Jamie Uys, qui peut être lue de plusieurs manières, sera projetée en plein air à Voiron lundi 3 juillet. De quoi lancer la saison des toiles sous les étoiles de la meilleure manière possible !
Cette fois, c’est officiellement l’été. Vous avez donc le droit de vous enfermer dehors pour assister à la kyrielle de projections en plein air proposée dans le coin par l’association Passeurs d’images. Commencez par quelques rires pétillants avec Les Dieux sont tombés sur la tête de Jamie Uys (1980). Récompensée en 1982 par le Grand Prix du Festival du film d’humour de Chamrousse (l’ancêtre de l’Alpe-d’Huez), cette comédie battit des records en salle ainsi que le double pavillon du Botswana et de l’Afrique du Sud afin de contourner le boycott culturel alors en vigueur. A-t-elle contribué, à l’instar du Graceland de Paul Simon (autre fameux contrevenant de l’époque) à favoriser l’effondrement de l’apartheid ? Si c’est le cas, ce fut malgré Jamie Uys qui n’avait rien d’un artiste engagé. En revanche, ce cinéaste était doté d’un réel tempérament de conteur versant dans la parabole philosophique.
Car si l’on s’amuse aux tribulations drolatico-sentimentales d’une institutrice et d’un broussard poissard, on suit surtout la quête d’un Bochiman chargé par les siens de se débarrasser d’un encombrant cadeau tombé du ciel : une bouteille de soda vide ayant semé la zizanie dans sa tribu à force de convoitise. Faut-il y lire un sous-texte rousseauiste, une critique de la société de consommation, un éloge précurseur de la décroissance ? C’est là que les avis divergent. Il est certain que la morale de la fable est instructive. Et après avoir bien ri, lorsque vous repartirez de la projection en ramassant les reliefs de votre pique-nique, vous regarderez d’un autre œil vos canettes de soda vides…
Les Dieux sont tombés sur la tête A revoir
Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.
Étape 3 : Retrouvez tout ce que les San nous ont transmis. La richesse de leur art de vivre, leurs méthodes de chasse, la vie dans le désert, les luttes au cours des millénaires. Leur terre qu’ils défendent encore avec des arcs et des sagaies. Leur langue Khoisan à clics, la mère de toutes les langues du Monde. L’adaptation d’un peuple séculaire au 21e siècle. Leur survie. Leur avenir
Bonjour,
Les dieux sont tombés sur la tête est un film botswanais et sud-africain écrit et réalisé par le Sud-Africain Jamie Uys, sorti en 1980
Lorsqu’on parle des Bushmen ou San, immédiatement, l’on fait référence à ce film des années 1980 : « Les Dieux sont tombés sur la tête ». Deux hommes communiquant dans une langue très étrange parcourent la savane afin de rendre une bouteille de coca cola « tombée du ciel » à son propriétaire.
Ce film a eu le double effet de révéler les Bushmen au monde entier et de les projeter dans un 20e siècle capable de les engloutir. Heureusement, leur ingéniosité à survivre n’a d’égale que leur connaissance de leur environnement. Aujourd’hui si certains San sont de plain-pied dans le 21e siècle et cèdent à ses mirages dévastateurs tout en tournant le dos à leur culture, une majorité d’entre eux ont trouvé le moyen de concilier leurs valeurs ancestrales et l’évolution inéluctable d’un siècle où tout s’accélère.
Les Bushmen vivent essentiellement dans le bassin du Kalahari.
VASTES TERRES DU KALAHARI : UN DÉFI POUR LES SAN
Les Bushmen vivent essentiellement dans le bassin du Kalahari. De nos jours, leur population est estimée à 100 000 personnes dispersées sur quatre pays : l’Angola, la Namibie, l’Afrique du Sud et le Botswana. S’ils ont su braver les dangers du désert, aujourd’hui, un plus grand défi leur est lancé : vivre leur culture ancestrale au 21e siècle, et affronter tout ce qui l’anéantirait.
Les San n’ont pas toujours été cantonnés aux terres hostiles du Kalahari. Ils sont originaires de zones chaudes et humides plus au Nord. Peu à peu, ils migrèrent vers le Sud. La présence de ces chasseurs-cueilleurs en Afrique australe remonterait, selon des études archéologiques de 2012, à 44 000 ans. (les peintures rupestres les plus anciennes sont estimées à 27 000 ans en Nambie, et la découverte en Afrique du Sud d’objets en oeuf d’autruche, coquillages et os reculent leur échelle du temps à 44 000 ans)
Que d’ingéniosité pour survivre dans cette savane semi aride !
LE PLUS VIEUX PEUPLE D’AFRIQUE AUSTRALE FACE AUX ENVAHISSEURS
Répartition des San et des Khoikhoi
Pour autant, cette ancienneté ne leur a octroyé aucune primauté dans la région. Excellents chasseurs, ils ne sont pas guerriers, et préfèrent fuir devant l’adversité. Les premiers à pénétrer leur territoire, il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, sont les Khoikhoi, pasteurs originaires du nord de l’actuel Botswana. Pour élever leurs bovins, ils prennent possession des plans d’eau, et se rassemblent sur la bande maritime. Les San reculent vers des régions plus désertiques et s’y adaptent avec une ingéniosité que l’on mesure encore aujourd’hui. Les deux peuples parlent une langue apparentée, dite à « clics ». Les Khoikhoi se nomment eux-mêmes, les « hommes des hommes », terme par lequel ils signifient leur suprématie, sur ceux qu’ils nomment dédaigneusement les « Khoisan », « les hommes qui ramassent par terre ». En réalité, les San nommaient leur propre peuple « ceux qui suivent l’éclair ». Ils décryptaient le ciel et se déplaçaient en fonction des pluies.
Vers le quinzième siècle de notre ère, une deuxième vague de migrants change la donne en Afrique australe. Le peuple bantou venu du Nord du continent progresse vers le Sud, il s’attribue les terres des Khoikhois et des San, une fois de plus, réduits à fuir. Physiquement, les Bantous sont très différents des premiers occupants. En effet, les San ont des pommettes saillantes, des yeux bridés, une coloration de peau plutôt claire, soit jaune-brun. Les Bantous sont noirs et grands, ils sont agriculteurs et sédentaires ayant aussi acquis la maîtrise du fer.
Répartition des Bantou en Afrique et conquête des territoires du Sud
L’arrivée des colons européens dans la botte de l’Afrique réduit davantage le territoire des San. Les Européens nomment les Khoikhoi des « Hottentots » (en hollandais : hotteren-totteren) terme évoquant ce qui était perçu comme un bégaiement, et les San prennent le surnom de Bushmen terme qui fait référence à leur vie dans la savane.
Aujourd’hui les Khoikhoi se présentent plutôt comme des Namas, ils ont parfois adopté le mode de vie des San, ne parvenant plus à élever du bétail dans les zones désertiques où ils ont été repoussés. Les belligérants d’autrefois s’unissant dans l’adversité. Nombre d’entre eux ont été réduits à l’esclavage. Tandis que les Bushmen, discrets, se sont particulièrement adaptés aux conditions désertiques. Aujourd’hui, ils ont adopté le terme de San pour leur peuple. Ce terme faisant référence à leur connaissance des plantes, graines, fruits et herbes.
En ce 21e siècle, une autre menace plane sur ce peuple. La volonté des gouvernements de développer l’activité lucrative du tourisme rogne leurs territoires. Tandis que la découverte de gisements diamantifère plombe les relations entre le gouvernement du Botswana et le peuple San. Nomades, ils ne possèdent pas de terre à proprement parler. Mais ils ont besoin de circuler sur de vastes zones. Les San ne font pas la différence entre le Botswana, la Namibie, et l’Afrique du Sud. En revanche, les gouvernements ayant érigé des barrières au sein même de leur désert ne respectent pas leur mode de vie, et lui nuise jusqu’à disparition.
Etablissement des Européens
Au Botswana, un procès historique a été gagné par le peuple San face au lobby du tourisme. Pour autant, le gouvernement du Botswana ne semble pas tenir compte des conclusions de ce procès. Gageons que la justice règne pour ce peuple qui force l’admiration par sa résistance face à l’adversité.
En Namibie, toutes les terres sont devenues « privées ». Les anciens colons, aujourd’hui, « les Namibiens blancs » développent une activité d’élevage voire de préservation de la faune endémique sur des propriétés immenses. Ce quadrillage du pays empêche la libre circulation des San. Les consciences se réveillent et il nous a été rapporté par des groupes de San que certains propriétaires les accueillaient sur leurs terres et leur permettaient de poursuivre leur art de la chasse, à condition qu’ils n’utilisent pas de chiens ni de fusils, mais qu’ils procèdent comme ils l’ont fait depuis des millénaires. Néanmoins, la majeure partie des zones où ils évoluaient jadis leur sont devenues inaccessibles. (voir conclusion de l’article QUE RESTE-T-IL CE PEUPLE DU NÉOLITHIQUE AU 21e SIÈCLE )
En réalité, les San nommaient leur propre peuple « ceux qui suivent l’éclair »
LA CIVILISATION DE L’ARC
OU
L’ART DE LA CHASSE CALQUÉ SUR LES MÉTHODES DES PLUS GRANDS PRÉDATEURS
Les San n’ont jamais tenté les activités pastorales ou agraires. Ils sont le dernier peuple d’Afrique avec les Pygmées à perpétuer la civilisation de l’arc. Ils doivent leur survie à une connaissance parfaite de leur écosystème. Ils décryptent les propriétés de chaque plante, de chaque racine de la savane. Ils en maîtrisent tous les usages : du poison dont ils enduisent leurs flèches (plantes (souvent de la résine d’euphorbe), de venin de serpent, de larves du coléoptère Cladocera) jusqu’aux médicaments qui soignent tous les maux. Certaines racines, fruits en périodes humides (donc rares!), herbes et bulbes nourrissent les familles.
Leurs techniques de chasse sont parfaitement rodées. Leurs seules armes sont les flèches empoisonnées et les sagaies. Les flèches ne sont pas fabriquées pour tuer, mais dans le but d’inoculer un poison dans la bête (à la manière d’une seringue). Un San peut atteindre une cible mouvante à plus de 200 mètres, il est en revanche beaucoup moins doué sur de courtes distances et cibles statiques. Inutile donc, de le mesurer aux champions des Jeux olympiques. Dans la savane, leur technique d’approche est calquée sur celle des grands prédateurs. À pas feutrés, contre le vent, ils se dissimulent derrière des buissons où ils surprennent les antilopes les plus méfiantes. La flèche enduite de poison blesse la bête. Il faut alors la pister et surtout la disputer aux hyènes, lions, guépards, et léopards opportunistes. Le chasseur suit les traces de sa victime parfois pendant un long moment, tout dépend de la taille de sa proie : petite antilope ou girafe, voire buffle. Les San éviteront de manger la viande qui entoure l’impact de la flèche (concentration du poison), et mangeront tout le reste de la bête. Se servant de leur peau comme habit, essentiellement celles du steenbok et du springbok (deux antilopes de taille moyenne).
L’une des dernières civilisation de l’Arc d’Afrique
DES CLICS QUI CLAQUENT COMME DES BAISERS
Répartition des langues Khoisan
Les chasseurs San que nous avons rencontrés nous ont affirmé connaître le langage des animaux. S’ils se méfient des léopards capables s’attaquer aux plus jeunes du clan, ils nous disent savoir communiquer avec les lions. Comprendre leur langage… Dans les deux villages où nous avons vécu, quelques San parlaient l’anglais, ce qui facilite grandement les échanges. Mais, lorsqu’ils nous emmènent dans le « bush » (la savane), ils miment leur propos qu’ils accompagnent de leur langue vernaculaire. Une langue à clics qui lorsqu’on l’entend pour la première fois paraît irréelle. Leur langue compte plus de sons que toute autre au monde. Les clics sont produits avec la langue, les lèvres, les dents, le palais sans l’aide des poumons ni des cordes vocales. Ces claquements appartiennent aux consonnes non pulmonaires, car s’il n’est pas possible de parler la plupart des langues de notre Planète sans reprendre vent et haleine, les clics peuvent être émis à l’infini. Ce qui donne un son étrange lorsqu’il est mélangé à tous les autres. On y entend au milieu de voyelles et consonnes le claquement de baisers aux significations mystérieuses.
Les clics appartiennent aux langues Khoisan ou langues khoi parlées en Afrique australe. Les langues Khoisan regroupent plusieurs ethnies : les San, mais également les Namas, les Damaras que nous rencontrerons également au cours de ce voyage.
KHOISAN : LA MÈRE DES LANGUES DU MONDE
Le docteur Quentin D. Atkinson, biologiste de l’université d’Auckland en Nouvelle-Zélande, a étudié le lien entre l’apparition des langues et l’origine de l’humanité. Grâce à des modèles mathématiques, Atkinson a répertorié la plupart des phonèmes utilisés dans toutes les langues du monde. Un phonème est la plus petite unité phonétique. Donc un clic est un phonème. Le docteur néo-zélandais fait remonter les origines du langage à au moins 50 000 ans avant notre ère. Or, les scientifiques situent le berceau de l’humanité (l’homo sapiens) en Afrique australe. De ce berceau initial, des groupes se sont propagés partout dans le monde. Le début de cette migration correspondrait à l’apparition des premières langues il y a plus de 50 000 ans. Le raisonnement du scientifique suit son cours, et Atkinson pense que les langues khoisan sont les plus anciennes au monde. Il pense également qu’en s’éloignant de leur creuset originel, les langues se sont simplifiées. Il démontre que plus les groupes linguistiques sont éloignés d’Afrique, plus les phonèmes se sont appauvris. Il compare ainsi les langues khoisan qui utilisent plus de 100 phonèmes aux langues maohies du Pacifique (Hawaii, Polynésie, l’île de Pâques…) qui n’en comptent que 13. Cette thèse appelle des controverses parmi les linguistes, et il y a fort à parier, que les décennies à venir mettront en lumière l’une ou l’autre théorie. Ces recherches soulignent en tout cas toute l’importance que nous devons accorder à nos origines lointaines, pour comprendre le fonctionnement de notre Planète dans son ensemble.
Langue Khoisan, la langue à clics, mère des langues du Monde
LE FACEBOOK DES SAN !
Les San occupent l’Afrique australe depuis des temps immémoriaux. Il est possible qu’ils soient nos lointains ancêtres linguistiques. En plus de cette langue élaborée, ce peuple a mis en place un système de communication entre les familles. Chaque clan ne dépasse pas 25 individus. Au-delà de ce nombre, leur système de chasse ne permettrait pas de nourrir tout le monde (ce chiffre m’a été donné par un chef de clan… Dans Universalis on lit « entre 20 et 60 individus », j’aurais tendance à croire ce que j’ai vu… à vérifier!) . Pour autant, lorsque les groupes se divisent, ils restent en contact. Si aujourd’hui, les moyens de communication sont modernes, dans les temps les plus reculés, les San partageaient leur expérience sur les roches du désert. Ils peignaient, et plus rarement gravaient la roche, indiquant quelle direction prendre pour trouver un point d’eau, où se situaient les zones giboyeuses, les pièges à éviter… Leurs peintures servaient également de « gazette », mentionnant combien de personnes (femmes, enfants, hommes) composaient le clan passé par là, mais également s’ils déploraient un décès, fêtaient un nouveau-né… Une foule d’informations utiles aux groupes qui fréquenteraient les lieux. Ces peintures didactiques nous permettent également de confirmer leur mode « nomade ». Ceux qui « postent » et « partagent » leurs « impressions » et « renseignements » sur les roches le font à l’intention de ceux qui passeront après eux. Le site est donc laissé par le premier groupe pour être fréquenté ensuite par d’autres groupes qui ajouteront des informations au fur et à mesure de leur passage.
Peintures rupestres, toute l’histoire des San
UN PEUPLE NOMADE
Les deux clans que nous rencontrons nous expliquent qu’effectivement, leur peuple n’a rien de sédentaire. Ils suivent le gibier, mais également laissent l’écosystème se renouveler en migrant d’une zone à une autre. À chaque fois, ils constituent un campement fait de huttes en branchages et peaux de bêtes. Aujourd’hui, certains campements s’étanchéifient grâce à des matériaux « modernes » type bâches. Il ressort de nos discussions que les San n’emportent d’un lieu de campement à un autre que peu de choses. Ils marchent des jours pour retrouver des zones giboyeuses, des sources d’eau, des graines, fruits et herbes utiles à leur alimentation, voire à leur médecine. Les enfants sont portés dans le dos des mamans, les adultes se suivent. Un San se suffit d’un litre par jour. Dans les conditions désertiques, c’est une gageure! Ce mode de vie existe encore dans le fin fond du Kalahari, là où la vie urbaine ne les a pas encore arrachés à leur écosystème !
Leur mode de vie est sain, nous rencontrons des personnes de plus de 70 ans, altières, encore capables de chasser. Ces patriarches sont là pour transmettre leur expérience aux plus jeunes, qui à leur tour seront en charge du clan. Lorsqu’une personne se sent trop vieille, atteinte de cécité, moins mobile ou malade, elle sait qu’elle ralentira le groupe, ou l’empêchera de survivre. Ainsi, elle demande qu’on lui construise une hutte. Le clan lui prépare de la viande séchée, constitue une réserve d’eau, une fois installée, elle fait ses adieux au clan qui repart vers d’autres zones de chasse. Le clan ne repassera plus jamais vers cet endroit, car il sait que tôt ou tard, une hyène, ou tout autre prédateur sera passé par là…
Peuple nomade
QUE RESTE-T-IL DE CE PEUPLE DU NÉOLITHIQUE AU 21e SIÈCLE
Après les vagues d’envahisseurs sur leur territoire, les San disparurent de certaines zones : exterminés par les nouveaux venus ou réduits à l’esclavage dans les fermes. Au vingtième siècle, l’esclavagisme se mua en travaux agricoles très mal payés chez les fermiers bantous ou les blancs. Certains perdirent leur identité tribale épousant au sein de la ferme des filles d’autres ethnies. Une minorité a choisi de vivre dans la savane et dans le désert de manière séculaire. Cette vie est dure et difficile, mais elle ancre certains dans leur culture encore aujourd’hui. D’autres parviennent à manier « la chèvre et le chou »… À garder leur culture tout en tirant parti de l’évolution du Monde.
Le matin ils organisent des « living museum », présentant leur culture ancestrale. L’après-midi, les San veillent à la maintenance du Ranch
Ceux-là ont compris que leur mode de vie, leur culture ne survivra pas indéfiniment « hors du temps ». Ils choisissent alors de travailler dans les Ranchs qui s’ouvrent au tourisme. Lorsqu’ils ne parlent pas l’anglais, ils y assurent la maintenance, s’ils parlent l’anglais, ils font partie des équipes en contact avec la clientèle. Les salaires sont répartis entre les travailleurs et ceux qui restent au sein du clan et continuent de vivre de manière traditionnelle. Souvent, les San travaillant dans les ranchs organisent, sous la houlette des propriétaires, des matinées didactiques pour les visiteurs. Cela se nomme des « living museum », des musées vivants. Ils quittent leur « bleu de travail » pour reprendre leur « costume » traditionnel. Ils entraînent à leur suite les participants et sans un mot d’anglais, tout en langue à clics, ils miment leur mode de vie : chasse, cueillette, utilisation des plantes, confection d’objets coutumiers. Le visiteur qui leur achète de l’artisanat contribue à la pérennité du clan. Un bel échange de procédés! Le visiteur a vécu des moments forts avec le clan, le San fait vivre sa famille. Un échange franc, plein de sympathie et d’émotion. Attention la condition des San dans ces Ranchs dépend essentiellement de l’éthique des propriétaires…
D’autres groupes se débrouillent autrement. À Omaruru, nous avons vécu quelques jours avec un clan d’une quinzaine de personnes. Ils campaient à plus de 700 km de leurs terres coutumières. Les clans se succèdent, sur les terres d’un « Namibien blanc » qui leur laisse libre accès et un emplacement où camper. Ils viennent là par tous les moyens de transports possibles (stop, bus … ). Pendant deux mois, ils ont pour mission d’animer le « living museum ». Ils sont très bien organisés. Ils ont mis au point une liste de tarifs respectée par tous les clans. Nous avons appris également que le fermier ne prenait pas la moindre commission sur leur travail. La liste chiffrée comprend des activités telles que l’apprentissage de la chasse dans la savane, reconnaissance des plantes utiles ou dangereuses, participation aux danses et chants locaux, démonstration de l’artisanat… Cette liste pourrait « casser le mythe » de certains. Pourtant, elle est le gage que les San puissent vivre encore aujourd’hui comme ils l’ont toujours fait. Les clans se relayent tous les deux mois. Ils sont si nombreux à adopter cette pratique qui leur permet d’engranger un pécule que chaque clan viendra au mieux tous les deux ans.
Une ou deux personnes parlent l’anglais. Tous les autres communiquent par mimes ou par voie de traduction. Du fait que nous avons campé avec eux( je précise, nous étions tous les deux, seuls avec eux !) , nous avons pu lever le voile sur les coulisses de leurs pratiques. Passer la journée avec eux dans la savane est un moment inoubliable où nous avons affronté les dangers d’une telle vie : pendant que nous y étions, un léopard rôdait et menaçait les plus petits. Pas qu’eux… puisqu’il a rôdé aussi autour de notre tente ! Nous partagions les mêmes craintes, et le même mode de vie, nomade !
https://voyage.nat-et-dom.fr/a-la-rencontre-du-peuple-san-nomades-du-kalahari/