Donald Trump, ce Narcisse qui se rêve en shérif universel

En bombardant avec quatorze méga-bombes GBU-57 de treize tonnes chacune, comme il l’a fait le week-end dernier, les sites nucléaires de Fordo, Ispahan et Natanz en Iran, avec ses B2 furtifs venus du Missouri aux USA, l’hôte de la Maison Blanche obéissait à plusieurs objectifs militaires, mais pas que.
En revêtant de façon éphémère l’armure de chef de guerre :
1/ Il confirmait aux israéliens qu’il était un allié fidèle sur lequel ils pouvaient compter, (le lobby juif, donc son électorat est très puissant aux States) et que le Moyen-Orient,  où l’Amérique possède une multitude de bases, et surtout d’importants intérêts stratégiques, (pétrole notamment) restait sa chasse gardée.
2/ Il envoyait un terrible coup de semonce au régime des mollahs de Téhéran, pas mécontent au passage de se rappeler à leurs bons souvenirs après la terrible humiliation de l’envahissement de l’ambassade US et de la prise d’otages de diplomates américains qui s’en est suivie dans les années 1980.
3/ Il adressait un message subliminal à la Chine et à la Russie, une sorte d’avertissement gratuit en montrant, qu’en plus d’aspirer au prix Nobel de la paix, il convoitait le titre de « Monsieur muscle » de l’univers.
4/ Il confirmait aux Européens, en particulier à Emmanuel Macron, que face à la force de l’oncle Sam ils ne pesaient pas lourd dans le débat international, en particulier face à la politique de la canonnière (symbole de la
projection de la puissance jusqu’au début du XIXe siècle).  Le coup de baguette du maître aux élèves.
Et 5/, cerise sur le gâteau, il s’assurait personnellement un formidable coup de pub, chose qu’il affectionne par dessus tout, tant son ego est surdimensionnée, et anticipait son entrée flamboyante en super héros au sommet de l’OTAN, à La Haye, quelques jours plus tard. Avec cette injonction aux européens à devoir porter désormais leur contribution financière au sein de l’Alliance Atlantique à hauteur de 5% de leur PIB national, faute de quoi ils devraient se passer a l’avenir du parapluie américain et de la présence de cent mille boys sur leur sol.
Message reçu 5/5, au-delà de toute attente, avec la complicité, il est vrai, de Mark Rutte, ancien Premier ministre des Pays-Bas et nouveau secrétaire général de l’organisation, qui s’est montré particulièrement servile envers le locataire du bureau ovale, oubliant que les pays membres de l’OTAN sont majoritairement européens, à l’exception des Etats-Unis, du Canada et de la Turquie. Il lui a littéralement mangé dans la main, tel un bon petit caniche à son pépère.
En résumé, le raid aérien éclair contre l’Iran a été une réussite à cent pour cent, à la fois un succès tactique, stratégique, politique et économique, pour celui qui se considère désormais comme un shérif universel. Et ce, même s’il ressemble plutôt à Joe Dalton comme détrousseur de diligences et braqueur de banques (augmentation des droits de douanes planétaires).
il faut dire que Trump est une caricature de BD, de Zorro à Batman, en passant par Pinochio qui, comme lui, voit son nez s’allonger à chaque mensonge. N’a-t-il pas affirmé, haut et fort, que la destruction des installations nucléaires iraniennes était totale et irréversible, information démentie quelques heures plus tard par la DIA, le service de renseignement du Pentagone, CNN et le prestigieux New-York Times. Il ment comme il respire et plus c’est gros, plus ça passe face à une opinion publique crédule et une base militante sourde et aveugle.
Donald Trump s’identifie également, de plus en plus, à Narcisse, ce personnage de la mythologie, imbu de lui-même, amoureux de sa propre image, qui adorait s’admirer dans l’eau claire d’une source. Il devrait se souvenir cependant que Narcisse a vouloir trop se mirer dans l’onde claire a fini par se noyer.
Jean-Yves Duval, journaliste écrivain