En Tunisie, c’est une disparition discrète, mais lourde de sens. L’Instance nationale d’accès à l’information a définitivement fermé ses portes sans communiqué officiel ni déclaration. Le Syndicat national des journalistes tunisiens a dénoncé la fermeture de cette instance qui permettait à de nombreux citoyens et journalistes de réclamer l’accès à des données ou des rapports publics. Sa fermeture s’inscrit dans le processus de démantèlement de nombreuses institutions créées après la révolution de 2011.
« Une atteinte directe au droit constitutionnel d’accès à l’information » c’est ainsi que le Syndicat des journalistes tunisiens a qualifié la fermeture de l’Instance nationale d’accès à l’Information, créée en 2017 en Tunisie.
Selon la nouvelle Constitution tunisienne adoptée en 2022, le droit à l’information et les libertés d’opinion, d’information et d’expression sont garanties. Cette instance était composée de neuf membres issus de la société civile, des avocats, de la statistique, de la magistrature, de l’enseignement et du journalisme qui illustrent le droit de tout citoyen à réclamer une information.
La « consécration de la politique de l’opacité »
Les journalistes et la société civile en faisaient beaucoup usage depuis sa création, notamment pour obtenir des chiffres ou des données de ministères, souvent opaques dans leur communication. Cette semaine, l’annonce de la fermeture de l’Instance a été faite en catimini.
La composition de ses membres n’avait pas été renouvelée par le Parlement depuis 2023 et elle était dirigée par intérim depuis un an. Le syndicat a dénoncé « une consécration de la politique de l’opacité » selon les mots du communiqué. L’ONG anticorruption I-Watch parle, elle, de « recul démocratique grave » et de la « démolition du dernier bastion de la transparence en Tunisie ».