Rater les cours parce qu’on a ses règles, fléau de la précarité dans les lycées d’Ile-de-France et ailleurs

« Il est des sujets que nous n’aimons pas aborder alors qu’ils sont essentiels. Les WC, les serviettes hygiéniques, l’handicap, l’albinisme, fistules vaginales ( mauvaises odeurs vaginales), etc, alors que nous devons en parler pour sauver certains-es.

Le silence tue ou réduit au coin ce qui exclut involontairement des citoyens ». Pape CISSOKO

Des milliers de jeunes femmes n’ont pas de quoi se payer des tampons ou des serviettes. Pour lutter contre cette inégalité, 31 lycées en Ile-de-France proposeront gratuitement des protections à leurs élèves.

Une douzaine de distributeurs de protections périodiques ont été installés par la région dans des lycées franciliens pour permettre aux jeunes filles de se fournir gratuitement et sans limite. Le but est de lutter contre la précarité menstruelle.

Des distributeur de protections périodiques ont été installés dans les lycées par la région Île-de-France comme le lycée Blaise Pascal de Villemomble en Seine-Saint-Denis. © Radio France – Hajera Mohammad

Une femme sur trois est concernée par la précarité menstruelle, selon une récente étude de l’Ifop. Alors pour y remédier, des serviettes et des tampons hygiéniques sont désormais à portée de main dans les lycées d’Île-de-France. « Je trouve que c’est une bonne idée parce que souvent en classe on se retrouve à avoir nos règles. Plusieurs fois cela m’est arrivé au collège de rentrer chez moi parce que j’avais tâché mon pantalon. Et je n’avais rien, même l’infirmière n’avait rien« , témoigne Imane à France Bleu Paris, une élève de terminale du lycée Blaise Pascal à Villemomble en Seine-Saint-Denis.

Lutter contre la précarité menstruelle

Au total, une douzaine de distributeurs de protections périodiques ont été installés par la région dans des lycées pour permettre aux jeunes filles de se fournir gratuitement et sans limite. C’est une manière de lutter contre la précarité menstruelle. Au cours de sa vie, une femme utilise 10.000 protections en moyenne. « C’est un produit de première nécessité. Mettre cinq  euros dans un paquet de serviettes ou de tampons, quand il y en a dix dedans et bien c’est dur« , raconte Lina.

Les règles restent tabou même pour ces jeunes femmes. « C’est gênant. Imaginez que vous êtes en train de marcher, vous appuyez, et le garçon qui passe va savoir que vous avez vos règles. C’est gênant, c’est intime, il n’a pas à savoir« , poursuit Cheryl. La gêne, le manque de moyens peuvent avoir des conséquences catastrophiques. « Un tiers des jeunes filles n’ont pas les protections périodiques adaptées. Elles ont donc des protections de fortune avec tous les risques gynécologiques que ça comporte. On a même de l’absentéisme scolaire lié au règles« , explique Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France.

Un tiers des jeunes filles n’ont pas les protections périodiques adaptées – Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France

« Moi j’ai connu des jeunes filles qui malheureusement mettent du papier et vont dans les toilettes pour dérouler beaucoup de papiers toilettes ou prennent des morceaux de tissu, les lavent et réutilisent les morceaux de tissus. On voit bien que cela n’est pas possible« , renchérit Farida Adlani, vice-présidente de la région en charge de la Santé et des Solidarités. Elle est également infirmière de profession. « Il y a aussi le problème de l’absentéisme, des jeunes filles qui ne veulent pas, pour éviter le regard de l’autre, pour ne pas se retrouver dans des situations inconfortables, aller à l’école et d’avoir parfois des fuites ou des difficultés qu’elles peuvent rencontrer lorsqu’elles sont leurs règles sur plusieurs jours« .

Cette douzaine de distributeurs installés ont coûté 100.000 euros à la région. Elle prévoit d’en déployer d’autres ces prochains mois. Ce sont des tampons et des serviettes hygiéniques bio. Selon l’association Règles Élémentaires, en France, au moins 1.7 millions de femmes sont victimes de précarité menstruelle.