Au-delà des participants officiels au G7 (62% de l’économie mondiale) il n’a échappé à personne que cette année à Biarritz huit pays non-membres ont été invités dont cinq africains. On peut s’interroger pour quoi ceux-là précisément.
Il s’agit rappelons-le de l’Egypte, de l’Afrique du Sud, du Burkina Faso, du Sénégal et du Rwanda. Sans oublier le président de la Banque africaine de développement. Pour Paul Kagamé c’est surtout en sa qualité d’ancien président de l’Union africaine et Al Sissi d’Egypte car il préside actuellement cette instance. Le président d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, à été onvié car il vient d’être élu deuxième puissance économique du continent, le Sénégalais Macky Sall en tant que président du Nepad et enfin Christian Kaboré en sa qualité de président du G5 Sahel.
Arrières pensées élyséennes
Pour autant on ne peut s’empêcher de soupçonner Emmanuel Macron d’avoir eu quelques arrières pensées avec ce choix diplomatique. Le Rwanda par exemple est l’un des pays d’Afrique avec lequel La France entend améliorer aujourd’hui ses relations. Pour ce qui est de l’Afrique du Sud il se trouve que l’occupant de l’Elysée à projeté une visite officielle dans ce pays en 2020. Quant à l’Egypte la France ne fait pas mystère qu’elle souhaite que ce pays s’implique encore davantage dans le règlement de la crise libyenne. Ces invitations ne seraient donc peut-être pas aussi innocentes qu’elles en ont l’air. Il n’en demeure pas mois qu’à côté de cet aspect très géopolitique des sujets importants étaient à l’ordre du jour de ce G7 impliquant fortement l’Afrique, comme celui des inégalités avec notamment le rôle des femmes dont le développement du numérique devrait leur permettre de créer plus facilement des petites entreprises et donc d’agir concrètement sur l’économie locale.
L’Afrique : 5% du commerce mondial
Une fois que l’on a dit ça doit-on en déduire pour autant que les intentions françaises ne serait pas aussi sincères qu’il y paraît ? Bien sûr l’Hexagone n’ignore pas que dans le débat économique l’Afrique participe seulement à hauteur de 5% du commerce mondial. C’est peu ! Cela lui interdit-elle pour autant de se faire entendre sur le changement climatique, les évasions fiscales orchestrées par les grandes multinationales ou encore le chômage et l’insécurité. Certes non et c’est bien pour cela que ces pays ont été invités. Le Burkina Faso par exemple a été l’objet en mai dernier d’un attentat qui a fait quatre victimes et depuis 2015 ce pays comptabilise plus de quatre cent morts en rapport avec des actes terroristes. La question de la sécurité dans le Sahel préoccupe d’ailleurs grandement le monde occidental, les européens en particulier.
Pour un vrai partenariat pays riches pays africains
Il ne faudrait donc pas croire que ces personnalités africaines ont été invitées à Biarritz pour faire de la figuration et donner bonne conscience aux organisateurs. L’objectif pour les membres du G7 est bien d’établir un partenariat sérieux avec le continent africain ainsi que le disait le président Macron à la tribune des Nations Unies en septembre 2018 : « Le temps où un club de pays riches pouvait définir seul les équilibres du monde est depuis longtemps dépassé ». Reste à traduire ses mots en actes et à donner aux représentants africains toute la place qui leur revient dans les instances internationales.
Jean-Yves Duval * Directeur d’Ichrono
*ancien auditeur du Centre d’études diplomatiques et stratégiques