Quand la ville lumière sombre dans la nuit noire

Paris, ville phare de l’humanité, Paris ville lumière, Paris qui en quelques semaines est passée de la clarté à une des nuits les plus noires de son histoire sous l’action des « gilets jaunes » et l’incendie d’un des monuments les plus emblématiques de la capitale.

On ne dira jamais assez à quel point la vie s’est accélérée au 21ème siècle avec l’apparition des nouvelles technologies, en particulier de la communication. Il suffit pour s’en convaincre de voir comment quelques appels dans les réseaux sociaux ont suffi au début du mois de novembre dernier à mobiliser des centaines de milliers de français et à embraser les rues des grandes villes françaises.

En quelques semaines tout a basculé

Hier encore, dans l’imagerie populaire et pour le monde entier Paris était avant tout la plus belle avenue du monde. Il aura suffi de quelques « samedi » pour défigurer les Champs-Elysées sous les coups de boutoirs assenés par des hordesdéchaînées qui n’étaient pas seulement des black blocks. Ces ultrasde droite comme de gauche, ont même accompli le sacrilège suprême en s’en prenant à un symbole

national : L’Arc de Triomphe. Honte à eux ! Aucune condamnation ne sera assez forte pour condamner de tels agissements qui défient les lois de la République et mettent en péril la paix civile.

Un symbole mondial

Récemment, le 15 avril, au cours de la soirée, il aura suffi de quelques heures pour que le monument le plus visité d’Europe, la cathédrale Notre-Dame,ne parte en fumée,couvrant de cendres plus de huit siècles d’histoire.Notre-Dame de Paris, au-delà d’un symbole mondial pour la chrétienté, d’une architecture exceptionnelle œuvre de bâtisseurs d’exception,a été le témoin privilégié de la grande Histoire de France. Elle  a vu défiler dans sa nefplusieurs rois et Napoléon Bonaparte y a été couronné Empereur en 1804. En dehors du tocsin ses carillons ont fait raisonner des Te Deum chargés d’émotion lors des obsèques de Georges Pompidou et de François Mitterandainsi que dans des circonstances mémorables,comme ce jour du 24 aout 1944 lors de la libération de Paris alors que des balles allemandes sifflaient encore sur le parvis etquele général de Gaulle prononçait, non loin de là, à l’Hôtel de ville, ces mots gravés dans la plupart des mémoires : « Paris ! Paris outragée ! Paris brisée ! Paris martyrisée ! mais Paris libérée !  Paris libérée par elle-même, libérée par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la vraie France, de la France éternelle ». Nous ne saurions oublier également le symbole inter-religieux que représenteNotreDameà travers le culte de la Vierge Marie est également priée par les musulmans. Aujourd’hui laïcs comme croyants, incrédules et choqués, éprouvent la même tristesse, la même émotion.

Victor Hugo est en deuil et Quasimodo pleure

Soixante-quinze ans après cette période sombre de notre histoire, Paris est de nouveau outragée. Outre que son image a été détériorée par les saccages, les pillages et les violences commises par les « gilets jaunes » sur une avenue que le monde entier nous envie et que les touristes de toute nationalitéadmirent ellevient d’être à nouveau d’être écornée douloureusement avec l’incendie de Notre-Dame. La carte postale a perdu ses couleurs, Victor Hugo est en deuil et Quasimodo pleure.Avec les Champs-Elysées et Notre-Dame Paris pouvait s’énorgueillir d’accueillir près de quinze millions de visiteurs chaque année. Qu’en sera-t-il demain ? Nul doute que ces deux évènements, d’une intensité dévastatriceincroyable, auront un impact économique négatif considérable à la fois en terme de croissance et pour tous les commerçants qui vivent du tourisme. Quant à Notre-Dame il faudra des années, des décennies de travaux et des sommes colossales pour lui redonner son lustre d’antan car la cathédrale n’appartient pas aux seuls parisiens et Français, elle appartient à l’humanité toute entière. C’est un devoir de mémoire vis-à-vis des générations passées et une exigence pour les générations futures. Une souscription nationale et internationale devrait y pourvoir.

La fureur des hommes et la force des flammes

Autant dire que Paris, en quelques mois, a ététouchée en plein cœur et avec elle notre patrimoine, notre histoire, notre culture, notre chair. Par la faute de la fureur des hommes et la force des flammes.  

Jean-Yves Duval, Directeur d’Ichrono  

Dessin : Paul Baringou

Crédit photo : Jean-Paul Erpelding