La solidarité fait du bien là où la pauvreté fait mal aux Africains-Olivier Nkulu Kabamba
Le vœu de pauvreté que prononcent les candidats et candidates d’origine africaine lors de leur engagement dans la vie consacrée est-il vraiment adapté au contexte africain ?
L’Afrique est le continent où la pauvreté est endémique, est-il alors évangélique d’y élever au rang de vertu cette pauvreté qui défigure et déshumanise les Africains ?
Avec son odeur de mort et de déshumanisation, la pauvreté que vivent les Africains dans les bidonvilles de Kinshasa, de Lagos, de Johannesburg, du Caire et des autres mégapoles africaines peut-elle innocemment être élevée au rang de valeur spirituelle ? « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous » (Luc 6, 20). Dans le contexte africain de grande pauvreté sociologique, est-il sain et saint d’inviter les personnes consacrées d’origine africaine à faire vœu de pauvreté et à mener une vie de pauvreté ?
N’est-il pas plutôt évangélique de les inviter à abandonner le vœu de pauvreté et à la place, à faire le vœu de solidarité ; et surtout à s’engager résolument dans la lutte contre la pauvreté ?
La vie de pauvreté qui découle du vœu de pauvreté est-elle le seul et l’unique moyen sûr de gagner le ciel ou la seule voie royale et directe qui conduit à la sainteté ? Dans le contexte africain, évoquer la vie de pauvreté qui découle du vœu de pauvreté n’est-il pas un prétexte pour les personnes consacrées de se soustraire au devoir de solidarité qu’impose la culture de famille en Afrique ?
Comme la solidarité fait du bien là où la pauvreté fait du mal aux Africains, pour un catholicisme africain assumé, l’auteur s’interroge : lors de l’engagement dans la vie religieuse ou monastique, ne faudrait-il pas aux personnes consacrées de remplacer le vœu de pauvreté par le vœu de solidarité ?
Qu’est-ce qui parle le plus au cœur des Africains, le vœu de pauvreté ou le vœu de solidarité ?
Sur le plan de l’inculturation du catholicisme en Afrique, qu’est-ce qui doit le plus mobiliser les personnes consacrées, la lutte contre la pauvreté ou l’importance de l’intégration du vœu de pauvreté dans les mentalités religieuses ?
L’auteur partage les questions que lui posent le vœu de pauvreté et la vie de pauvreté qui en découle, cette vie de pauvreté à laquelle le Pape François ne cesse d’enjoindre tous les religieux et religieuses, moines et moniales partout dans le monde et même en Afrique.
Olivier Nkulu Kabamba est chargé des cours à l’Université de Montréal au Canada. Il est l’auteur de : L’argent : un impératif pour la nouvelle évangélisation (Harmattan, 2015) ; La modernisation du pouvoir dans l’Église. Défi et atout pour la nouvelle évangélisation (Harmattan, 2015) ; Les prêtres africains citoyens européens : l’Église catholique à l’heure du multiculturalisme sacerdotal (Harmattan, 2017) ; Les prêtres africains en Europe : missionnaires ou missionnés (Harmattan, 2011)