Marie Robert fait l’éloge de la philosophie de comptoir-(Philosopher autrement)

Philosophy is sexy since 1985, Marie Robert propose quotidiennement ses réflexions philosophiques sur Instagram

Marie Robert  Auteure, professeure de lettres et de philosophie

Marie Robert enseigne la philosophie et le français. Co-fondatrice de deux écoles Montessori, à Paris et à Marseille, elle partage également ses chroniques quotidiennes.

Son premier livre, Kant tu ne sais plus quoi faire… il reste la philo, paru chez Flammarion en 2018, a été traduit dans plus de quinze pays, dont les États-Unis.

Son deuxième livre, Descartes pour les jours de doute, qui vient de paraître dans la même maison, est déjà en cours d’adaptation audiovisuelle.

Elle est aussi la créatrice du podcast « Philosophy Is Sexy » et de l’instagram du même nom où elle publie un billet chaque matin @philosophyissexy.

Atelier philo – Philosopher, une invitation pour revenir à soi

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Philosopher, une invitation pour revenir à soi – la suite Par Marie Robert

 

Cet atelier est strictement réservé aux personnes ayant suivi l’atelier philo de Marie Robert du 17/04 au 22/05. Une prochaine session est cependant prévue du 09/10 au 27/11. Merci de votre compréhension.

 

« La philosophie ne consiste pas dans l’enseignement d’une théorie abstraite, encore moins dans une analyse de textes, mais dans un art de vivre, dans une attitude concrète, dans un style de vie déterminé, qui engage toute l’existence. L’acte philosophique ne se situe pas seulement dans l’ordre de la connaissance, mais dans l’ordre du “soi” et de l’être : c’est un progrès qui nous fait plus être, qui nous rend meilleurs. C’est une conversion qui bouleverse toute la vie, qui change l’être de celui qui l’accomplit. » – Exercices spirituels et philosophie antique, Pierre Hadot.

Et si nous faisions ensemble un pas de côté ? Et si nous profitions de ce temps confiné pour dessiner nos contours ? Qui sommes-nous ? Quels sont nos valeurs, nos limites, nos envies, nos convictions ? La philosophie nous invite à construire notre cohérence. Ce n’est pas une méthode, ni une leçon, mais une invitation à une féconde introspection. Penser, écrire pour ensuite mieux agir, c’est-à-dire en se sentant plus aligné. Chaque semaine, je vous propose une promenade de l’esprit. Accompagnés par quelques philosophes, je vous présente un concept qu’il vous appartient ensuite, à travers un temps d’écriture et de réflexion, de vous approprier.

N’ayez pas peur, la philo ne parle pas d’autre chose que de nous, et je vous garantis, qu’elle peut être aussi épanouissante que sexy !

 

Concrètement, comment ça marche ?

Pendant six semaines consécutives, Marie vous donne rendez-vous pour une visioconférence autour de son thème « La philosophie comme une promenade de l’esprit ». Après une présentation du concept du jour, vous avez une heure pour écrire, depuis chez vous, stylo à la main ou clavier sous les doigts. Marie vous retrouve ensuite pour la deuxième partie de la visioconférence au cours de laquelle vous aurez l’occasion de lire vos textes et recevoir ses retours en direct.

Une séance de répétition sera faite la veille de l’atelier, pour s’assurer que les ordinateurs de chacun fonctionnent en visioconférence.

 

 

Marie Robert immerge les grands philosophes dans le quotidien de nos vies.
© (Photo Claude Gassian – Flammarion)

La vie de tous les jours nous renvoie souvent à des questions fondamentales qui restent sans réponse. Et si on les posait aux grands philosophes ?

Vous ne savez pas quoi répondre à un texto de rupture ? Demandez conseil à Kant.
Marie Robert, qui enseigne la philosophie et le français aussi bien à l’université qu’au lycée, a eu la bonne idée d’inviter une douzaine de grands penseurs, dont Platon, Spinoza et Nietzsche, à se pencher sur nos petits bobos quotidiens et nos misères ordinaires pour trouver des solutions.
Où l’on redécouvre que pour se soulager d’une bonne prise de tête, rien n’égale la sagesse des anciens.
Demander aux grands penseurs d’éclairer notre lanterne de tous les jours, ça vous est venu comment ?

« Je me suis retrouvée un jour chez Ikea en train de pleurer, submergée par mes doutes et vraiment j’ai réussi à reprendre mes esprits en cherchant une pensée qui pourrait m’aider. Et c’est Spinoza qui est arrivé à mon secours. Le développement personnel est devenu un marché, avec des centaines de livres et de programmes de coaching pour tenter de répondre aux questions existentielles des gens alors que voilà plus de 2.000 ans que des penseurs ont trouvé les réponses ! La philo, ça n’est pas poussiéreux, c’est ici et maintenant. Pétages de plombs, ruptures, chiens qui meurent… Les grands philosophes nous donnent des outils pour gérer nos vies quotidiennes, non pas en proposant une solution miracle aux crises – parce que des crises, il y en aura toujours – mais en changeant notre regard pour reprendre le fil. »

Nos petits cailloux sous la semelle – les scrupules, disaient les Romains – qui peuvent nous faire avancer au lieu de nous ralentir ?

« Exactement. Et en plus, en revisitant ces penseurs, on tisse un lien avec tout ce qui nous précède sur cette planète. C’est un vivier de ressources. C’est une jolie vision du savoir. »

Sauf qu’en ces temps d’immédiateté absolue et de mémoire courte, c’est un peu à contre-courant !

« En cette période d’hyper-éphémérité, de précarité où tout va très vite, pouvoir se raccrocher à quelque chose de solide et de stable est vital. Un texte de philo, ça se relit, ça s’affronte, ça ne se comprend pas en un quart de seconde, ça n’est pas de l’immédiateté. Mais précisément : c’est une temporalité rassurante, un long cours dont nous avons tous besoin. »

La philosophie a été épargnée par la réforme du bac. Elle reste en France la reine des épreuves ?

« La philosophie en France est une matière incontournable, mais effrayante pour beaucoup de gens, parce qu’ardue. Mais on peut se l’approprier pourvu qu’on s’en donne la peine. »

« Kant tu ne sais plus quoi faire il reste la philo », de Marie Robert, Flammarion, 16,90 €

Marie Robert fait l’éloge de la philosophie de comptoir (lanouvellerepublique.fr)

Marie Robert : « Philosopher c’est mettre les mains dans le cambouis de nos

La professeure de philosophie Marie Robert nous aide à jongler avec les penseurs et les concepts de philo au quotidien. – ©Pascal ito / Flammarion

SAUVEGARDER

À l’occasion de la journée mondiale de la philosophie, Marie Robert professeure de philo et autrice nous explique comment cette discipline nous aide à mieux comprendre le monde qui nous entoure au quotidien.

Avec son deuxième roman initiatique et philosophique, Marie Robert nous invite à suivre sa protagoniste Pénélope, dans une véritable odyssée géographique et mentale. L’épopée émotionnelle de l’héroïne, entre sa grossesse, son futur mariage et le deuil de son premier amour, est une leçon de philosophie à part entière, preuve que l’on peut construire sa vie, même après le chaos de la tempête. Avec cet ouvrage passionnant et pédagogique, la professeure créatrice du podcast « Philosophy is sexy » réussit le pari de désacraliser la philo pour qu’elle ne soit pas juste un lointain 10/20 au bac. À l’occasion de la journée mondiale de la philosophie, ELLE s’est naturellement tourné vers Marie Robert, pour lui demander comment pratiquer en douceur la philo et oser se poser des questions existentielles au quotidien.

ELLE. Comment distiller un peu de philosophie au quotidien, entre tâches ménagères, agenda pro chargé et vie de famille stressante ? 

Marie Robert. Quand on n’a pas le temps, il va de soi qu’on ne fait pas souvent référence à la philosophie, à moins d’avoir soi-même fait des études de philosophie ! On ne pense pas toujours aux concepts ou aux penseurs. Par contre, et j’en suis absolument convaincue, dès lors qu’on prend quelques instants pour analyser, pour décortiquer, pour ne pas simplement être dans la réaction ou l’acceptation immédiate, dès lors qu’on prend quelques minutes pour se poser les questions « Qu’est-ce-que cela veut dire ? Quelle est l’autre manière de percevoir cette situation ? Quel sens a mon action ? Et finalement, suis-je en accord avec ce que je suis en train de faire ? » Dès lors qu’on se laisse cet espace de réflexion-là, je crois qu’on est déjà en train de pratiquer la philosophie. Et on peut aussi tout simplement prendre des sujets du bac et lancer la conversation sur les questions proposées. C’est drôle parce qu’en prenant calmement la question, sans le stress et la paralysie des épreuves, on s’aperçoit qu’elle est passionnante. La philosophie permet de remettre un peu de sagesse dans notre quotidien.

ELLE. C’est justement le pari de votre roman initiatique, instiller un peu de philo dans nos vies, la rendre moins aride que les textes du lycée. 

Marie Robert. Absolument ! Avec « Les Chemins du possible », je voulais donner envie de goûter à la philo. Je l’ai imaginé comme une passerelle pour qu’on se dise « tiens après l’avoir lu, je pourrais peut-être oser lire un livre de Freud, ou alors découvrir Simone de Beauvoir ». J’ai vraiment envie que mon livre soit une opportunité pour réaliser que la philo nous tente. D’ailleurs, à la fin de l’ouvrage je remets les penseurs évoqués, par ordre d’apparition, comme des pistes de lecture. La philosophie est d’autant plus aride quand qu’on n’a pas eu une initiation de départ. C’est comme pour tout. Alors lorsqu’on nous prend par la main, on se rend compte que c’est extrêmement pertinent. Après, bien sûr que la philo, c’est compliqué et on ne va pas devenir un expert du jour au lendemain, mais en même temps, il y a beaucoup de choses que l’on traverse dans la vie qui valent la peine, justement parce qu’elles sont compliquées.

ELLE. Dans le livre, Pénélope est bousculée par des questions existentielles sur son mariage, sa grossesse, et la mort de son premier amour. Comment vivre ces moments sans se sentir dépassé par ces interrogations ?

Marie Robert. C’est marrant mais pour moi, les questions, ça permet d’articuler notre action. D’ailleurs, c’est le cas pour Pénélope. C’est parce qu’elle se pose des questions sur la naissance, sur la grossesse, qu’elle arrive à l’accepter. Dans la vie, il me semble que c’est quand on nous force à accepter quelque chose, sans nous donner l’opportunité de l’intégrer, que c’est problématique. Ouvrir cet espace de questionnement, c’est une manière de se demander si on est vraiment en accord avec l’action que l’on est en train de faire. Quand on a l’impression d’être dépassé, que les choses n’ont pas de sens, c’est qu’en fait on est obligé de tout accepter, car tout est accéléré et au final on se retrouve perdu à se demander « mince où suis-je là-dedans ? »

ELLE. Il faudrait alors nous interroger sur nos angoisses, nos doutes, accepter notre humanité ? 

Marie Robert. Bien sûr. Philosopher c’est mettre les mains dans le cambouis de nos angoisses. Il n’y a rien de pire qu’une angoisse qu’on ne regarde pas, parce que c’est justement là où elle nous ronge. Alors si on la regarde, on peut commencer à saisir qu’il y a quelque chose d’intéressant derrière, on peut apercevoir une sorte de résolution. Pour Pénélope, c’est le fait de questionner la naissance et le deuil, et d’être confrontée à ce va-et-vient permanent entre la vie et la mort. C’est en se plongeant totalement dans cette douleur, en essayant de pas de mettre le traumatisme de la mort de Victor à distance, en mettant justement les mains dans le cambouis, que finalement elle arrive à continuer.

ELLE. Trouver les réponses à nos questions existentielles est parfois acrobatique voire très difficile…

Marie Robert. C’est certain, et parfois la question reste en suspens. Elle va cheminer avec nous. La réponse viendra seulement après. C’est cela qui est beau dans la philosophie, c’est que les réponses ne sont pas évidentes. Personne ne nous promet « bien sûr votre problème va être résolu », contrairement au développement personnel qui nous propose des méthodes justement pour tout résoudre, la philo elle ne garantit rien (rires) !

ELLE. Pénélope s’est donné pour mission de trouver comment Victor est mort, d’aller sur ses pas au Brésil. Mais comment faire lorsqu’on notre quête reste obscure et qu’on ne sait pas où aller ?

Marie Robert. C’est un peu le cas de mon personnage, avec la disparition de Victor, Pénélope se pose mille questions, sur sa mort, les circonstances de sa chute, ce qu’il faisait sur ce chemin… Au fond elle n’en sait rien, mais elle comprend qu’il faudra continuer à vivre avec cela. Et bien souvent, notre quête nous est obscure. Je crois qu’on est nombreux à ne pas savoir exactement où l’on va. Le philosophe François Jullien explique d’ailleurs que parfois le sens apparaît bien des années après, et c’est pour ça qu’il faut agir maintenant. En effet, si on attend de savoir où on va, on est un peu mal barré (rires). Je vois beaucoup de jeunes gens qui ont la vingtaine et qui aimeraient savoir d’avance quel boulot ils vont faire plus tard. Le problème c’est qu’on navigue dans l’incertitude. Donc il faut multiplier les expériences, multiplier les actions. C’est en faisant que le chemin se dessine. Et pas juste en attendant d’avoir une révélation !

ELLE. Comment savoir quand notre odyssée personnelle s’achève, que l’on a répondu à toutes nos interrogations métaphysiques ? 

Marie Robert. Je crois qu’il y a un double mouvement, tout au long de notre vie on est entre la tempête et on essaie de bâtir quelque chose. Et c’était vraiment la question de ce livre en fait, par rapport à mon premier roman, « Le voyage de Pénélope » qui s’intéresse plus au fait de partir, de voyager, de faire sa propre odyssée. Ce roman, « Les Chemins du possible », je l’ai écrit en ayant en tête une question : « à quoi donne-t-on naissance ? ». Il ne faut pas oublier que tout voyage nous invite à construire, en donnant corps à nos idées et nos envies.

Marie Robert : « Philosopher c’est mettre les mains dans le cambouis de nos angoisses » – Elle